L’Etape Switzerland, was ist das? Fidèle membre de la communauté cycliste.ch (qui n’a pas vu ses stories aux couleurs célestes sur Instagram?), Nathalie Monnier partage son expérience sur cet événement qui vient de se dérouler de l’autre côté de la barrière de rösti.
Ce week-end, j’ai eu la chance de participer (enfin) à l’Etape Switzerland ! J’avais découvert il y a quelques années les courses « L’Etape du Tour » en France et je voulais absolument découvrir le format suisse.
Dimanche matin, sous l’arche de départ devant le Palais Fédéral, un magnifique ciel bleu, une température idéale, et une horde de cyclistes prêts à en découdre avec les 106km et un peu plus de 2300m de D+ entre Berne et Interlaken.
Les course de la série « l’Etape » ont la particularité de se dérouler sur routes fermées à la circulation, c’est génial d’avoir l’impression d’être au Tour de France pendant quelques heures ! Et de rouler à 3 de front de la route sans craindre un coup de klaxon 😉
J’avais un peu scruté la liste de départ pour voir si j’y trouvais des cyclistes que je connaissais, mais à première vue, il n’en était rien… Pas grave, je me suis dit que je ferai sans doute de belles rencontres en route ! Mais peu après être venue me ranger auprès des centaines d’autres cyclistes, Katharina m’a fait signe ! C’est toujours un moment sympa de rencontrer dans la vraie vie un/une cycliste que l’on ne « connait » qu’au travers des réseaux. Super ! On allait pouvoir faire un bout de route direction Interlaken ensemble.
8h10 – Coup de pistolet – que l’aventure commence !
Un peu plus de 3km sous conduite dans la vieille ville de Berne pour commencer. C’était sans doute joli, mais j’avoue que les pavés me secouaient tellement, que j’avais du mal à stabiliser l’image (Paris-Roubaix, c’est pas pour moi).
Mais très vite, on quitte les pavés, on sort de la capitale et on se retrouve sur des petites routes, dans une belle nature verdoyante, parmi les fermes et les vaches – le tout bercé dans la lumière dorée du matin.
Wow, l’aventure commençait bien ! Surtout qu’avant même de sortir de la ville, j’avais retrouvé Dounia, une autre cycliste que je connaissais de vue et avec qui j’allais ensuite également partager une grande partie de la course et quelques jolis relais entre filles.
J’étais allée reconnaitre le parcours le week-end précédent et je savais un peu à quoi m’attendre – c’est là aussi que j’ai le plus profité des paysages, car on ne va pas se mentir, en course on admire davantage les roues des autres participants, que la vue.
La première partie du parcours était assez roulante et rapide, alors que la seconde présentait quelques réelles difficultés avec des montées courtes (dont un mur que j’appréhendais particulièrement et pour lequel je voulais en garder un peu sous la pédale). Un parcours globalement rythmé et casse-pattes, pour la montagnarde que je suis, qui aime bien son petit rythme dans les longues montées. Mais c’était très bien, après tout j’étais venue là pour sortir de ma zone, mission accomplie !
J’ai été très agréablement surprise par les nombreux encouragements (en suisse allemand 😉 ) auxquels nous avions droit dans chaque petit village que nous traversions, je ne m’attendais pas à voir autant de monde sur le bord de la route. Que ça fait du bien ! J’ai toujours l’impression que chaque encouragement (ou « hejia » comme on le dit de l’autre côté du Röstigraben) me donne quelques watts en plus pendant quelques secondes – vous savez, comme dans un jeu vidéo où l’on saute pour attraper une vie supplémentaire qui nous donne un boost ! C’est grisant !
Après quelques montagnes russes dans l’Oberland Bernois, j’aperçois enfin le lac et je sais que le moment « escalade » de la course est imminent ! Quand je vous parle d’escalade, c’est que cette portion est tellement raide (selon Strava >25%) qu’il me faudrait un baudrier et un assurage pour grimper en sécurité ! C’est selon moi le passage le plus dur de la course, mais la plus belle portion également, non seulement parce que l’on se rapproche de l’arrivée, mais surtout car on surplombe le lac et on a une vue incroyable à 360° sur les sommets environnants.
