J’aime les Dolomites, et elles me le rendent bien.
Tout a commencé avec Connie Carpenter et Davis Phinney. Vous les connaissez peut-être comme les parents de Taylor Phinney, le prodige américain qui vient de mettre un terme à sa carrière sans être parvenu à retrouver son niveau après une grave blessure à la jambe. Mais bien avant Taylor, Connie et Davis étaient le couple cycliste en vue: Connie a remporté le premier titre olympique féminin sur route en 1984; avec plus de 300 victoires pour la plupart acquises au sprint, Davis reste le coureur US le plus victorieux de tous les temps.
Connie et Davis ont aussi organisé des séjours à vélo, et c’est comme cela que j’ai eu le plaisir de les rencontrer. J’ai roulé une première fois avec eux dans le Colorado à la fin des années 1990. Par la suite, j’ai participé à d’autres tours qu’ils ont mis sur pied en Toscane et dans les Dolomites. La semaine que j’ ai passée dans cette dernière région restera pour toujours dans ma mémoire: j’ai découvert des paysages magnifiques, j’ai très bien mangé et j’ai été entouré de personnes qui m’ont inspiré. Je n’oublierai jamais non plus ma défaite au sprint pour un panneau de localité contre Kelsey, la petite soeur de Taylor. Une affaire de famille…
Lors de ce voyage, j’ai rencontré Dan Patitucci. Dan et sa femme Janine sont des photographes professionnels et ils étaient alors basés dans les Dolomites. Nous étions rentrés en contact grâce aux réseaux sociaux et il m’avait invité à aller rouler ensemble. Peut-être ne s’agissait-il que d’une sortie banale pour Dan, mais pour moi ce fut le meilleur jour de ma vie sur un vélo. Je le concède volontiers: j’utilise cette expression une bonne dizaine de fois chaque saison mais il n’en reste pas moins que ce fut une expérience extraordinaire. Le Passo delle Erbe, joyau des Dolomites, m’a coupé le souffle. C’est aussi là que je me suis véritablement passionné pour la photographie et où je me suis fait un ami pour la vie. Tout cela en une journée.
Je suis retourné dans les Dolomites en 2014 pour donner un coup de main à un ami qui organisait un voyage sur la Maratona, l’un des plus prestigieux granfondos au monde. Une autre vocation y est née, celle de guide: j’ai adoré partager ma passion du vélo avec nos invités et les aider à devenir de meilleurs cyclistes. La région d’Alta Badia est l’endroit rêvé pour le faire: on monte (ni trop haut, ni trop raide), on descend, on enchaîne les lacets, col après col.
Cette année-là, j’étais dans la forme de ma vie et j’ai fait un super résultat à la Maratona. Après un départ prudent, j’ai commencé à remonter un grand nombre de concurrents sur le Passo Giau avant qu’un spectateur m’annonce que je faisais partie des 30 premiers au pied de la dernière difficulté, le Passo Valparola. J’ai poussé un juron (en italien) et j’ai appuyé encore plus fort sur les pédales pour terminer 25ème. Je ne serai certainement plus jamais aussi rapide dans ma vie, et cela ne me dérange pas.
Mais ce n’est pas seulement pour cela que la Maratona est mon granfondo favori. Rouler parmi ces rochers majestueux qui surgissent des pâturages est vraiment spécial. Tellement que les Dolomites font partie de la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Les habitants savent que la nature est leur plus grande richesse et le développement durable fait partie intégrante de la Maratona. Par exemple, la récupération et le tri des déchets y sont une habitude depuis longtemps et le gilet que tous les participants reçoivent est fait de bouteilles de PET recyclées. Ce gilet est d’ailleurs fantastique – une merveille pour descendre les cols sans se refroidir.
L’événement contribue également au développement de la région grâce à ses retombées sur l’économie locale. On estime que les 9’000 participants à la Maratona, leurs familles et leurs amis génèrent un impact économique de 8.4 millions d’euros chaque année… Voilà ce qui se passe quand une région mise à fond sur le vélo (clin d’oeil à de belles contrées de notre pays qui n’ont rien à envier aux Dolomites et feraient bien de miser sur un tourisme doux et adapté aux nouvelles données climatiques).
9’000 participants, c’est beaucoup mais l’épreuve est superbement organisée sur des routes entièrement fermées à la circulation. Ma femme Lillie a participé à la Maratona et, en bonne Américaine, elle ne manque pas de superlatifs pour décrire son expérience: “J’ai adoré mon voyage dans les Dolomites. J’y ai rencontré tellement de personnes qui partageaient les mêmes intérêts que moi. Et les stands de ravitaillement pendant la course étaient incroyables! Des spécialités locales à la place de barres énergétiques… c’est juste fantastique” (imaginez ces paroles prononcées avec un accent américain mâtiné de vaudois). Et les ravitos ne sont pas les seuls à être succulents. La cuisine, une expression de la culture ladine propre à la région, est délicieuse et faite de produits frais et locaux: gnocchi, polenta, canederli (boulettes de pain au speck servies dans du bouillon), apfelstrudel… sans oublier la grappa.
Finalement, on ressent quelque chose de spécial lorsque l’on roule sur des routes où tant de pages de l’histoire du Tour d’Italie ont été écrites. La Maratona commence avec la boucle de la Sella Ronda: Passo Campolongo, Passo Pordoi, Passo Sella, Passo Gardena. Le tout en 55 kilomètres. C’est aussi le parcours le plus court. L’option médiane inclut le Passo Valparola et le Granfondo ajoute encore le Passo Giau. Tous ces cols ont été les témoins de batailles épiques entre les grands champions du cyclisme, de Fausto Coppi et Gino Bartali à Alberto Contador et Vincenzo Nibali.
Si vous voulez vivre une expérience spéciale, allez dans les Dolomites et testez-vous sur la Maratona. Vous y deviendrez un meilleur cycliste, et une meilleure personne.
– Alain
PS: avec mon ami et collègue Luca, je vais emmener un petit groupe à la Maratona du 30 juin au 6 juillet 2020 en collaboration avec Brevet, tour opérateur officiel de l’événement. C’est votre chance d’obtenir un dossard pour l’édition 2020 qui affiche d’ores et déjà complet. Vous pouvez me contacter par email pour connaître les détails du package.
Alain Rumpf – A Swiss with a Pulse
Cycliste passionné depuis plus de 35 ans, Alain Rumpf est bien connu sur les réseaux sociaux grâce à son compte « A Swiss with a Pulse » qui compte plus de 12’000 followers.
Dans une précédente vie, il a été coureur cycliste Elite et a travaillé 20 ans pour l’Union Cycliste Internationale. En 2014, il décide de quitter le confort d’un bureau pour devenir guide, photographe, rédacteur et consultant. Il collabore avec Suisse Tourisme, Haute Route, Scott, Apidura, Alpes Vaudoises, Strava, Vélo Magazine, Chasing Cancellara et bien d’autres. Il dirige le site Switchback, un guide du vélo de route et du gravel dans les Alpes et au-delà. Découvrez ses projets sur son site www.aswisswithapulse.com et tous ses articles sur cycliste.ch.