Micro-aventure: le Goujat Tour

Cette fois ça y est. Après deux ans de diète, je remets ma gapette de voyage. A la différence que cette fois, ma femme et mes filles resterons au chaud à la maison, et c’est Fred C. (prénom pas emprunté) qui m’accompagne. Ce biketrip sonne comme une vieille mélodie que je chantais avant que nous n’accueillions un deuxième enfant dans notre famille (passé assez vaporeux à présent).

De l’itinéraire

L’idée ? Rejoindre Berne, en partant de la maison et rentrer de Berne à la maison. En gravel, évidemment. En organisateur minutieux, je mets à profit mes sorties de ces dernières années pour nous tracer un chemin, possiblement boueux (sinon, où est le fun ?), peut-êtrement escarpé (pour la validation des entraînements hivernaux) et sérieusement « à forts souvenirs ajoutés ».

Car n’est-ce pas là l’essence du voyage ? Peu importe où il nous mène, si tant est qu’il est partagé, il nous laissera des souvenirs que nous ne serons pas seul à nous remémorer. Lors de vos sorties, faites chauffer vos citrouilles et vous ne tomberez jamais dans les vacuités des discussions ordinaires avec vos amis cyclistes !

C’est d’ailleurs un jeu auquel je m’adonne volontiers pendant ma préparation au voyage : anticiper les souvenirs que nous tirerons de certains passages que je suppose rocambolesques, cocasses ou à l’inverse pénibles. Un exercice audacieux en cela que la réalité nous joue des tours systématiquement imprévisibles. A la bonne heure, j’aime les surprises et, au fil des ans, j’ai appris à encaisser les mésaventures.

Du choix de votre partenaire

J’ai souvent entendu le soucis de cyclistes autour de moi de choisir un.e partenaire de même force. Pour ma part, je n’en fais pas une priorité. S’il est vrai qu’un trop grand écart entre les « niveaux » peut provoquer des exaspérations à répétition, je pense qu’il s’agit surtout d’être au clair sur les attentes (avoir un but commun), de pratiquer une communication proactive entre protagonistes, ainsi qu’avoir la capacité réciproque à accepter les moments difficiles de l’un, comme ses moments d’euphories, aussi nombreux soient-ils, et ce, sur la longueur ! Le voyage à vélo se joue sur l’endurance, en tous points !

D’ailleurs, pour moi, c’est autant prendre le temps de s’écouter l’un.e l’autre que prendre le temps de saisir le paysage qui nous entoure et réaliser la chance que nous avons, dans cette société effrénée qui est la nôtre, de bénéficier de ces moments suspendus.

En cette occasion, nous formons avec Fred C., une paire redoutable. Tous deux malades de saison : une bonne toux des familles ramenée des écoles/crèches respectives, la tête dans un étau de forgeron de classe « grand-maître » chaque matin, nous avons les mêmes buts et les mêmes attentes. Lors de cette excursion sur deux jours et demi, elles sont relativement basses, tant la joie de pouvoir à nouveau partir a pris le dessus. Cela nous a par ailleurs permis de jouir de chaque instant, simplement pour le plaisir de se retrouver ensemble derrière nos guidons. Cette joie, c’est le résultat d’une alchimie qui se cuisine lors de sorties plus courtes, en amont, et nous avons eu tout le loisir d’apprécier la magie qu’elle a généré, quand bien même le voyage fut court.

Comme je le dis souvent, l’aventure commence au pas de sa porte. Mettez les bonnes lunettes et chaque sortie peut révéler de nouvelles routes, des sections inattendues et des instants « à forts souvenirs ajoutés ». J’ai conscience du caractère « bisounours » et un brin gnangnan de cette maxime, mais peut-être que le rappeler nous aide à voir les choses sous un angle un poil différent ?

La trace 

Vous l’aurez compris, le sujet de ce papier tient plus au bonheur d’être reparti en selle avec un ami, que de l’itinéraire en lui-même. Celles et ceux qui ont déjà pratiqué mes traces s’imaginent sûrement à quoi s’en tenir. Voici néanmoins ci-dessous quelques notes sur ce tracé.

La partie Genève – Morat vous émerveillera je l’espère avec ses impressions forestières jurassiennes, ses becquets secs dans les collines du Gros de Vaud et ses clapotis lacustres le long des sentiers de la Grande Cariçaie.

Il y a également une chose que je dois mentionner ici : la section allant du km 187 jusqu’à Lausanne est l’œuvre du collectif « Lausanne Gravel ». Je profite de cette tribune pour leur adresser mes remerciements pour cette section rapide et agréable de « groads » (mix entre gravel et route) que j’ignorais, notamment la magnifique partie le long de la Broye !

Le retour depuis Lausanne est des plus classiques, le long de la route suisse, a le mérite soit de permettre de rouler tranquillement en pensant à son retour ou se remémorer des souvenirs, soit à prendre la roue d’un routard effréné (sans prendre de relais évidemment, vu notre packaging).

Les cyclistes aux yeux avertis remarqueront que la trace ne va pas jusqu’à Berne. En effet, nous avons été un peu optimistes, dans les faits nous n’avons pas pu poser nos pneus sur la place fédérale. Qu’importe l’essentiel était ailleurs cette fois-ci. A charge de revanche !

Osez rouler en duo, car comme l’a dit (certes trop tard) Christopher McCandless reclu dans son bus en Alaska : « Happiness is only real when shared ! »

Bonne route !

P.S. : Pourquoi ce nom Goujat Tour ? Parce qu’avec nos trombines maladives, nos renâclements incessants et nos accès de toux répétitifs, nous avions conscience de nous situer en marge de la société, pour deux jours au moins… Et nous ne parlons même pas du fait de voyager en vélo !

Photo de profil Etienne Jacquemet

Etienne Jacquemet

Etienne est un passionné. Il voit le vélo comme un outil sportif de découverte sans fin. Tous les chemins sont bons pour rallier son travail, partir en vacances ou se perdre dans la nature. D’un naturel bon-vivant, un bon plat ou une bonne bière sont également des excuses pour sortir sa bicyclette. La découverte récente du bikepacking et du gravel le replonge dans ses années de scoutisme, où l’aventure (souvent à vélo) était toujours au rendez-vous. C’est d’ailleurs cette dernière discipline qu’il vous propose de découvrir. Car créer de nouveaux itinéraires et jouer les défricheurs, c’est sa nouvelle marotte. Alors munissez-vous de vos pneus de 35 (minimum) et suivez ses traces, là où le vélo de route s’arrête…

Compte Instagram: @objectif2roues