En 2018, une petite équipe jurassienne, dont je fais partie, a créé l’association Achilles International Switzerland pour encadrer Yves Tendon et Matthieu Montavon lors du Marathon de New York 2019 en handbike. Nous avons accompli cela avec quelques mésaventures. Depuis lors, nous participons régulièrement à des événements sur route tels que le marathon de Berlin, des courses régionales comme le Tour du Val Terbi, le contre-la-montre de Montvoie, etc.
Depuis maintenant deux saisons, Yves a acquis un handbike VTT électrique. Paralysé depuis de nombreuses années, il aime les nouveaux défis. Il pratique le handbike de route avec son épouse depuis de nombreuses années, ainsi que le ski pendant l’hiver.
Un jour, Laurence, membre du groupe Achilles, propose sur notre groupe WhatsApp de participer au Brevet VTT de la Transfrontalière à Boncourt. Yves se renseigne auprès des organisateurs pour savoir s’il est possible de participer avec son handbike, mais reçoit une réponse négative car certains passages ne sont pas praticables avec un tricycle. Après avoir appris cela, je contacte le responsable du parcours et, en discutant de la capacité impressionnante du tricycle, je parviens à convaincre l’organisateur de nous laisser participer. Je recontacte ensuite Yves qui s’est entre-temps engagé pour une autre activité, et qui décline finalement l’offre du brevet. Mais deux heures après mon appel, il me rappelle pour me confirmer qu’il participera en handbike car il a annulé son engagement… trop excité par l’idée de faire 35 km avec l’équipe d’Achilles.
Nous arrivons à Boncourt le matin du brevet, nous buvons un petit café en attendant les retardataires et nous nous lançons sur les 35 km (qui s’avèrent être en réalité 40 km). Un soleil radieux et une température idéale nous donnent à tous le sourire. Nous sommes sept membres de l’association à affronter la première difficulté après 3 km… et c’est chaotique. Yves se renverse partiellement à deux reprises, et nous nous empressons de le remettre sur les roues. Dans une côte raide, il reste coincé et nous devons descendre de nos vélos pour l’aider… Nous terminons la première partie jusqu’au premier ravitaillement un peu tendus, car c’est plus compliqué et technique que prévu.
L’organisateur m’avait bien dit : « Après le premier ravitaillement, ne suivez pas le parcours, allez à gauche »… ce que j’ai bien sûr oublié ! Nous arrivons dans une montée avec des sortes de marches… Nous parvenons à passer en poussant Yves et en le maintenant pour éviter qu’il ne bascule dans une petite gorge abritant un ruisseau. Après cette partie difficile, tout devient plus roulant et simple, et nous prenons tous un plaisir fantastique. Nous roulons bien et les kilomètres défilent. Dans les montées, Yves, avec l’assistance de son moteur électrique couplé à deux batteries, nous laisse littéralement sur place.
Tout le monde est très attentif et respectueux des exploits d’Yves sur le parcours. Les ravitaillements sont des moments où les autres cyclistes viennent demander des informations sur les capacités de franchissement de sa machine, nous parlons de technique moteur, de difficultés de conduite, etc.
Nous entamons la fin du parcours sans difficulté, chacun ayant trouvé son rythme. Yves est sous le charme de la forêt et me dit à quel point il est content de revoir ces endroits qu’il n’avait plus eu la chance de visiter depuis son accident. Il me dit aussi combien il est surpris des capacités de son handbike électrique qui lui permettent de participer à des activités de groupe, comme une personne « normale ». Comme il le dit : « Je n’arrive pas à faire deux pas, mais je peux faire 40 km de VTT comme tout le monde, c’est fantastique ! » … Et c’est un pur bonheur pour lui, son épouse Nadine et tous les membres de l’association.
Nous terminons cette superbe balade entre forêt et pâturages d’Ajoie dans un single trail d’une beauté à couper le souffle, pas trop difficile, pas trop raide, avec de superbes courbes. Ce fut une journée splendide à la fois sur le plan sportif et humain… vivement le prochain brevet !
Gérard Joliat
Gérard habite à Sceut, un petit hameau du Jura. Ce mécanicien électricien a commencé le sport avec la natation. Après, un période sportive dans le Triathlon, il a bifurqué dans le cyclisme et le voyage à vélo (et l’informatique au niveau professionnel). Il a commencé aider son cousin dans son magasin de vélos à Courtételle (Joliat Cycles), puis, 15 ans après, il est toujours là comme mécanicien, informaticien, marketing, vente, etc.
Gérard à beaucoup voyagé avec son vélo (en Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Éthiopie,…). Il adore partir à vélo, et maintenant avec sa compagne et ces 3 enfants, l’aventure est encore plus grande !