Lambert Cycles : en mode titanesque !

Olivier Lambert prend la pose derrière sa création au look intemporel, sans être désuet !

Pour mon retour sur les pages de Cycliste.ch, je vous propose l’essai d’un vélo en titane conçu et fabriqué en Suisse par Olivier Lambert. À travers ce sujet, vous allez découvrir la raison qui me pousse à rouler sur un vélo d’artisan et les sensations distillées par ce modèle unique… Vous n’en croiserez pas deux comme lui !

Photos : Amaël Donnet, Ben Lambert & Vincent Becqué

La genèse

Ce châssis a pour vocation de remplacer un cadre au caractère très rugueux. Cet acier construit en tubes Columbus Spirit et Dedacciai, se caractérisait par ses nombreux renforts, son boîtier de pédalier au format T47, des bases ultra-courtes de 395 millimètres et une transmission monoplateau. Il fallait être en forme pour exploiter cette bombe et cette dernière ne tolérait aucune approximation en matière de pilotage, sous peine de se faire de belles frayeurs.

Ne vous fiez pas à son allure fin est discrète, cet acier avait un comportement de feu !

L’idée de construire un vélo plus facile à exploiter remonte à l’hiver dernier. Ce cadre en titane, fabriqué dans le Chablais, doit se démarquer de son prédécesseur en se montrant plus docile et plus polyvalent. Le tout en conservant un certain caractère dynamique et une allure visuelle agressive. Je ne suis pas fan des vélos trop sages ou aseptisés. Avec Olivier, nous avons longuement échangé afin de déterminer le choix des tubes, pour définir l’architecture et pour peaufiner la géométrie. Ces deux derniers éléments vont influencer le comportement du châssis tout autant que le matériau. Histoire de rester dans des tarifs raisonnables, pour du titane, le choix des tubes s’est porté sur la série Dedacciai K19 de qualité Grade 9. Pur, le titane est mou. Pour améliorer ses qualités mécaniques, deux pastilles de Viagra et il retrouve toute sa vigueur de jeune ado ! Mais pour lui, le Viagra se compose de 3% d’aluminium et de 2.5 de vanadium.

Après avoir observé et comparé les différents tubes de la série Dedacciai K19, nous avons validé l’architecture et la géométrie de ce cadre en titane.

Tout comme sur le cadre en acier, les haubans sont abaissés au maximum du possible, le tube de selle est renforcé au niveau de leur attache, les bases disposent d’un renfort au niveau du boîtier de pédalier. Mais ce titane diffère également sur quelques points, que nous conserverons secrets… Juste pour titiller votre curiosité ! En guise de finition, le cadre est sablé et quelques anodisations discrètes font office de décoration. C’est simple et efficace !

Les tubes sont soudés, il reste les travaux de finition à réaliser.

Avec le sur-mesure, pour autant que l’on ait des connaissances en géométrie, en profiling et en positionnement, il est possible d’adapter parfaitement sa posture vis-à-vis de ses souhaits et de ses particularités physiques et physiologiques. Pour la création d’un modèle unique fait avec vous, pour vous ! Si vous ne possédez pas ces compétences, Olivier vous guidera sur les choix à faire. Pour se faire une idée du potentiel d’un Lambert Cycles, sachez qu’il y a selon les disponibilités des vélos de test. La fabrication d’un cadre sur-mesure, c’est un cheminement très intéressant. On comprend vite que le monde du vélo est guidé par des compromis. Il convient de trouver le bon équilibre. Et dans ce domaine, là c’est vous qui décidez, et non pas un chef produit ou le service marketing d’une grande marque. Pour vivre l’envers du décor et pour vous mettre dans la peau d’un artisan, Olivier et Édouard Baer proposent différents cours de cadreur à travers la société La Fabrique du Vélo.

Au niveau de l’équipement

L’équipement de ce Lambert en titane mélange des pièces communes à d’autres plus exotiques. La transmission et le freinage proviennent du groupe Sram Force AXS, la tige de selle, la potence ainsi que la fouche sont fabriquées en Italie chez le spécialiste du carbone WR Compositi. Les roues associent des jantes Duke à des moyeux Chris King aux roulements en céramique. Plus classieux, tu meurs ! Ce montage est en perpétuelle évolution, il varie au grès de l’essai de divers composants. Le poids de l’ensemble varie un peu, mais en gros il flirte avec les huit kilos.

Ce vélo va écrire mes prochains kilomètres en mode «titanesque» !

À la fois docile et furieux !

À contrario de mon ancien acier, qui adorait être malmené et qui s’accommodait de tous les styles de pédalage, ce titane est plus complexe. Il possède plusieurs personnalités, celles-ci évoluent au gré des parcours. Mais deux éléments sont récurrents : il est très docile et son confort déconcerte dans un premier temps. Sa douceur nous a permis d’augmenter notre plongée tout en conservant un confort incroyable. La position du cycliste, c’est le point le plus important dans l’aérodynamisme. Viennent ensuite les roues, puis en dernier c’est le châssis. Ne croyez pas les modes, restez sur des éléments factuels.

Le confort du cadre rend les parties gravel très agréable. Il est cependant préférable de reste sage. Si le comportement des pneumatiques Michelin Power Cup Compétition Line en matière de rendement excelle, ils sont très (trop ?) fragiles.

