A vous le relais : Stéphane Cand

Il habite à  Seiry, il a 47 ans et tous les jours il parcourt en moyenne 140 kilomètres pour se rendre de chez lui à son travail puis revenir. Adepte du « vélotaff » depuis 7 ans, Stéphane Cand n’hésite non plus pas à s’élancer sur des courses d’ultra-cyclisme telles que les fameux brevets randonneurs et détient déjà à son actif de nombreux records tels que la traversée de la Suisse d’est en ouest en 20h13 ! Cette année, son plus grand défi, et pas des moindres, sera d’essayer de traverser plus de 13 pays à vélo en 7 jours et d’ainsi battre le record du monde. Une tentative qui sera suivie de près et enregistrée par le mythique Guinness Book.

Stéphane, quand et comment en es-tu arrivé à la pratique du cyclisme sur route?

Suite à une fracture de fatigue au tibia en course à pied, sur l’avis de mon médecin. J’ai commencé le vélo vers 15 ans et depuis là, j’ai toujours aimé les longues sorties, comme en course à pied.

A quelle heure dois-tu te lever le matin pour pouvoir arriver à l’heure sur ton lieu de travail et comment trouves-tu la motivation de le faire lorsque la météo est tout sauf favorable?

J’ai de la chance car où je travaille, je possède des horaires libres.

Pour me rendre au travail, le réveil sonne vers 3h15 du matin. Un réveil aussi matinal m’est nécessaire parce que je prends mon petit déjeuner comme un roi, la journée s’annonçant longue.

Vers 4h45, je pars de chez moi, arrive sur mon lieu de travail vers 7h15, voir plus selon conditions météo ou rallongements du parcours, puis enchaîne une journée d’environ 8h15. Le départ se fait entre 16h30 et 16h45 afin d’arriver chez moi vers 19h15 – 19h45, souper et me mettre au lit à 21h30.

La motivation est simple. Avant tout, c’est la passion et surtout il y a beaucoup de rêves là-dessous, le premier étant le vélotaff, chose que j’ai toujours souhaité faire. Ensuite, il ne faut pas oublier que le vélo est un sport d’extérieur dont les conditions, favorables ou pas, sont partie intégrante.

© Stéphane Cand

Que pensent tes proches et surtout ta famille de ce rythme si soutenu d’activité physique? Comment arrives-tu à trouver assez de temps à passer avec eux ?

J’ai vraiment de la chance d’avoir ma chérie (Lauriane) qui est très compréhensible. Pour ce qui est de passer du temps avec eux, comme je roule beaucoup la semaine, les week-ends je les consacre à 100% à la famille et aux proches. Sauf quand il y des courses ou des entraînements spécifiques, mais ils sont planifiés d’avance et j’en discute beaucoup avec Lauriane.

Adepte du « vélotaff » depuis de nombreuses années, quels sont tes conseils pour ceux souhaitant adopter ce moyen de transport, notamment en termes de sécurité ?

Le vélotaff demande beaucoup d’organisation, surtout l’hiver où l’habillement est un aspect très important.

Pour les personnes qui désirent adopter ce moyen de transport, je leur conseille d’aller très progressivement, par exemple 1 jour sur 2 et ainsi de suite. Une fois que la base est construite, la machine est lancée, il faut juste beaucoup de motivation et se donner un but à chaque sortie.

Pour ce qui est de la sécurité, j’évite énormément les grands axes et surtout le chrono passe en 2ème, l’essentiel étant d’arriver à bon port et surtout d’être le plus visible possible.

L’année dernière tu effectuais la traversée diagonale de la France et de l’Espagne : 2380 km en 8 jours avec environ 18 heures de selle par jour ! Comment se passait une journée type ? Comment et où dormais-tu ? Que mangeais-tu ? Et surtout quels étaient tes états d’âme lors de cette odyssée ?

