Le gadget dont je n’ai jamais voulu mais dont je ne peux plus me passer

L’année dernière, j’ai reçu en cadeau un radar arrière/lumière Garmin Varia RTL 515. Jusqu’à ce que je l’utilise, je n’aurais jamais envisagé d’en avoir un. Après avoir passé 20 ans à rouler sans, non seulement je pensais ne jamais avoir besoin d’un tel appareil, mais l’idée même m’ennuyait franchement. Pourquoi ?

Pour être honnête, je suis énervée par le fait que nos autorités et une partie du grand public semblent accuser les cyclistes de ne pas être “assez visibles” pour les conducteurs. Plutôt que de créer des infrastructures qui améliorent la sécurité des cyclistes, on nous reproche publiquement de ne pas avoir allumé nos feux en plein jour, de ne pas porter de casque ou de gilet jaune quand un cycliste se fait renverser par un conducteur distrait au volant de sa voiture…

J’ai pratiquement toujours des feux sur mon vélo, pour les tunnels occasionnels et les trajets qui se prolongent quelquefois dans la nuit. Mais je n’allume pas mes phares le jour. Quel est l’intérêt ? Et un radar arrière ? Mon dieu, une distraction bruyante de plus à gérer sur le vélo. D’ailleurs, ai-je vraiment envie d’entendre un bip pour une voiture qui arrive derrière moi ? C’est ce que mes oreilles me disent depuis 20 ans. Je n’ai pas besoin d’un radar à vélo !

J’avais tort.

En anglais, on dit que “to ASSUME” fait de “U” et de “ME” un “ASS” ! Oui, mes idées préconçues sur l’expérience de rouler avec un radar à vélo étaient tout à fait erronées. Et je l’ai appris très vite au cours d’une sortie de 12 heures l’été dernier.

De l’agacement au plaisir

J’ai quitté mon domicile de Gryon pour m’attaquer au Col de la Croix tôt un dimanche matin de juillet. À cette heure-là, il y avait très peu de circulation. La seule voiture qui m’a doublée dans la montée était une voiture de sport ultra-rapide que j’ai entendue bien avant que le radar ne se déclenche. Ma réflexion à ce moment-là: c’est ennuyeux, ce signal sonore qui rompt le silence du matin (à part la voiture) et me dit quelque chose que je savais déjà. Je n’étais donc pas impressionnée.

La descente du col était tout aussi calme, et j’ai oublié l’existence du radar jusqu’à ce que j’aborde le col du Pillon. Là encore, il y avait peu de circulation et le signal sonore ne semblait être qu’un bon moyen de troubler le rythme de mon ascension. Je n’étais toujours pas impressionnée, mais je commençais à m’y habituer.

Puis il s’est passé quelque chose de l’autre côté du col. La descente vers Gsteig est plutôt agréable lorsqu’il y a peu de circulation, et je connais cette route les yeux fermés. Mes habitudes d’ancienne pilote de course automobile ressortent et j’aborde mes virages en adoptant la ligne la plus rapide possible. Mais à cause de la vitesse et du vent, je n’entends pas si une voiture arrive derrière moi. Et comme cette descente n’est pas toujours raide, il est facile pour une voiture de me rattrapper. J’ai donc pris l’habitude de constamment regarder derrière moi dans cette descente. Et puis j’ai compris… je n’avais plus besoin de regarder. Le radar faisait le travail à ma place !

Cela a été l’une des descentes les plus agréables que j’aie jamais faites sur le Pillon.

Et alors que je roulais sur le long faux plat vers Gstaad, le trafic commençait également à augmenter. Un fort vent de face m’empêchait d’entendre les voitures approcher, et le radar me signalait souvent leur présence bien avant que je ne puisse les percevoir. C’était réconfortant car cela me donnait amplement le temps de me préparer au dépassement sans avoir à regarder en arrière.

Et puis j’ai réalisé une autre fonction super cool… l’écran Garmin n’indique pas seulement qu’une voiture est derrière moi, mais aussi COMBIEN de voitures sont derrière moi, ce qui est autrement impossible de comprendre correctement sans regarder en arrière. Maintenant, je peux compter les voitures et continuer à pédaler en sachant combien de temps il me reste avant d’être à nouveau libre. C’est génial.

Le compagnon idéal dans les zones à fort trafic

Je suis entré à Gstaad dans un moment de chaos. C’était le Swiss Open. Je n’avais jamais vu autant de monde et de voitures dans cette région. Et alors que je quittais Gstaad en direction du Mittelberg, une file ininterrompue de voitures se dirigeait vers moi. Et un spectacle aérien époustouflant de la Patrouille Suisse se déroulait au-dessus de ma tête! Il était impossible d’entendre s’il y avait quelque chose derrière, et avec la circulation, il aurait été impossible pour quiconque de me dépasser.

Dans une telle situation, j’aurais été en état d’alerte maximale. J’ai appris à rouler dans le sud de la Californie, où les voitures sont nombreuses et où rouler à vélo s’apparente à un sport de combat. Et instinctivement, j’ai commencé à regarder derrière moi toutes les 30 secondes environ pour m’assurer qu’un automobiliste derrière moi n’était pas frustré et n’essaierait pas de doubler alors qu’il ne pouvait pas le faire.

