Cyclotour x Tête de Course : que veut une femme?

Sigmund Freud a dit un jour : « La grande question à laquelle on n’a jamais répondu et à laquelle je n’ai pas encore pu répondre, malgré mes 30 années de recherche sur l’âme féminine, est : que veut une femme ? » Comme Freud, de nombreux organisateurs d’événements sont déconcertés. Pourquoi si peu de femmes participent-elles aux cyclosportives ? Que voulons-nous ?

Heureusement, certains commencent à comprendre. Tête de Course et le Cyclotour du Léman ont récemment invité quelques-unes d’entre nous pour un ride et je suis ici pour partager avec vous la recette qui fonctionne pour encourager la participation des femmes !

Étape 1 : café

© Tête de Course

Le café avant d’aller rouler est une nécessité absolue. Évidemment, les femmes et les hommes partagent ce besoin. Cette étape de la recette est donc facile. Tout le monde peut y arriver !

Je peux à peine sortir du lit sans café. Une fois que la première dose pénètre dans mes veines, je peux gérer les autres tâches de la journée, comme m’habiller pour aller rouler, sans oublier les éléments de base comme le casque, les gants, les bonnes chaussures, etc.

C’est ainsi que ma matinée a commencé un dimanche d’avril. D’abord le café. Ensuite, je charge la voiture avec mon vélo et tous mes vêtements d’hiver et de pluie en préparation d’une sortie avec un groupe de filles depuis Tête de Course à Nyon. Motivation : rouler avec des femmes formidables, et, bien sûr, encore un café au départ !

Tête de course n’a pas déçu. Il y avait bien du café, et il était excellent. Exactement ce dont j’avais besoin pour démarrer ce matin froid de printemps avec un risque de pluie. En plus du bon café, bien sûr, il y avait une pléthore de croissants et de gâteaux derrière le comptoir en verre. Je me suis assise à une grande table, café et douceurs à la main, et, à moitié endormie, j’ai commencé à rencontrer mes futures compagnes de route.

“Ces femmes sont courageuses”, me suis-je dit. Il va certainement pleuvoir et il fait 4°C dehors. Pourtant, nous étions toutes là, à savourer nos friandises matinales, et prêtes à attaquer la sortie Cyclotour x Tête de Course 100% féminine. A la table, 2 guides et 8 femmes de tous âges et de tous niveaux, prêtes à affronter 70 km et 900 mD+ à travers les villages bucoliques de La Côte et du pied du Jura. Bon, on arrête de parler, on prend le café et on y va !

Étape 2 : Un parcours magnifique

Nous, les femmes, sommes inspirées par la beauté. Notre motivation à rouler est directement liée à l’endroit où nous roulons. Tentez de nous séduire avec de jolis villages et de grands paysages et nous sommes prêtes !

Lorsque j’ai déménagé en Suisse il y a 15 ans, j’habitais tout près de Nyon. Je n’avais pas encore de travail, mais j’avais un vélo. Alors j’ai roulé, beaucoup, parce que c’était tellement beau. J’ai acheté une grande carte en papier (vous vous souvenez de la vie avant les smartphones ?) et je l’ai utilisée pour découvrir chaque petite route et chaque petit village.

La Côte, hier comme aujourd’hui, est un endroit exceptionnel pour rouler. La beauté est omniprésente. Nous sommes même passés devant mon ancienne maison en traversant les vignobles. Je regrette seulement que Tête de Course n’ait pas existé à l’époque, et qu’il n’y ait pas eu ce groupe de filles avec qui rouler…

Tout se met enfin en place. Après des années et des années passées à rouler en Suisse, j’ai enfin remarqué le changement. Il y a maintenant suffisamment de femmes comme moi, celles qui sont prêtes à relever des défis mais qui ne sont pas des “coursières”, pour rouler dans cette belle campagne. Nous rions, nous discutons du fait que nous ne dormons pas avec des nouveaux-nés à la maison, nous partageons des histoires d’horreur sur les “mansplainers” qui ne savent vraiment rien sur la façon d’initier les femmes au vélo, et tout le reste. Nous nous encourageons mutuellement à grimper les côtes au-dessus des vignobles et nous attendons patiemment au sommet que tout le monde arrive. C’est impressionnant. Et les guides sont incroyables, elles apprennent aux débutantes des techniques formidables qui renforcent la confiance et rendent le groupe heureux. Tout va bien, jusqu’au Signal-de-Bougy et au déluge…

Étape 3 : du soutien féminin

Qu’est-ce que ce ride au juste ? Il s’agit de rencontrer des femmes du coin qui souhaitent s’entraîner et participer au Cyclotour, ce symbole de quelque chose de plus grand que nous. Ce lac nous supplie de le conquérir, au moins une fois, en tant que cycliste vivant en Suisse romande.

J’ai fait plusieurs fois le Cyclotour, et si je l’ai apprécié, c’est que je l’ai fait en bonne compagnie. Parce que, si on est seul, c’est une longue balade misérable. Cette année, pour susciter une plus grande participation féminine, le Cyclotour fait bien les choses. Avec le soutien de Marjorie alias Maki Cycling et des guides féminines de Tête de Course, il y aura un peloton féminin au départ. Oui, mesdames, vous avez bien entendu. Nous pourrons toutes rouler ensemble (si nous le voulons) à NOTRE rythme et à NOTRE niveau !

