Tour du Faso 2019 : Entre joie, découvertes et coups durs

Fin mai, mon entraîneur m’informe que je pourrais participer au Tour du Faso 2019, épreuve UCI 2.2 au Burkina Faso. Immédiatement, je manifeste mon enthousiasme, voyant cela comme une belle opportunité et une belle expérience. Quelques temps plus tard, ma place est confirmée et me voilà impatient de prendre part à ma première course UCI du 25 Octobre au 3 Novembre.

L’équipe de base, formée spécialement pour ce tour, se compose d’Alexis Maret, Timo Güller, Antoine Aebi, Jonas Döring, Iwan Hasler et moi-même. Nous partirons avec un mécanicien, une masseuse et le chef d’orchestre de tout cela, Jean-Jacques Loup.

Mi-septembre, nous avons la réunion d’équipe d’avant course. Nous recevons toutes les informations concernant la course et également les préparatifs à effectuer. Partir dans ce pays demande un minimum d’organisation et de préparation, tant matérielle que sanitaire.

Peu de temps avant le départ, nous apprenons que notre masseuse et Antoine ne pourront finalement pas venir. C’est le premier coup dur de cette belle expérience. Antoine, de part son expérience et son niveau, aurait été précieux pour l’équipe et faire 10 jours de course sans masseuse, se révèle une tâche compliquée en matière de récupération.

23 Octobre, jour-J ! Nous partons pour Ouagadougou (et oui, cette ville existe). Le premier choc en sortant de l’avion fût la chaleur (entre 33 et 37 degrés suivant les jours). Une chaleur écrasante à laquelle il faudra vite s’habituer. Nous avons néanmoins tous le sourire et nous attendons qu’une seule chose, le contre-la-montre par équipe le premier jour ! Le soir même, nous comprenons vite que l’organisation est différente que celle d’une course européenne et qu’il faudra souvent prendre son mal en patience.

La veille de course est consacrée au montage des vélos et à un petit entraînement en compagnie de l’équipe allemande, Embrace The World Cycling. Je sens qu’il y a quelque chose de bizarre dans ma direction. « Sans doute un petit jeu facile à régler » je me dis. La soirée sera consacrée à un dernier briefing et à la remise des dossards.

25 Octobre, c’est le grand départ ! Peu de temps avant le départ, je sens que mon vélo devient vraiment incontrôlable. La sensation bizarre de la veille se révèle être plus grave qu’un « petit jeu » : le roulement de direction est cassé. Là, je me dis que ça commence vraiment bien pour moi… Heureusement, nous avions un vélo de rechange que notre mécanicien a préparé en un temps record : 15 minutes avant le départ ! Je n’avais pas de bonnes sensations sur ce vélo mais au moins, j’ai pu prendre le départ. L’équipe termine 6ème. À ce moment-là, je n’espère qu’une seule chose : que mon vélo puisse être réparé pour le reste des étapes (ce qui heureusement fût rapidement le cas). Après l’étape, Jean-Jacques nous annonce enfin une bonne nouvelle : l’organisation nous a trouvé un kinésithérapeute qui nous accompagnera toute la course. La course est lancée, il n’y a plus qu’à …

Les jours s’enchaînent, chacun essaie de prendre des échappées et en cas de sprint massif, nous roulons pour Jonas. La chaleur met à mal nos organismes. Les vitesses moyennes sont folles. Nous commençons à bien nous habituer à la chaleur, à l’organisation, à la nourriture, etc… Nous devenons de plus en plus soudés au fur à mesure des étapes et nous commençons à avoir de plus en plus le sourire aux lèvres, surtout lors des arrivées quand la population locale nous demande des selfies. Cela nous changeait des arrivées en Suisse entre deux fermes, une botte de foin et un troupeau de vaches.

En dehors de la course, j’observe le monde qui nous entoure et je comprends vite que c’est une autre réalité. La pauvreté est grande, le pays est sale et en crise. Le climat d’insécurité actuel dans cette zone du monde rajoute une couche. Je me rends encore plus compte de la chance que nous avons de vivre en Suisse.

La fin du tour a été compliquée pour ma part. Je suis tombé malade la veille de la 7ème étape longue de 182,5km. Je prends le départ et fini sans trop savoir comment. Je ne tiens plus debout à la fin. Je m’effondre. Je me force à croire que mon tour n’est pas fini, mais le lendemain, étant toujours malade, les batteries sont vides et je me retrouve vite seul dans la pampa. Un gros moment de solitude … j’ai au moins pu admirer le paysage.

C’est en tant que spectateur que je vis la fin de ce tour. C’était moralement difficile de voir mes coéquipiers rouler et d’être sur le bord de la route à les encourager. Malgré cela, ce tour fût une magnifique expérience autant sportive qu’humaine. J’ai beaucoup appris et cela me servira pour la suite. La victoire de Jonas, sa 3ème place au classement final et sa 2ème place au classement des sprints intermédiaires ont réjoui toute l’équipe.

A la fin, un petit air nostalgique m’envahi : malgré tous les pépins, cette expérience restera inoubliable. Il est temps de rentrer. Nous arrivons le 5 novembre au matin à Genève. Sur la route du retour en Valais, je suis content de revoir ces montagnes et de voir la neige qui pointe le bout de son nez. Content également car la fin de ce tour veut dire fin de saison : une pause s’impose. Et simplement content de pouvoir croquer dans un bon bout de fromage ! Je l’avoue, j’étais en manque …

Arrivé à la maison, je m’effondre dans mon lit tout en me demandant “quand est-ce qu’on repart” ?

Guérin Debons

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