Moment de souffrance passé… (sans crampes !) on se félicite avec mes équipières du jour et on se réjouit de donner tout ce qu’il nous reste pour rallier l’arrivée. Au-delà de la vue sur le lac qui est splendide, la petite route nous emmène dans une petite vallée, au pied des parois escarpées du Niederhorn – dont on aperçoit l’antenne – pour ensuite emprunter un tunnel percé dans la roche, avant de poursuivre direction Beatenberg et attaquer la dernière montée. Je me réjouis, car dernière partie du parcours et vraiment superbe et me correspond plus, il n’y a que de la montée et ensuite une belle et longue descente.
Après avoir vu une dernière fois Joanna, ma ravitailleuse de luxe, qui m’encourageait de toutes ses forces, je retrouve quelques watts (vous savez, le boost du jeu vidéo 😉 ) et j’arrive à remonter de nombreux cyclistes. Jusqu’à une dernière concurrente féminine, avant la bascule de la dernière montée, qui arrive à prendre ma roue… Et là on entame une bataille infernale dans la descente pour rejoindre Interlaken. Je n’avais pas imaginé une telle fin de course, mais je me laisse prendre au jeu avec cette puncheuse brésilienne qui me donne du fil à retordre dans les derniers lacets (j’étais d’ailleurs bien contente de connaître la route). Je commençais à comprendre qu’on se battrait jusque sur la ligne d’arrivée… Mhhhh, je ne suis pas une sprinteuse, alors qu’elle semblait être une sacrée baroudeuse ! Bon, pas grave, je me laisse prendre au jeu et je prends un malin plaisir à réfléchir à la meilleure tactique à adopter sur la dernière ligne droite devant le Casino Kursaal d’Interlaken où se trouvait l’arche d’arrivée.
L’avenue devant le casino était préparée comme pour l’arrivée d’un grand tour avec des panneaux sur une centaine de mètres, une imposante arche et beaucoup de monde pour nous accueillir – je me suis dit que ça valait bien la peine de lâcher les derniers watts restants, rien que pour faire honneur à cette belle zone d’arrivée.
Ma tactique aura été l’attaque (c’était ambitieux vu la détermination de ma concurrente et celle de mes crampes), que j’ai placée dès la sortie du dernier virage et qui m’aura permis de la distancer un peu. Enfin… c’était avant qu’elle ne revienne comme un boulet de canon, pour finir sur la ligne ensemble ! C’était magnifique – elle, mes crampes et moi avions franchi la ligne en même temps ! Wow ! ça aurait presque mérité une photo-finish – là aussi, pour finir cette aventure comme les pros.
Une intense matinée de vélo, de partage (avec de nombreuses cyclistes féminines – quel plaisir !), de rencontres et d’émotions, sur un parcours exigeant qui nous a fait découvrir le cœur authentique de la Suisse.
Mais l’expérience ne se termine pas là, l’après-course est tout aussi important. Quelques remontants au ravito de l’arrivée, un succulent plat de pâtes dans le parc devant le célèbre Casino Kursaal, et un petit plongeon dans les eaux turquoises du lac de Brienz, … on était prêtes à rentrer à la maison, des souvenirs plein la tête et des étoiles plein les yeux (on ne mentionnera pas les crampes résiduelles… ) !
Nathalie Monnier
Il lui tient à coeur de transmettre et de partager sa passion. Elle a d’ailleurs eu la chance, il y a 2 ans, d’intégrer l’équipe Passione Sportiva qui a pour but de promouvoir le cyclisme féminin et en parallèle elle donne un peu de son temps, quand elle le peut, pour soutenir la FCVS (Fédération Cycliste Valaisanne) dans son activité de communication. Suivez ses magnifiques aventures sur Instagram.