Histoire des courses de bikepacking: 3. L’Époque Contemporaine

Cette série d’articles sur l’histoire des courses de bikepacking est une traduction adaptée de l’une des sections du site de Chris White, contributeur de cycliste.ch basé dans la région lausannoise et pratiquant passionné, où vous retrouverez plus de références et de liens.

Vous pouvez retrouver le premier article ici. Pour le second, c’est par là.

L’expansion des courses de bikepacking

Malheureusement, la World Cycle Race n’a été organisée qu’une fois de plus, en 2014, avec seulement quatre partants. Malgré cela, les gens ont été inspirés pour créer de nombreuses nouvelles courses cyclistes autonomes avec des distances allant jusqu’à 7’000 km et le nombre d’événements a commencé à augmenter (voir le calendrier 2022 des courses de bikepacking). En 2020, une nouvelle course appelée World By Bike Challenge était prévue, avec un format similaire à celui de la WCR, mais elle a dû être annulée en raison de la pandémie de coronavirus.

La Transcontinental Race reste la course la plus populaire en termes de nombre d’inscriptions et de couverture médiatique, mais d’autres événements routiers font l’objet d’une grande attention, notamment la Trans Am Bike Race aux États-Unis (lancée en 2014 par Nathan Jones, voir l’article du blog Ride Far sur les 3 premières éditions : Trans Am Bike Race 2014, 2015 & 2016), la TransAtlantic Way Race en Irlande (lancée en 2016 par Adrien O’Sullivan) et l’Indian Pacific Wheel Race/Ride en Australie (lancée en 2017 par Jesse Carlsson, voir le billet de blog Ride Far sur la première édition : 2017 Indian Pacific Wheel Race). Des événements qui n’autorisaient auparavant que les participants avec des équipes d’assistance complètes ont également commencé à introduire de nouvelles catégories pour les coureurs autonomes (par exemple, la Race ACross Europe, RACE, en 2018).

L’expansion des courses de bikepacking ne semble pas avoir été ralentie par la mort tragique de trois participants à trois événements majeurs en l’espace de quatre mois en 2017. Il s’agissait notamment de l’un des pionniers de ce sport, Mike Hall.

Malgré les tentatives de tour du monde qui ont contribué à susciter un intérêt précoce pour les courses et les records de vélos autonomes modernes, le record Guinness est probablement désormais hors de portée de tout cycliste autonome. En 2017, Mark Beaumont disposait d’une équipe de soutien bien organisée et a roulé de manière extrêmement impressionnante pour ramener le record à moins de 79 jours.

Évolution des technologies et des équipements

Pour suivre la progression des premières courses de bikepacking, les participants pouvaient téléphoner à un numéro central et laisser un message vocal lorsqu’ils atteignaient une cabine téléphonique dans les localités qu’ils traversaient. En 2005, ces messages étaient transmis en podcasts sur le site web MTBcast.

La principale évolution technologique qui a rendu ce style de course plus réalisable et plus populaire est l’utilisation de trackers par satellite qui transmettent régulièrement la position de chaque coureur. Les trackers ont été largement utilisés pour la première fois lors du Tour Divide 2008, mais les informations n’étaient pas accessibles au public en temps réel jusqu’à ce que le site TrackLeaders.com soit créé en 2009 par le fondateur du Tour Divide, Matthew Lee, et le fondateur de l’Arizona Trail Race, Scott Morris. C’est ainsi qu’est né le phénomène des « dot-watchers », qui observent la carte en ligne sur laquelle la position de chaque coureur est représentée par un point. 

Les organisateurs de courses et les coureurs ont profité de l’essor des médias sociaux, des smartphones et de la couverture cellulaire qui s’étend aux régions les plus reculées. Cela a permis à chacun de mieux communiquer avec une communauté de fans croissante.

Bien que de nombreuses courses en autonomie aient débuté vers 2010 et que le cyclotourisme ultraléger ait existé depuis de nombreuses années, on ne parlait alors pas encore de « bikepacking ». Cependant, les sacoches utilisées par de nombreuses personnes avaient déjà évolué, passant du matériel de randonnée traditionnel et des sacoches à ce que l’on appellera plus tard le matériel de bikepacking. L’un des premiers pionniers des sacoches de cadre et de selle était Epic Designs en Alaska, qui a rapidement dû changer de nom pour devenir Revelate Designs. Vous pouvez lire l’histoire des 10 premières années de l’entreprise sur leur blog.

