Eloge du gravel hivernal

Linda nous prouve que rouler en hiver, c’est (presque) aussi bien qu’en été !

Écrit en anglais par Linda Farczadi. Traduction: cycliste.ch

Le Rapha Festive 500 est un défi que j’attends toujours avec impatience et auquel je participe depuis quelques années déjà. L’objectif est simple : parcourir à vélo un total de 500 km entre la veille de Noël et le Nouvel An. Mais l’exécution est souvent un peu plus complexe. À une époque où la plupart des gens se tournent vers un sport d’hiver ou se résignent à rouler à l’intérieur, l’esprit de Festive 500 nous invite à rouler à l’extérieur, quels que soient la météo et l’état des routes. Les images en ligne et les photos de blog des autres participants qui se débattent sous la pluie, la neige, le brouillard, la glace et les journées courtes ne font qu’ajouter à l’enthousiasme général et au sentiment de communauté autour de ce défi. Cela nous rassure un peu, nous ne sommes pas fous de rouler en hiver, ou du moins, nous ne sommes pas les seuls fous.

Cette année, nous avons décidé d’ajouter une nouvelle dimension en prenant nos vélos de gravel et en accomplissant le défi avec un nombre maximum de kilomètres loin des routes. Le rythme sera naturellement plus lent, ce qui ne veut dire qu’une chose: nous aurons encore plus d’heures pour profiter de tout ce que le cyclisme d’hiver nous réserve.

L’équipement

Comme pour tout défi, une bonne préparation est la clé du succès et cela est certainement vrai pour le cyclisme d’hiver. Après de multiples tentatives, je crois que j’ai enfin trouvé un système qui me convient. Voici les éléments clés:

  • Un bon sous-vêtement d’hiver avec des manches longues (ou des manchettes)
  • Des bidons thermiques remplis de thé chaud tous les matins
  • Des chaussures de vélo d’hiver (je ne sais pas pourquoi j’ai mis autant de temps à les adopter, mais maintenant je ne reviendrais certainement pas aux chaussures d’été et aux couvre-chaussures)
  • Un pantalon supplémentaire coupe-vent et imperméable par dessus le cuissard d’hiver (j’ai enfin résolu mon problème de ne pas trouver de cuissard assez chaud)
  • Un gilet coupe-vent par dessus la veste d’hiver (on ne peut pas se tromper quand on superpose des couches)
  • Des lunettes claires (rien de pire que des yeux gelés par temps nuageux ou la nuit)
  • De très bonnes lumières : le jour étant au minimum, nous allions finir par rouler dans le noir, même si ce n’était pas vraiment prévu.

Cela a très bien fonctionné pour les conditions que nous avons fini par avoir. Les jours les plus froids, nous avions une température moyenne d’environ zéro degré, tandis que les jours plus chauds, nous avions jusqu’à plus de dix degrés, ce qui nous permettait d’enlever certaines de ces couches.

Le lieu

Les congés de fin de l’année sont une bonne occasion de découvrir une nouvelle région. Cette année, nous avons décidé d’aller un peu au sud du Ventoux, une région que nous connaissons bien grâce au cyclisme sur route. Nous avons découvert le Luberon, les Alpilles et la Camargue, des régions du sud de la France qui regorgent de possibilités de vélo tout terrain dans toutes les directions. Pour planifier nos tours, nous nous sommes basés sur plusieurs itinéraires français de VTT, qui pour la plupart étaient entièrement praticables en vélo de gravel. L’un des défis que nous avons dû relever consistait à éviter toutes les routes privées, impossibles à identifier sur une carte en ligne. Mais en général, le fait de suivre les pistes officielles de VTT et de s’inspirer des parcours des autres nous a évité des ennuis. Parmi les points forts de cette région, citons la traversée de la chaîne du Luberon par sa crête sur une large route en gravel ; la découverte du “Petit Colorado Français” près de Rustrel avec ses falaises orange et rouge et ses nombreuses nuances de couleur ocre ; la liaison de plusieurs cols routiers juste au sud du Ventoux par des routes en gravel perpendiculaires offrant des vues panoramiques étonnantes dans toutes les directions.

Dans la région d’Arles, nous avons découvert le club Arles Gravel et leurs excellents itinéraires qu’ils ont gentiment partagé avec nous. Grâce à ces traces, nous avons exploré la région très particulière du delta du Rhône en Camargue, où nous avons vu des flamants roses, des taureaux de Camargue et des chevaux blancs. Nous avons pris plaisir à pédaler le long de digues dans la mer qui s’étend à perte de vue avec de l’eau dans toutes les directions. Nous avons également exploré la chaîne des Alpilles, où nous avons trouvé des pistes de première qualité avec des kilomètres de gravel lisse et qui traversent toute la chaîne.

Le résultat

Nous avons eu la chance de ne pas avoir de conditions météorologiques extrêmes qui nous ont permis de faire du vélo pendant les 9 jours dont nous disposions. Quelques gouttes de pluie ici et là, et un vent moyen était le pire de ce que nous avons dû supporter. Au final, nous avons parcouru 877 km, avec plus de 10 000 m de dénivelé et plus de 50 % hors des routes goudronnées. Vous pouvez consulter tous nos parcours sur mon profil Strava.

Mais en fin de compte, l’expérience n’a rien à voir avec les chiffres. Pour moi, faire du vélo pendant les vacances d’hiver est une occasion de ralentir, et de profiter des plaisirs simples d’être dehors du lever au coucher du soleil, de voyager à travers de vastes régions et des paysages changeants. Je ne peux pas dire que j’apprécie pleinement les températures froides, mais je ressens la satisfaction de pouvoir me sentir à l’aise avec elles, tout en continuant à être dehors et à explorer.

Le défi supplémentaire des itinéraires hors route signifie une surface en constante évolution à gérer, parfois du gravel rapide et lisse, mais souvent une progression lente sur des routes remplies de flaques d’eau, de petits cailloux qui nécessitent de rouler à fond pour garder son allure, ou simplement de la boue qui s’accumule lentement sur votre vélo, vos cales et l’espace entre votre pneu et le cadre, et qui draine votre énergie sans pitié. Heureusement, nous avons emmené notre kit complet de nettoyage de vélo, qui a été utilisé tous les soirs.

Cependant, malgré le challenge, le cyclisme hivernal procure un sentiment général de calme et de tranquillité qui est souvent absent des randonnées estivales plus épiques et glorieuses. Les routes étaient souvent gelées et abandonnées, et nous n’avons vu que quelques randonneurs ou chasseurs occasionnels. Même les routes goudronnées étaient libres de toutes les voitures que l’on trouve habituellement en été. C’est comme si on baissait le volume. Même le soleil avait un ton beaucoup plus doux. En fin de compte, la simplicité de se lever chaque matin, de prendre son vélo et de sortir pour voir ce qu’il y a derrière le prochain virage était tout ce dont nous avions besoin.

Linda Farczadi

Linda explore la Suisse à vélo depuis qu’elle a quitté le Canada pour venir s’installer ici en 2015. Mathématicienne de formation, Linda est d’abord venue à Lausanne pour un poste de recherche à l’EPFL. Elle a fait ses débuts dans le cyclisme sur route avec le Lavaux Cycling Team et a participé à plusieurs courses sur route amateurs en remportant la Haute Route Alpes en 2019. Aujourd’hui, on la retrouve surtout sur son vélo de gravel pour explorer de nouveaux horizons aux côtés de son mari Philippe. Elle cherche à rencontrer d’autres passionnés de cyclisme et à entrer en contact avec la communauté du cyclisme d’aventure au sens large.
Suivez Linda sur Instagram: @lindafarczadi