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L’importance du foncier et des zones d’entraînement

Impossible de parler d’entraînement sans évoquer en tout premier lieu une phase cruciale de la préparation : le foncier. Mais qu’est-ce que le foncier ? Dans quel but sacrifier à ce travail considéré parfois comme rébarbatif ?

« C’est l’hiver que se préparent les succès du printemps. » L’adage peut faire sourire mais il répond à une réalité en matière d’entraînement. Les connaissances actuelles dans le domaine tirent le niveau de tous les pelotons vers le haut, quel que soit le type de pratique. Même le cycliste de loisir se sent concerné. Ses objectifs en termes de performance individuelle ne peuvent se réaliser sans une stratégie efficace en termes d’entraînement. Plus qu’une remise en route, le foncier assure des bases solides au reste de la saison. Bien sûr, en cas de pratique assidue, il ne faut pas compter s’abstenir de tout rappel ultérieur ; les sorties longues ne sont pas toujours les plus drôles, mais elles sont indispensables si l’on veut atteindre le meilleur de son potentiel.

À l’image des fondations d’une maison, l’entraînement foncier est destiné à assurer des bases solides à tout le reste de la saison. Grâce à ce travail en amont, la condition physique est ensuite plus stable, moins soumise aux coups de fatigue ou aux problèmes de récupération entre les principales épreuves. Le foncier bien fait augmente le potentiel de base du cyclosportif, qui peut ensuite réaliser des séances spécifiques destinées à optimiser ses capacités en fonction d’un objectif précis.

La première règle est de s’imposer régularité et progressivité dans l’entraînement. La seconde est de ne pas consentir des efforts auxquels l’organisme n’est pas préparé. La troisième est de conserver toujours à l’esprit la confiance en sa stratégie, quitte à mettre de côté pendant quelques semaines sa fierté.

Plus l’entraînement foncier est de qualité, plus la saison a de chances de se montrer prolifique, mais plus la transition entre la préparation et la période de compétition risque d’être difficile. C’est paradoxal, mais en contrôlant ses efforts, on devient un peu diesel, et on manque ensuite de ressort, de rythme. Arrivé à 6 à 8 semaines des premières épreuves, il est temps d’intégrer des séances de rythme à l’entraînement, et des séances plus spécifiques de fractionnés.

De façon assez typique, on peut travailler avec six zones d’intensité différentes. Nous les décrivons dans la suite de cet article :

La zone 1, d’intensité légère, utilisée majoritairement lors des séances de récupération et de décontraction, mais aussi au début et à la fin de chaque séance, la zone 1 est l’intensité de promenade. Elle peut être maintenue pendant de longues heures. A cette intensité, la fréquence cardiaque ou la puissance ne sont pas significatives.

La zone 2, d’intensité moyenne, c’est l’intensité la plus utilisée chez le cycliste compétiteur à l’entrainement. On peut la maintenir durant 3 à 6h selon le niveau d’entrainement. Elle est dominante à quasiment chaque séance mais surtout durant les sorties en endurance fondamentale. En compétition, elle correspond à l’intensité produite lorsqu’on est dans un peloton qui roule au tempo.

La zone 3, d’intensité soutenue. Comme la zone 1 et la zone 2, la zone 3 est une intensité de travail en endurance aérobie. Elle est utilisée lors du travail de force sous-maximale ou endurance. Elle est également majoritaire lors d’ascensions pentues en séance d’endurance fondamentale ou au sein d’un peloton roulant à vive allure. Ici, la filière aérobie n’est plus la seule à fonctionner, elle est épaulée par la filière anaérobie, ce qui veut dire qu’il y a création d’acide lactique au niveau des membres inférieurs. A cette intensité, la création d’acide lactique n’est que peu significative, le lactate est facilement recyclé au fur et à mesure de son apparition.

La zone 4, l’intensité du seuil. Comme son nom l’indique, c’est l’intensité correspondant au seuil aérobie/anaérobie. Ce seuil détermine la limite jusqu’à laquelle l’acide lactique produit est inférieur à celui réutilisé par la filière aérobie. Au-delà, il s’accumule pour mener à un décrochage rapide, voire très rapide, de l’exercice. Pour simplifier jusqu’à ce seuil, la quantité d’acide lactique présent dans le sang n’augmente pas jusqu’à saturation. L’intensité seuil est dominante sur les efforts contre-la-montre dont la durée est supérieure à 15 mn ou les ascensions de col à un tempo rapide. L’augmentation de la douleur est progressive, la ventilation devient très importante. Il s’agit d’une intensité de développement des qualités de puissance aérobie.

La zone 5, d’intensité sur-critique, cette intensité d’exercice correspond à la célèbre PMA (puissance maximale aérobie) dont on parle si souvent dans le cyclisme. Elle correspond à l’intensité atteinte lors d’un prologue ou d’une poursuite individuelle. Elle est la limite maximale à laquelle domine l’utilisation de la filière aérobie, c’est-à-dire de la filière utilisant l’oxygène comme comburant. On peut la maintenir de 4 à 7 minutes selon le niveau d’entrainement. A cette intensité, la filière anaérobie lactique joue un rôle déjà très important. L’acide lactique s’accumule donc au niveau des muscles jusqu’à atteinte de niveaux extrêmement importants entraînant l’arrêt de l’exercice.

La zone 6 correspond à l’effort produit lors d’un kilomètre sur piste, d’une attaque en course ou encore d’une arrivée en cote sur une compétition. Lorsqu’on travaille à cette intensité, on développe ce que l’on appelle la tolérance au lactate. En effet, à ce niveau d’intensité, la filière anaérobie lactique est le principal fournisseur d’énergie. On peut maintenir cette intensité entre 30s et 1mn.

Pour conclure, un entraînement structuré vise à articuler de manière optimale les exercices à intensités différentes afin de progresser au mieux en vue d’un objectif ou d’un état de forme. Ceci en fonction de la pratique et des caractéristiques propres à chacun.

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GUILLAUME BOURGEOIS

Fondateur de Velo Perfection, une entreprise spécialisée dans l’optimisation de la performance à Aubonne et Genève, Guillaume Bourgeois s’occupe des études posturales de plusieurs cyclistes romands dont certains professionnels. Il est spécialisé dans les études posturales, les plans d’entrainement et le suivi d’athlète. Il est également le co-fondateur du Cycling Pass ainsi que du Cycling Club Aubonne. -> Voir tous ses articles