Étape 4 : Les moments difficiles font naître de grandes amitiés

Une tempête aux proportions bibliques nous a frappées au pire moment de notre sortie. Quelque part au-dessus de Nyon, la pluie froide que l’on nous avait promise est arrivée. Et nous étions dans une forêt, pédalant aussi fort que possible dans la dernière montée vers la route qui nous ramènerait dans la chaleur de Tête de Course où nous attendait notre brunch dominical bien mérité.

Au sommet, nous avons enfilé tous les vêtements possibles pour la descente qui, nous le savions, allait être terrible. Heureusement, j’étais sur-préparée (instinct maternel oblige) avec un jeu de gants de rechange. Je les ai donnés à une coéquipière dans le besoin, tandis que d’autres partageaient ce qu’elles pouvaient entre eux.

Maintenant, en respirant profondément, nous nous enfoncions dans la brume.

Alors que nous descendions la route à la nage, en faisant crisser nos freins, en essuyant frénétiquement l’eau de nos lunettes pour voir quelque chose, la camaraderie s’est intensifiée et des liens se sont tissés. Il y avait un vrai sentiment de “nous sommes tous dans cette sufferfest ensemble”, et nous avons fait en sorte que chaque cycliste descende en toute sécurité. C’était le genre de moment où l’on aurait pu pleurer, mais où l’on a ri.

Une fois que nous avons atteint Vich, nous avons compris que tout cela serait bientôt terminé, et un sprint frénétique a commencé vers le café. Et pendant que je pédalais, avec de l’eau qui s’engouffrait dans mes couvre-chaussures “étanches”, j’ai ri et je me suis dit : “jus de chaussette”. Heureusement que je me dirigeais vers un endroit où le café est bien meilleur que ça !

Étape 5 : après l’effort, le réconfort

© Tête de Course

Pour des raisons évidentes, quelques participantes frigorifiées sont rentrés directement chez elles pour prendre une douche chaude et enfiler des vêtements secs. Mais pour le reste d’entre nous, la perspective d’un délicieux repas après un tel effort valait bien l’embarras d’entrer dans un café plein, sales et trempées comme des chiens mouillés après avoir sauté dans une flaque d’eau géante et boueuse. Heureusement, Tête de Course avait tout prévu, car leurs douches nous attendaient dans le plus pur style “Roubaix”, poignée comprise. Mais contrairement à Roubaix, l’eau était chaude, chaude, chaude et ces cyclistes mouillées au bord de l’hypothermie ont pu se réchauffer rapidement et enfiler des vêtements secs. Et rapidement, nous sommes passées de la misère au confort, car notre objectif final était proche. La nourriture n’était plus qu’à quelques minutes. Woohoo.

En l’espace de 120 secondes environ, j’ai englouti mes deux œufs Bénédicte. La bête affamée qui sommeillait en moins attendait ce petit plaisir depuis des heures. C’était délicieux. Les autres filles n’ont pas mis longtemps à vider leur assiette non plus. C’est soit le signe d’une bonne nourriture, soit d’une fringale accablante après l’effort, soit un peu des deux. En tout cas, personne ne s’est plaint, et nous avons toutes rigolé, en parlant du moment où nous remettrions ça.

Cyclotour Ladies Peloton

Le défi de faire le tour du lac t’intéresse ? Tu veux le faire avec d’autres femmes ? Alors inscris-toi au Cyclotour et fais-le savoir à Maki Cycling. Elle te donnera les détails et pourra même t’ajouter à un groupe whatsapp de femmes pour obtenir des informations sur la journée.

Tête de Course

C’est un plaisir de voir apparaître en Suisse romande des acteurs qui ne se contentent pas d’offrir des services simples aux cyclistes, comme le parking à vélos sécurisé, mais qui nous soutiennent et nous accueillent activement par le biais de rides et autres. La nourriture est excellente et les guides le sont encore plus. Cela vaut vraiment la peine d’y faire un tour, même sans une méga sortie dominicale sous la pluie.

Lillie Rumpf – Cycling Heidi

Lorsque Lillie est arrivée de la Californie du Sud en Suisse romande en 2008, elle a vécu un choc culturel. L’époque des sorties “fun” était révolue. Les Suisses prenaient leur sport au sérieux. Bien trop au sérieux. Sentant que cette attitude n’était pas de nature à encourager les débutants dans le monde du vélo, elle a décidé d’apporter un peu de fun californien. Elle a guidé pendant de nombreuses saisons la sortie “sociale” de The Bike à Lausanne (avant la naissance de son fils) et elle continue à organiser des sorties occasionnelles le week-end pour les femmes et les débutants dans la région lausannoise et les Alpes vaudoises où elle habite. Ses balades comprennent toujours des activités d’aventure, de formation et, bien sûr, des « burgers and beer ». Elle s’occupe également du contenu sur cycliste.ch et vous pouvez retrouvez tous ses articles ici. Contactez-la à lillie@cycliste.ch si vous souhaitez participer à ses aventures à vélo!