Caractéristiques générales des courses de bikepacking

Règles et organisation

Le code d’éthique et les règles peu contraignantes élaborés pour régir le comportement lors de la Great Divide Race ont servi de base aux courses de bikepacking suivantes. Le seul rôle de l’organisateur de la course est de tracer l’itinéraire, de donner une date de départ, d’enregistrer les temps et de gérer les litiges concernant les règles. Les organisateurs ne fournissent aucun soutien ni aucune assistance aux coureurs et les tiers ne sont pas autorisés à le faire.

Participation des femmes

Nous avons déjà mentionné plus haut les résultats des femmes dans le domaine du cyclisme d’ultra-distance et du bikepacking. Lorsque les femmes et les hommes ont eu les mêmes opportunités, les femmes ont montré qu’elles pouvaient être aussi capables que les hommes dans une variété de sports d’ultra-endurance (voir cet article du magazine Outside), remportant parfois ces événements ou établissant des records. Il en va de même dans les courses de bikepacking, où les femmes figurent parfois dans le Top 5 au classement général. Ainsi, en 2016, Lael Wilcox a remporté le classement général de la Trans Am Bike Race. En 2019, Fiona Kolbinger a gagné la Transcontinental Race.

Ces résultats montrent que les femmes n’ont pas de désavantage physique lors de ces événements. Même ainsi, normalement, seuls environ 5 à 15 % des participants aux courses de bikepacking sont des femmes, de sorte que la plupart des organisateurs font de leur mieux pour essayer de corriger cela. Après le décès de Mike Hall en 2017, l’organisation de la Transcontinental Race a été reprise par une équipe dirigée par deux femmes, Juliana Buhring et Anna Haslock. En outre, Kathi Merchant est la moitié du tandem qui organise l’Iditarod Trail Invitational.

Distances et objectifs

Les distances des courses d’ultra-distance avec sac à vélo varient de 500 à 7’000 km environ. Dans les épreuves sur route, les vainqueurs font en moyenne 400 à 450 km par jour en passant plus de 18 heures par jour sur le vélo et dans les premières 24 heures, ils font souvent plus de 600 km. Même les participants moyens parcourent généralement au moins 250 km par jour en passant plus de 11 heures sur le vélo. Dans les épreuves tout-terrain, les distances journalières sont réduites en fonction de la difficulté du parcours, mais les gagnants font souvent plus de 300 km par jour. 

En raison de la longueur et de la nature des courses de bikepacking, beaucoup de choses peuvent mal tourner, si bien que 25 à 50 % des participants ne parviennent pas à terminer la course. 

De nombreux participants ne s’inscrivent pas à une course de bikepacking pour gagner, mais simplement pour se lancer un défi et passer à un niveau plus intense de cyclotourisme. D’autres apprécient ce format parce qu’il ressemble un peu à une course de vélo qui renoue avec ses racines historiques. Quelle qu’en soit la raison, la popularité récente de ce sport laisse penser que, même s’il s’agit d’un sport de niche, il est là pour rester.

Réd: Si cette série d’articles de Chris White vous a inspiré et que vous souhaitez participer à une course de bikepacking, rendez-vous sur son site pour découvrir ce calendrier . Il y en a pour tous les goûts!

Dead Ends & Cake: avec environ 500km, c'est une parfaite introduction aux courses de bikepacking

Chris White

Chris est passionné par le cyclisme ultra-distance, le tourisme et la vie à vélo (vélotaf/cargo, etc). Il a grandi en Angleterre, a étudié aux États-Unis et au Canada, puis est venu en Suisse en 2005 pour travailler à l’UNIL en psychologie.  Depuis 8 ans, il travaille comme mécanicien vélo dans la région lausannoise et il gère maintenant l’atelier RideFar. Il pratique le cyclotourisme depuis plus que 20 ans, mais il est tombé amoureux de l’ultra-distance en 2014 quand il a fait sa première Transcontinental Race, une course de 4000 km à travers l’Europe à laquelle il a participé trois fois. Il a créé le site web RideFar.info, une ressource exceptionnelle pour le cyclisme ultra-distance et le bikepacking.