C’est alors que j’ai percuté. Non, pas une voiture, mais j’ai eu une réalisation… Il n’y avait  pas de voiture derrière moi ! Je continuais à chercher une voiture qui n’existait pas: le radar n’émettait pas de bip. Je commence à me calmer et à faire confiance à mon nouvel appareil. Je peux arrêter de regarder frénétiquement derrière moi.

Je finis par rire de mes idées préconçues

Mon nouveau radar à vélo et un peu d’introspection m’ont permis d’identifier un sérieux problème : je suis une cycliste anxieuse et je ne m’en étais même pas rendu compte. Je m’inquiète pour rien. Combien de temps est-ce que je passe à m’inquiéter pour rien ? Quelle est la part de ma qualité de vie perdue à cause de cette anxiété ?

La montée et la descente du Mittelberg qui ont suivi ont fini de me convaincre. Après 4 heures d’utilisation, j’ai compris: cet appareil est un tueur d’anxiété. Toute mon inquiétude concernant le “et si quelqu’un arrivait derrière moi” a disparu.

C’était une journée très venteuse, et alors que je grimpais le Mittelberg, les premières fois qu’une rafale de vent a soufflé, mon instinct immédiat a été de me demander si c’était une voiture, MON DIEU EST-CE QUE C’EST UNE VOITURE? Panique, alerte rouge, avertissement. Comme le radar ne retentissait pas, j’ai réalisé que je n’avais plus besoin de paniquer lorsque le vent soufflait. Je pouvais simplement apprécier les sons de la nature et le bruissement des feuilles, sans peur du danger. J’ai commencé à rire de ma propre absurdité. Cette ascension du Mittelberg a été la plus relaxante et la plus agréable que j’aie jamais faite parce que j’ai cessé de m’inquiéter de voitures imaginaires.

La descente, en particulier lorsque j’ai rejoint la route principale à Jaun, a également été l’une de mes meilleures expériences. Il y avait un fort vent latéral et il était déjà assez difficile de rouler sans y ajouter des voitures. Mais lors d’un week-end chargé, il y avait bien sûr beaucoup de circulation. La fonction permettant de savoir combien de voitures arrivaient derrière moi pour doubler m’a permis d’économiser de l’anxiété. Cela m’a permis de ne plus avoir à deviner ce qui se passait. Il suffisait de les compter passer, 1, 2…17. La quantité de trafic était impressionnante et la réponse de Garmin l’était tout autant.

Après cette longue journée, alors que j’entamais la dernière montée vers Gryon, j’ai réalisé à quel point j’étais calme. Je venais de passer toute la journée sur le vélo, une grosse journée, mais je n’étais pas anéantie par les tensions musculaires et les douleurs au cou causées par mes coup d’oeils habituels vers l’arrière. Ce petit appareil a grandement amélioré mon expérience et m’a sérieusement fait remettre en question mon anxiété et son impact sur ma pratique.

Bien sûr, ce dispositif n’est pas indispensable pour tout le monde. Mais si vous êtes un cycliste nerveux ou anxieux, ce petit appareil pourrait améliorer sensiblement votre expérience. Il a certainement boosté la mienne et je ne roule plus sans lui !

Les avantages du Garmin Varia RTL 515

  • Vous avertit de la présence de voitures avant que vous ne les entendiez dans la circulation ou dans le vent
  • Indique le nombre de voitures derrière vous
  • Indique la distance relative
  • Indique la vitesse relative (les points des véhicules se déplacent plus ou moins vite à l’écran)
  • Plusieurs modes de lumière (clignotante, constante ou même éteinte) alors que le radar fonctionne en permanence.

Inconvénients

  • Le signal sonore peut être gênant (mais il peut être désactivé)
  • La batterie est limite pour une sortie épique de 12 heures, et sa longévité dépend du mode de la lumière (allumée, éteinte ou clignotante)
  • Ne peut pas être monté sur une sacoche de selle
  • Ne détecte les véhicules qu’au dernier moment dans certaines configurations de route très spécifiques (longs virages – les oreilles sont toujours nécessaires)
  • La fixation pourrait être plus sûre étant donné le niveau de technologie et le prix de l’appareil.

Lillie Rumpf – Cycling Heidi

Lorsque Lillie est arrivée de la Californie du Sud en Suisse romande en 2008, elle a vécu un choc culturel. L’époque des sorties “fun” était révolue. Les Suisses prenaient leur sport au sérieux. Bien trop au sérieux. Sentant que cette attitude n’était pas de nature à encourager les débutants dans le monde du vélo, elle a décidé d’apporter un peu de fun californien. Elle a guidé pendant de nombreuses saisons la sortie “sociale” de The Bike à Lausanne (avant la naissance de son fils) et elle continue à organiser des sorties occasionnelles le week-end pour les femmes et les débutants dans la région lausannoise et les Alpes vaudoises où elle habite. Ses balades comprennent toujours des activités d’aventure, de formation et, bien sûr, des « burgers and beer ». Elle s’occupe également du contenu sur cycliste.ch. Contactez-la à lillie@cycliste.ch si vous souhaitez participer à ses aventures à vélo!