Une course cycliste non-stop sur un parcours de 1000 km avec un départ et une arrivée à Schaffausen qui peut être complétée en solo ou en équipe : tel est le format original du TORTOUR , crée il y a maintenant une dizaine d’années. Depuis, deux autres formats de course sont venus compléter l’offre événementielle avec un format CHALLENGE de 530 km et un format SPRINT de 390 km, exigeants mais nécessitant une préparation plus allégée bien que conséquente.

Avec environ un cinquième de participants de sexe féminin, 2019 est l’année de tous les records pour la présence féminine sur le TORTOUR, une bonne nouvelle pour l’organisation qui souhaite néanmoins voir ce chiffre croître davantage. Seules ou en équipe, à l’assaut du format original ou de l’un des formats plus courts, nous avons suivi leurs performances et avons interrogé ces guerrières quant à leur préparation, leur état d’esprit sur la course et leur stratégie nutritionnelle, des questions qui reviennent souvent en ultra-cyclisme.

Gagnante du format SPRINT en solo, Vanessa Felder, a parcouru en un temps de 14 heures et 54 minutes le parcours de 390 kilomètres. Au départ de la course, elle comptait près de 8000 km dans les jambes depuis le début de l’année, son entraînement consistant essentiellement de longues sorties de plus de 100 km. Du côté nutrition, rien d’extravagant puisque elle a carburé tout le long à base de gels énergétiques et de pommes de terre cuites. Basique, mais efficace et pratique !

Si autant d’heures en solitaire sur le vélo peut nous sembler rébarbatif, on peut croire que Vanessa a un mental d’acier car elle n’a à aucun moment vécu des moments particulièrement difficiles pendant lesquels elle aurait songé à abandonner. Le plus pénible fût cependant vers la fin, lorsqu’elle a commencé à souffrir d’échauffements du pied. Finalement elle gardera un très bon souvenir de cette course, de la super météo qui a gâté les participants ainsi que des kilomètres parcourus pendant la nuit… Un si beau souvenir qu’elle songerait à participer en équipe au format CHALLENGE dans le futur !

Mère de trois enfants et ne bénéficiant pas d’autant de temps pour s’entraîner que ce qu’elle voudrait, Andrina Trachsel a quant à elle remporté le format original de 1037 kilomètres avec 14’960 mètres de dénivelé en 46 heures et 2 minutes ! Dormir ? C’est secondaire pour ce genre de forces de la nature, une powernap de 15 minutes lui aura suffit !

Sur le plan nutritionnel, elle veillait à manger une fois par heure et à boire entre 0,5L et 0,75L. Tout comme Vanessa, son menu n’avait rien de gastronomique mais a bel et bien prouvé son efficacité : des gels, de la boisson énergétique et une boisson protéinée dédiée aux longues distances, le tout fourni par Winforce. Pour le plaisir de mâcher, elle s’accordait néanmoins aussi des pommes de terre cuites ainsi que de la viande séchée.

Lorsqu’on lui demande si elle souhaiterait participer à des événements sans assistance, sur lesquels la présence féminine est de plus en plus grande, elle nous rappelle qu’elle avait, déjà en 2016, complété le TORTOUR CHALLENGE en autonomie totale. De plus longues distances en solitaire ne l’intéresseraient néanmoins pas car elle apprécie d’être accompagnée et soutenue par son équipe.

Malgré un nombre de participantes croissant et un niveau de plus en plus relevé, comme le prouve la victoire de Fiona Kolbinger sur la Transcontinental Race, ce genre d’épreuves peine encore à attirer des femmes. Un fait qui pourrait, selon Andrina, être dû à une plus grande peur de rater ou de ne pas être à la hauteur ou encore peut-être à un état d’esprit moins compétitif que les hommes – une caractéristique qui peut selon elle, être aussi positive que négative.

A notre avis, la vérité se rapprocherait en effet plus de sa première hypothèse, avec une peur de ne pas parvenir à s’imposer, voir de se ridiculiser, dans ce milieu jusqu’à maintenant dominé par le sexe masculin. Fort heureusement, les femmes sont davantage nombreuses à oser s’élancer, les organisations encourageant leur participation, ce qui était par ailleurs le cas de TORTOUR au travers de publications sur les réseaux sociaux, et les modèles d’inspiration étant de plus en plus considérables. On espère voir la communauté cycliste féminine croître de plus belle dans les années à venir et félicitons toutes les initiatives prises dans cette optique, donc, mesdames, n’hésitez pas à enfiler votre cuissard et à montrer de quoi vous êtes capables car… vous le valez bien 😉

 Texte de Kelly Grilo

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