Le Tour du Mont Blanc en gravel

Le Tour du Mont Blanc (ou TMB) n’a pas besoin d’être présenté. Il s’agit d’un circuit classique de haute montagne qui fait le tour du massif du Mont Blanc en traversant trois pays : la Suisse, l’Italie et la France.

Écrit en anglais par Linda Farczadi. Traduction: cycliste.ch

Pour les coureurs et les randonneurs, le TMB représente un réseau bien établi de sentiers de randonnée reliant les vallées par des sentiers isolés en haute altitude. Pour les cyclistes sur route, le TMB est un circuit de 330 km sur des routes goudronnées avec plus de 8000 m de dénivelé (et une course folle d’ultra-distance qui tente de tout faire en une étape).

Mais qu’en est-il du gravel ? Peut-on trouver un compromis entre les deux options avec des route et des sentiers en quantité appropriée ? Ayant fait la version route il y a quelques années, et maintenant en possession de vélos de gravel, nous avions hâte de le découvrir !

Bien sûr, la bonne quantité de route et de tout-terrain aura des significations diverses pour différentes personnes. Nos propres critères étaient les suivants : (1) inclure des cols en gravel spectaculaires (2) réduire au minimum les tronçons où on doit marcher et pousser nos vélos (3) être réalisable en un week-end.

Après quelques recherches, nous avons abouti à notre itinéraire : un total de 216 km avec plus de 7000 m de dénivelé. Plus important encore, il comprendrait 4 grands cols en gravel : Col Ferret, Col de la Seigne, Col du Joly (l’ascension est goudronnée mais la descente est en gravel) et Col de Voza. En contrepartie, nous avons également opté pour quelques cols asphaltés dans l’espoir de récupérer notre vitesse moyenne. Il s’agit notamment de Champex Lac, du Cormet de Roselend et du Col de Montets. La proportion de routes non goudronnées n’est que de 25 % mais nous avons fini par passer bien plus de 50 % de notre temps sur les tronçons en gravel. Il est certainement possible d’inclure davantage d’options tout-terrain, mais notre désir de le terminer en un week-end nous a convaincus.

Le parcours étant fixé, nous sommes partis tôt samedi matin en train jusqu’à Martigny. La première montée de la journée s’est déroulée sans effort et nous avons été accueillis par un magnifique soleil matinal en arrivant à Champex Lac. Le trajet jusqu’à La Fouly et Ferret a également été relativement facile et s’est déroulé rapidement.

Le premier défi de la journée a commencé avec notre premier col en gravier : le Col Ferret. J’ai été heureusement surprise de voir que le chemin était non technique et praticable jusqu’à l’Alpage de La Peule. Les kilomètres restants jusqu’au col étaient un mélange de marche et de vélo. En arrivant au sommet, nous avons été accueillis par une vue imprenable sur le glacier du Pré de Bar.

La montée au col Ferret
Près du col Ferret
Sommet du Col Ferret
La descente du col Ferret en Italie
La descente du col Ferret en Italie

La descente du côté italien était définitivement un tronçon « hike-a-bike » jusqu’au Rifugio Elena, mais la distance était juste dans la limite de ce que je pouvais supporter tout en restant de bonne humeur. De là, nous avons rejoint une route en gravel entièrement praticable qui nous a ramenés dans la vallée.

Un arrêt rapide pour quelques paninis italiens extrêmement savoureux à Entrèves et nous étions prêts pour notre prochain col en gravier : le col de la Seigne qui nous a fait remonter vers la frontière française à 2516m. Ce doit être le clou du voyage : on peut l’atteindre en restant sur son vélo, on est extrêmement isolé et on a des vues absolument incroyables dans toutes les directions. Atteindre le sommet en fin d’après-midi signifiait aussi avoir l’endroit pour nous tous seuls. Nous ne pouvions pas prendre assez de photos de cet endroit.

En route au col de la Seigne
Sommet du col de la Seigne
la descente du col de la Seigne

Malheureusement, les nuages s’assombrissant dans la direction que nous devions prendre, nous avons rapidement mis nos vestes et commencé la descente. Nous avons terminé la première journée par une ascension nocturne du Cormet de Roselend qui, bien que sur une route asphaltée, est une montée relativement calme et absolument magnifique. Nous sommes descendus rapidement de l’autre côté et avons trouvé un hôtel à Beaufort.

Vallée des Glaciers
Les Pyramides Calcaires
Sommet de Cormet de Roselend
Coucher de soleil à Cormet de Roselend

Nous avons commencé le deuxième jour par une montée goudronnée au Col du Joly sur des petites routes tranquilles. Ensuite, nous avons emprunté un mélange de chemins en gravier, pour la plupart praticables, pour descendre dans la station de ski qui nous a amenés jusqu’aux Contamines. Ici, nous avons fait le plein de crêpes et de café, et heureusement parce que la prochaine montée allait nécessiter toutes nos ressources : le Col de Voza qui nous relierait aux Houches.

La descente du col du Joly aux Contamines

Une route 4×4 en gravier tout le long du parcours, l’ascension du Col de Voza ne semblait pas particulièrement menaçante sur la carte. Cependant, nous avons été avertis de sa raideur et nous n’avons pas été déçus. Avec plusieurs pentes allant jusqu’à 30%, la montée est tout simplement impitoyable. J’ai passé la plupart du temps à monter et à descendre du vélo, non pas à cause de la surface technique comme ce serait le cas habituellement, mais par pur manque de souffle. La descente, une fois de plus sur les pistes de ski, n’a pas été beaucoup plus facile, avec des sections raides et beaucoup de grosses pierres. Disons simplement que notre vitesse moyenne en a pris un coup sur ce col.

Les pistes tranquilles aux Contamines
Vue du glacier Bionnassay en route au col de Voza

Heureusement, à partir de là, le reste du trajet a été assez facile. Nous avons fait un dernier arrêt à Chamonix dans une excellente boulangerie, après quoi nous avons attaqué le dernier col de la journée, le Col de Montets. Sa route bitumée était du gâteau après toute les grimpées que nous avions faite dans la journée. Pour la dernière partie, nous avons choisi de revenir par Finhaut et d’inclure la section en gravel qui relie Les Marécottes afin d’éviter le col de La Forclaz, plus fréquenté. Nous avons ainsi atteint Martigny où nous avons terminé notre aventure avec une bière bien méritée.

Dans l’ensemble, nous avons eu l’impression d’avoir le meilleur des deux mondes : l’éloignement et les cols en gravel loin des gens et des voitures, mais toujours une vitesse moyenne satisfaisante qui nous a permis de traverser 3 pays et d’innombrables vallées en deux jours seulement. Avec de nombreuses alternatives possibles pour répondre aux besoins de chaque cycliste, le Tour de Mont Blanc est un excellent choix pour un tour en gravel !

Linda Farczadi

Linda explore la Suisse à vélo depuis qu’elle a quitté le Canada pour venir s’installer ici en 2015. Mathématicienne de formation, Linda est d’abord venue à Lausanne pour un poste de recherche à l’EPFL. Elle a fait ses débuts dans le cyclisme sur route avec le Lavaux Cycling Team et a participé à plusieurs courses sur route amateurs en remportant la Haute Route Alpes en 2019. Aujourd’hui, on la retrouve surtout sur son vélo de gravel pour explorer de nouveaux horizons aux côtés de son mari Philippe. Elle cherche à rencontrer d’autres passionnés de cyclisme et à entrer en contact avec la communauté du cyclisme d’aventure au sens large.
Suivez Linda sur Instagram: @lindafarczadi