Chasing Cancellara Zurich-Zermatt: ma recette pour un exploit

© Chasing Cancellara
© Chasing Cancellara

Mon ultrafondo Tour des Stations a été un succès retentissant. Parti en dernière position et lâché par le peloton avant même que le chrono ait démarré dans les rues de Martigny, j’ai entamé une remontée tonitruante à partir d’Ovronnaz. Mon secret? La pluie m’a empêché de mettre mes lunettes de vue et j’ai foncé dans les descentes… je ne voyais même pas le brouillard qui tétanisait bien des concurrents. Par la suite, j’ai commencé à avoir des crampes seulement 2 heures avant l’arrivée et je n’ai perdu que 21 secondes au kilomètre sur Alberto Contador. Bon d’accord, sur 210km ça fait 1h10 mais il y a deux ans ce lascar gagnait encore une étape de la Vuelta, non?

Après cette brillante performance, mon attention se tourne vers mon grand objectif de fin de saison: Chasing Cancellara Zurich-Zermatt le 19 septembre. Ca devrait être du gâteau: l’épreuve compte 400 mètres de dénivellation de moins que le Tour des Stations. Seulement 7’000 mètres avec les cols du Buchenegg, du Glaubenbielen, du Brünig et du Grimsel ainsi que la montée finale vers Zermatt.

© A Swiss with a Pulse – Le sommet du Grimsel en été

Je vais me préparer avec le plus grand sérieux pour cette promenade: j’ai même prévu un camp d’entraînement. Si, si. Il s’appellera le Torino-Nice Rally. 700km dont 240km sur du gravel pas toujours roulable, en mode bikepacking avec ma femme Lillie. Pousser le vélo, c’est bon pour les abdos. Départ: 9 septembre. Arrivée: quand on arrive… si possible le 15 pour me reposer la moindre avant Zurich-Zermatt le 19. Ca devrait le faire. Chaque soir, le protocole de récup’ comprendra un Apérol Spritz (ou deux) et une panna cotta.

En fait, ma préparation a commencé dès le début du mois de juin, lorsque j’ai reconnu le parcours de l’épreuve avec Fabian en personne et le joyeux team Vélosophe. Bon d’accord, on est partis de Sursee et on a dû s’arrêter au bout de 120 km sous le sommet du Grimsel, bloqués par la neige. Mais bon, on avait presque tout vu: il ne manquait que 100 km jusqu’à Zermatt et Fabian nous a dit qu’il n’y avait que de la descente mis à part une petite bosse juste avant l’arrivée. Si Spartacus le dit, c’est que ça doit être vrai.

© Chasing Cancellara – Ca ne plaisante pas au début du Brünig

Côté nutrition, j’ai un plan d’enfer:

  • Avant: arrêter la Vélosophe au moins 24 heures avant la course.
  • Pendant: m’arrêter à chaque stand de ravitaillement, m’empifrer et remplir mes poches. Si ça ne suffit pas, je ferai une halte dans une épicerie Volg. Il y en a une dans chaque village en suisse allemande et les articles sont toujours au même endroit. Le Coca est dans le frigo à l’entrée, les Appenzeller Biberli sont juste après le pain et les bonbons Haribo dans le dernier rayon avant la caisse. En deux minutes chrono, on a fait le plein de produits de haute valeur diététique.
  • Après: rattraper les Vélosophe que je n’ai pas bues jusqu’à ce que sommeil s’ensuive.

    © Velosophe Cyclist Beer

En parlant de sommeil, je vais tester un nouveau truc. Pour éviter de gamberger dans mon lit, je ne vais pas me coucher la nuit avant le départ. Facile: le coup de pistolet sera donné à Zurich à 1h30 du matin, style Patrouille des Glaciers.

J’ai aussi déjà défini ma stratégie en course: rouler lentement. Non, encore plus lentement. C’est là le seul élément sérieux de ce post: quand tu fais du long, tu ne dois jamais te mettre dans le rouge et éviter tout effort inutile. Il faut monter les bosses en dedans, sans te soucier de l’allure des autres (ne me demande pas combien de watts ça fait, je ne sais pas ce que c’est qu’un capteur de puissance). Descendre en roue libre. Rester à l’abri dans les roues sur le plat. Prendre des relais si tu ne peux pas faire autrement, mais ne pas appuyer sur les pédales et vite laisser la place au suivant. Boucher un trou? Oublie. Quelqu’un d’autre, moins futé que toi, le fera à ta place. Une citation du champion hollandais Hennie Kuiper résume cette tactique: “faire une course à vélo, ça consiste à manger dans l’assiette de tes concurrents avant de commencer la tienne”. Ceux qui ont couru avec moi dans les rangs des cadets et des juniors vont s’esclaffer car je passais mon temps à attaquer, rarement au bon moment. 30 ans et quelques courses d’ultra plus tard, j’ai compris.

© Chasing Cancellara – Au début de l’ascension du Glaubenbielen

Si cette preview t’a donné envie de te lancer, dépêche-toi de t’inscrire ici: https://www.zurich-zermatt.ch. Il y a même la possibilité de participer dans la catégorie relais et courir par équipe de 2.

L’ultra, c’est cool. On se fait des amis en route on se fabrique des souvenirs pour la vie. On y apprend beaucoup sur soi-même et on en ressort plus fort pour affronter les petits tracas de la vie. Et une sortie à travers la Suisse de Zurich au pied du Cervin ça fera bien sur ton Strava, non?

Rendez-vous à Zurich le 19 septembre!

Alain Rumpf A Swiss with a Pulse

Alain Rumpf – A Swiss with a Pulse

Cycliste passionné depuis plus de 35 ans, Alain Rumpf est bien connu sur les réseaux sociaux grâce à son compte « A Swiss with a Pulse » qui compte plus de 12’000 followers.

Dans une précédente vie, il a été coureur cycliste Elite et a travaillé 20 ans pour l’Union Cycliste Internationale. En 2014, il décide de quitter le confort d’un bureau pour devenir guide, photographe, rédacteur et consultant. Il collabore avec Suisse Tourisme, Haute Route, Scott, Apidura, Alpes Vaudoises, Strava, Vélo Magazine, Chasing Cancellara et bien d’autres. Il dirige le site Switchback, un guide du vélo de route et du gravel dans les Alpes et au-delà. Découvrez ses projets sur son site www.aswisswithapulse.com et tous ses articles sur cycliste.ch.