Dans les discussions de tous les cyclistes, il y a toujours un moment où, à part parler « matos », tel ou tel évoque qu’il a la plus longue, puis un autre renchérit en évoquant qu’il a la plus dure, puis la plus raide ou encore la plus sinueuse pour ceux qui ne savent plus quoi dire…
Hé oui dans cet article on va parler montées, mais surtout celle qui prouve que les petites peuvent souvent être plus douloureuses que les grandes 😉
Dans le Lavaux, beaucoup connaissent la montée de la tour de Gourze. 179 m de D+ sur à peine 1,3 km, avec des pentes qui frôlent les 28%. On ne sait jamais réellement pourquoi on s’y rend si ce n’est que pour se faire du mal, ou alors pour se flatter l’ego en recevant des encouragements des randonneurs qui ont pitié de nous.
Mais voilà le problème avec cette tour de Gourze, c’est une impasse, et finalement lorsqu’on fait une sortie avec les copains-copines, c’est souvent que cette épreuve passe à la trappe, car redescendre un mur n’est jamais agréable non plus.
C’est pour ça que dans cet article, ainsi que les suivants, car il y en aura d’autres, je te propose des alternatives à cette tour de Gourze et autres, qui seront finalement le supplément sauce piquante que tu pourras rajouter à tes sorties, seul-e ou entre amis histoires de bien rigoler… ou pas.
Le chemin de la Tour de Marsens
Cela ne te dit rien, et pourtant tous ceux qui roulent sur la Corniche savent où ce chemin se situe. Lorsqu’on descend depuis le Baron Tavernier, environ 150 m avant d’arriver au restaurant « Crochettaz/Mama India » sur la droite, il y a un chemin qui donne l’impression de montée à la verticale… il s’agit du Chemin de la Tour de Marsens.
680 m à parcourir pour encaisser 150 m de D+, ce qui nous donne une pente à 21,9% de moyenne !
Ce chemin est visible de loin, il tranche littéralement la corniche en diagonale avec une démarcation nette entre coteaux et forêt.
La première fois que je me suis trouvé aux pieds de ce chemin, j’ai eu la vision d’un célèbre magicien gris me criant « fuyez ! Pauvres fous ! ».
Le départ est vraiment impressionnant, et très intimidant, on se dit que jamais un vélo ne peut monter une pente si raide.
Comme je fais de l’escalade, j’ai tout d’abord observé la route pour savoir par où j’allais passer, où est ce que j’allais placer ma roue, je cherchais ma voie. J’ai enfourché mon vélo, mis la chaîne tout à gauche et j’ai prié pour que ça passe. Petite précision, ce jour-là j’avais un 50-34 / 11-34.
Voilà que je m’élance, et en à peine 3 secondes je comprends tout de suite que si je rate un coup de pédale, je tombe. La pente est si raide que le vélo s’arrête net entre chaque poussée, et là je prends conscience que les minutes vont être longues.
Il n’y a pas une seconde de répit dans cette montée, on voit la route se perdre dans le ciel et l’on ne devine à aucun moment quand elle va se terminer. On cherche sa position, mais finalement pour moi ce sera en danseuse et couché sur le cintre afin d’éviter de faire cabrer ma monture.
Au bout de deux minutes, les jambes tirent à mort dans des muscles dont j’ignorais l’existence et le cœur frappe fort dans sa cage, je regarde brièvement mon compteur qui indique un pourcentage que jamais je n’aurai pensé voir un jour (+ de 30%). Je n’ai d’ailleurs pas pu le voir longtemps, car la sueur coulant à flots sur le compteur rend sa lecture illisible.
Je croche, je tire tout ce que je peux quand soudain j’arrive au sommet (en haut de Puidoux), avec comme récompense une vue sublime.
Info pratique : Il existe une alternative pour arriver au sommet d’une manière un peu moins douloureuse, pour cela il faut prendre le Chemin du Mont à Epesses, cette montée ravivera les papilles des épicuriens sur la plus belle terrasse panoramique de la région.
Cette terrasse est aussi accessible depuis le Chemin de la Tour de Marsens, il faut pour cela redescendre à gauche de quelques mètres.
Concernant notre principale intéressée, cette montée est diabolique, mais le paysage y est divinement majestueux. À faire seul-e ou accompagné-e, elle fera vivre un instant de souffrance et de doute intense, mais une sensation de liberté incommensurable qui, lorsque vous aurez fini votre sortie et serez tranquillement posé sur votre canapé à en boire une, sera un souvenir incroyable vous rappelant que vous viendrez d’accomplir une chose que peu de gens comprennent, et qu’une minorité ont eu le courage d’affronter.
Lucas Stifani
Vallorbier de naissance (personne n’est parfait !), mais expatrié chez les « Dzo » depuis 2017, c’est de vacherin fribourgeois, de meringue double-crème et de tour des Paccots que Lucas se nourrit. Ancien mordu de skateboard, c’est à la suite d’une sévère blessure aux chevilles qu’il s’est tourné en 2014 vers le vélo de route, où il entretient un amour profond pour ce sport.
Vélotafeur toute l’année (Châtel-st-Denis à Lausanne), et cycliste passionné aux heures perdues, Lucas est animé par un cyclisme simple, sans chichi ni fioriture, un cyclisme où on remercie chaque jour la beauté de la nature et le bonheur que procure par sa monture. Mais surtout où même la bière la plus dégueulasse peut se transformer en breuvage divin quand celle-ci est méritée après une sortie de vélo authentique entouré des meilleurs copains.
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