Sur le plat et les parcours tortueux, à la manière des classiques belges, pour exploiter pleinement ce vélo, une bonne cadence de pédalage s’impose. On roule au couple et on gère la montée de la puissance de manière progressive. Car sur les sprints et sur les fortes relances, ce titane marque le pas vis-à-vis de l’acier. Il est clairement plus souple, sans être mou. L’arc met plus de temps à se tendre, il ne faut pas le forcer. Le retour intervient si l’on sait faire preuve de patience. A contrario, dès que la déclivité dépasse les 6-7°, il s’épanouit pleinement. Il fait preuve de peu d’inertie dans les relances, il bondit vers l’avant dès que l’on se dresse sur les pédales. Il apparaît clairement plus léger que ses huit kilos. Le cadre est vivant, il accompagne le pédalage. On relance l’allure avec une facilité déconcertante. Plus le kilométrage augmente, plus on apprécie son comportement. Vis-à-vis de mon ancienne monture, il ménage le cycliste.

Le Lambert prend la pose au somme de la Grosse Scheidegg.

En descente, ce Lambert m’a réellement bluffé ! Il est très précis dans les placements, à son guidon on cisèle les courbes. Les trajectoires sont ultra-tendues, on fend l’air et on atteint rapidement des vitesses inavouables. À chaque descente de col, je me fixe pour objectif d’approcher les 100km/h. Le tout avec un incroyable sentiment de sécurité. Le cadre fait preuve d’une grande tolérance en matière de pilotage. Il est facile d’inscrire ce vélo en courbe et les aspérités de l’asphalte sont atténuées comme par magie.

Le petit CV

  • Cadre Titane, série Deddaciai K19
  • Fourche WR Compositi FK4, carbone, déport 45mm, hauteur 373
  • Direction Rideworks
  • Cintre Zipp SL 70 XPLR, 40cm
  • Potence WR Compositi Victory, -17°, 110mm
  • Groupe Sram Force eTap AXS, plateaux 48/35 dents, K7 10-33 dents
  • Boîtier de pédalier Rideworks T47
  • Jantes Duke Baccara, 36-42mm
  • Moyeux Chris King R45 D, roulements céramiques
  • Rayons Sapim CX Ray
  • Pneus Michelin Power Cup, 28mm
  • Tige de selle WR Compositi WRO, carbone
  • Selle Fizik Argo 00
  • + d’informations: mail Atelier d’Olive, https://www.lambert-cycles.ch/

Plus jamais de carbone ?

Au fil du temps, le carbone a tissé sa toile. La mode, le marketing ont issu ce matériau au sommet du podium pour les pratiques sportives. De nos jours, il est commun de croire que l’aluminium concerne uniquement les cadres d’entrée de gamme, que le titane ou l’acier se destinent à des usages marginaux. Cette vision de l’univers du vélo se montre bien trop simpliste. Sans vouloir me lancer dans une rhétorique qui serait immanquablement chronophage, j’aimerais souligner que chaque matériau à des qualités intrinsèques propres et que celles-ci sont nuancées selon l’architecture du cadre et le type d’alliage utilisé.

Le carbone possède des qualités de rapport poids/rigidité inégalées et les processus de fabrications progressent continuellement. Les fibres, les empilements de carbone et les résines sont également améliorés. Ce composite reste un matériau d’actualité et d’avenir. Il est donc pas impossible que je revienne un jour au carbone. Concernant ce composite, je vais prochainement vous parler du Stoll S1. Ce vélo est conçu en Suisse et il est fabriqué en Allemagne chez Bike Ahead. Lors de l’achat, il est possible de choisir le «lay-up» du carbone afin d’adapter les rigidités. C’est à l’heure actuelle, le meilleur cadre en carbone que j’ai essayé au niveau du rendement, du confort et de sa tolérance. Alors de mon côté, le carbone, c’est loin d’être mort… Mais mon retour ne se fera pas à n’importe quelle condition. Je n’ai jamais été aussi bien posé et ressenti des sensations en matière de rendement et de pilotage que sur un cadre réalisé selon mes besoins et autres souhaits. De ce fait à moins de tomber sur une géométrie de série qui me correspond au moins à 98%, mon retour sur le carbone ne se fera que sur un vélo réalisé en sur-mesure.

Le Stoll S1, un dossier à suivre prochainement !

Amaël Donnet

Il se souvient de ses temps sur le tricycle, pourtant ce n’est qu’à l’âge de 11 ans, au moment de laisser tomber le judo, qu’ Amaël a sérieusement commencé à rouler à vélo en partant à l’aventure et en prenant part à quelques petites courses. Par la suite, aucune catégorie ne lui a échappé malgré un petit interlude snowboard. Aujourd’hui, que ce soit à VTT enduro, XC, sur route, gravel ou encore en jouant au bike polo, ce drôle de zèbre (référence instagram ;)) trouve toujours de quoi se faire plaisir sur ses biclous. Professionnellement, il travaille en tant que rédacteur spécialisé dans des magazines cyclistes et occupe un poste d’entraîneur et responsable technique pour Talent Romandie tout en étant actif dans le cursus de formation J+S. Trouvez ses articles ici.