Une journée type: Je me levais vers 3h30 du matin pour un départ vers les 4h15. Ensuite, je pédalais jusqu’à la première boulangerie ouverte afin de m’offrir un petit déjeuner de ministre me permettant d’affronter la journée à venir. Je m’arrêtais environ tous les 50 km, c’est à dire toutes les 2 heures, afin d’acheter de quoi boire et manger. Le repas de midi était pris aux environs de 13h30.

L’après-midi suivait le même rythme jusqu’à environ 21h. Après une petite lessive, je rechargeais les batteries à l’aide d’un repas très copieux pour finalement m’endormir vers 23h30.

Pour dormir: Principalement à l’hôtel que je réservais à la dernière minute. A deux occasions j’ai dormi à la belle étoile : la première fois à côté d’un cimetière et la deuxième fois dans un rond-point à la sortie d’une ville.

Côté nourriture: Je ne regardais pas ce que je mangeais, quand j’avais une envie je mangeais. La stratégie était simple : tous les 50km, arrêt pour de l’eau ainsi qu’une Schweppes et un Coca-Cola afin d’éviter des crampes, puis de la nourriture dense en calories (biscuits, sandwichs, glace, chips, etc…). Entre chaque arrêt je mangeais principalement des bonbons.

© Stéphane Cand

Ce périple a été extraordinaire. Il y avait certes des jours très laborieux où je suis passé par tous les stades :  isolement, euphorie et sans oublier la souffrance qui fait partie du sport. Il faut juste attendre que l’orage passe et cela va vite mieux. Jour après jour, mon corps s’habituait aux longues heures de selle. Arrivé à Malaga et donc à la fin de l’aventure, j’ai été envahi d’une très grande tristesse mais j’étais quand même content d’avoir fini et surtout de rentrer voir ma petite famille.

© Stéphane Cand

Pour 2019 tu t’es lancé un nouveau challenge encore plus fou ! Parcourir plus de 13 pays à vélo en seulement 7 jours dans l’espoir de battre le record de monde actuel ! Combien de kilomètres cela représente-il et comment te prépares-tu pour un tel défi ?

Environ 1900 kilomètres pour 16’200 mètres de dénivellation.

D’abord, je voudrais insister sur le fait que je collabore beaucoup avec le Dr Gontran Blanc, médecin du sport à Crissier, avec qui je construis chaque challenge. Une préparation se travaille beaucoup en amont et sur plusieurs années. L’expérience compte énormément pour ce genre de défi. Ensuite, il y a les petits réglages comme cet hiver où j’ai changé mes rapports. Je possède un 46/30 pour une cassette de 28-14 et cela me convient parfaitement pour ce que je réalise. Le seul problème étant que je ne peux plus participer à des courses de vélo du style « girons » car ces développements ne me permettent plus de suivre. Savoir rester productif tout en étant fatigué est aussi très important, en cela, mon vélotaff quotidien m’apporte un très bon entraînement.

L’ultra-cyclisme attire de plus en plus de pratiquants et nombreux sont les événements sportifs à se mettre en place. Comment conseillerais-tu à un cycliste ayant une pratique régulière de débuter une telle modalité en termes de volume d’entraînement, de gestion de la fatigue et d’apports nutritionnels ?

A mon avis, il faut commencer gentiment et surtout être bien suivi, l’important étant de monter les paliers les uns après les autres. On commence par un 100km et ensuite 200, 300, 400, 500, 600, 800, 1000 et ainsi de suite, tout en restant à l’écoute de son corps car les petites blessures peuvent vite devenir importantes. Si sortir de sa zone de confort fait partie du sport, il est essentiel de garder la notion de plaisir. Il ne faut surtout pas regarder la vitesse et toujours penser au lendemain. Sur une longue sortie, il faut savoir gérer depuis le début jusqu’à la fin. La récupération est très importante. Côté alimentation il faut manger de tout avec modération et pour la gestion de la fatigue il faut trouver ce qui marche le mieux pour chacun.

© Stéphane Cand

Propos recueillis par Kelly Grilo

 

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