Inside Myself

Inscyd

L’hiver 2021 a semblé battre son plein durant ces dernières semaines et nous rappelle cruellement que nous avons plutôt été chanceux en tant que cyclistes avec des saisons relativement douces entre novembre et mars récemment…

Heureusement, la perspective de journées bientôt plus lumineuses et printanières permet, au cours d’une énième ascension hivernale de l’Alpe de Zwift, de ronger son frein avec maintenant une petite lueur de déconfinement – cycliste j’entends car pour le reste… – à l’horizon.

Cette quête de motivation et d’entrain est somme toute légitime afin de venir à bout de ces vilains mois d’autant plus que la traditionnelle ébauche sur papier glacé des objectifs de l’année s’avère encore, pour l’instant, des plus audacieuses. Le bon côté de cette patience mâtinée d’incertitude qui nous est imposée est qu’elle fait parfois germer l’envie d’innover par rapport à la routine des années précédentes : comment mieux organiser son entraînement, cultiver ses qualités naturelles et améliorer ses points faibles, choisir des objectifs qui nous correspondent ?

Cela frise parfois une introspection cycliste que ni Kant ni Skinner ne renieraient !

Une des étapes classiques de la mise en route saisonnière est souvent le sempiternel test d’effort afin de situer son niveau au sortir de l’intersaison et de déterminer les valeurs et paramètres qui aideront à structurer l’entraînement des prochains mois. Il existe maintenant des tonnes de protocoles pour ce genre d’exercice mais finalement peu de manière d’aboutir à un résultat allant plus loin que l’établissement d’un profil de puissance à utiliser à l’entraînement…rien de très nouveau ou particulièrement sexy !

Mais alors comment donc s’extirper de cette torpeur hivernale ? Peut-être en vous parlant non pas d’un test FTP lambda mais d’une approche holistique permettant la définition d’un profil métabolique cycliste complet et offrant une vision globale des qualités intrinsèques du sportif.  On essaie ?

Le bébé s’appelle Inscyd (abandonnez tout de suite l’idée de l’orthographier correctement avant la dixième tentative !) et a été développé par Sebastian Weber, un des head coachs les plus côtés dans le milieu cycliste professionnel depuis une bonne quinzaine d’années.  Je me méfie toujours des punchlines mais ce protocole est sans doute une petite révolution dans le diagnostic des performances – c’est en tout cas ce que semble croire Jumbo Visma, Bora et Movistar qui testent désormais leurs coureurs de cette manière.

Inscyd peut être défini comme un logiciel d’analyse de la physiologie intrinsèque d’un athlète : pour les efforts d’endurance, on peut schématiser que nous avançons grâce à deux moteurs principaux, la glycolyse et la combustion des graisses. La glycolyse permet de faire des efforts explosifs, des sprints, des efforts courts et la combustion des graisses permet de soutenir un effort d’endurance longtemps puisque nous avons beaucoup de réserves de lipides. C’est caricatural à dessein mais cela permet de mettre en exergue le fait que ces deux moteurs se développent souvent aux dépens l’un de l’autre.

Le concept d’Inscyd est de mettre en relation les capacités explosives et les capacités d’endurance d’un cycliste. En découpant bien quelles filières métaboliques (glucides vs lipides) sont utilisées, les résultats permettent de déterminer un ensemble de paramètres bien plus larges qu’un test classique.  En plus de la définition de 6 zones d’entraînement, il en ressort la capacité aérobie maximum (Vo2Max), la capacité anaérobie maximum (VLaMax), le profil individuel de production et de dégradation des lactates au cours de l’effort, ainsi que la consommation énergétique à différentes intensités et les apports nutritionnels qu’elle requiert en lipides et en glucides (en grammes par heure).

De surcroît, le déroulé du test est simple et réalisable hors laboratoire :  il suffit de faire une série de 4 efforts maximums sur 20 secondes, 3 minutes, 6 minutes et 12 minutes, généralement repartis sur deux séances espacées d’un jour puis d’analyser les fichiers de puissance qui en résultent. Grâce à ces derniers et à quelques informations personnelles supplémentaires (poids, composition corporelle) nous sommes en mesure de produire un rapport qui définit tous les paramètres susmentionnés. In fine, il existera toujours un savant mélange d’endurance fondamentale, de fractionné et de seuil à effectuer à l’entraînement mais les zones d’effort prennent du sens, l’équilibre se comprend mieux et on saisit plus efficacement ses besoins énergétiques à l’effort. De quoi méditer sur les routes au printemps !

Si ça vous titille voici quelques liens :

Un podcast avec Sebastian Weber : https://endurance-innovation-podcast.simplecast.com/episodes/sebastian-weber-AHMPeAY4

Et même une vidéo avec Peter Sagan : https://www.youtube.com/watch?v=mu6M8TZ4JYw

Pour réaliser un test Inscyd :  https://www.veloperfection.ch/entrainement-cycliste/test-de-performance-cycliste/ et contact : https://www.veloperfection.ch/contact/

Sources article: paperworks Inscyd, blog hic et nunc (http://www.nfkb0.com/)

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Guillaume Bourgeois – Vélo Perfection

Fondateur de Velo Perfection, une entreprise spécialisée dans l’optimisation de la performance à Aubonne et Genève, Guillaume Bourgeois s’occupe des études posturales de plusieurs cyclistes romands dont certains professionnels. Il est spécialisé dans les études posturales, les plans d’entrainement et le suivi d’athlète.-> Voir tous ses articles