Un ultra-succès pour le Tour des Stations

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Le week-end dernier a eu lieu ce qui sera désormais l’évènement phare du cyclisme sur route dans le canton du Valais : Le Tour des Stations. Plus qu’une simple cyclosportive d’une journée, c’est également un festival dédié au développement de la pratique de la petite reine dans ce beau canton qui s’est tenu du jeudi 8 août au dimanche 11 août à Crans-Montana. Au programme ? Des conférences, des workshops ainsi que des animations pour petits et grands.

Du côté sportif, tout un chacun pouvait y trouver son compte, car c’est trois parcours qui étaient proposés aux participants le samedi 10 août et ce qui est certain, c’est qu’avec 2100 inscrits pour cette deuxième édition, le Tour des Stations à su atteindre son public cible, tant en Suisse qu’à l’étranger puisqu’avec 27 nationalités différentes, le pourcentage de participants étrangers a atteint les 50 % – de quoi largement répondre aux attentes de l’organisateur qui souhaite présenter le Valais comme une destination sportive estivale !

Un mediofondo au départ de Conthey, un granfondo labellisé Marmotte Series au départ de Crans-Montana et un ultrafondo reliant Martigny à Verbier. Tous proposaient un challenge d’envergure mais l’ultrafondo, avec ses 220 km et 7400 mD+, se veut comme la « course cycliste d’un jour la plus dure au monde en dénivelé par km ». Si l’image vous est plus représentative, Alberto Contador, double vainqueur du Tour de France, a lors de cette épreuve, battu son record d’ascension sur une seule sortie !

© Canal9.ch

Ce ne sont donc pas moins de 450 courageux qui se sont lancés à l’assaut du Tour des Stations samedi matin à 5h30, malgré la pluie et la fraîcheur qui se faisaient bien sentir. Epuisement, problèmes mécaniques ou encore blessures physiques ont contraint 108 participants à l’abandon tandis que l’italien Fabio Cini est revenu défendre son titre en franchissant la ligne d’arrivée en 8 heures, 26 minutes et 57 secondes après une dure bataille avec Guillaume Bourgeois et Raphaël Addy.

Arrivé à Verbier 2’30 après Fabio, Guillaume a ainsi pris une belle et honorable deuxième place. Ancien coureur professionnel et spécialiste dans les études posturales ainsi que l’entraînement cycliste, nous avons donc pensé qu’il serait la personne idéale pour nous donner un inside de la course ainsi que quelques conseils pour les prochains téméraires.

220 kilomètres pour 7’400 mètres de dénivelé. Etait-ce la première fois que tu accomplissais une aussi longue distance avec autant de dénivelé ?

Non j’avais déjà participé à des épreuves plus longues et avec davantage de dénivelé. Mais c’est sûr que cela reste un dénivelé inhabituel ! Surtout concentré sur un kilométrage relativement court.

Lorsqu’on regarde le TOP 10 de l’ultra, les noms d’anciens coureurs professionnels, dont tu fais partie, mais aussi de grands noms du cyclosport, sautent aux yeux. Penses-tu qu’il s’agit d’une distance élitiste ou ouverte à tous ceux qui se préparent un minimum ?

Je pense que cela dépend beaucoup du rythme auquel le parcours est effectué. Sauf erreur, les barrières horaires étaient assez larges au Tour des Stations. De mon point de vue, une personne bien entraînée est capable de participer à une telle épreuve si elle gère bien son effort. Ceci dit, samedi dernier, beaucoup des partants n’ont pas rejoint l’arrivée…il n’est pas toujours aisé de se rendre compte  de ce qu’un dénivelé de la sorte représente…on peut se faire surprendre si on manque de repères à ce niveau.

Qu’as-tu pensé de l’accueil des participants, du nombre de ravitaillements et de leur qualité (si tu t’y est arrêté) ainsi que de la signalisation sur le parcours ?

L’organisation était au top ! Honnêtement, si tu fais la course devant, tu ne peux pas trop de permettre de t’arrêter aux ravitaillements mais la logistique de l’événement était irréprochable.

©Sportograf – Même Didi trouve l’organisation au top 😉

Quel est le type d’entraînement nécessaire pour s’élancer sur ce genre de parcours ? Faut-il privilégier les sorties longues en endurance de base ou tout de même miser sur des sorties plus courtes comprenant des exercices spécifiques ? Combien d’heures d’entraînement sont-elles nécessaires par semaine pour quelqu’un souhaitant terminer en de bonnes conditions ?

C’est difficile de répondre de manière générale à cette question…cela dépend du backround et de l’expérience propres à chacun…mais il faut bien sûr avoir une bonne base d’endurance pour venir à bout de ce genre de parcours. C’est un effort en endurance/résistance donc il n’est pas forcément nécessaire de travailler à des intensités élevées pour le préparer. Il faut être habitué aux efforts de longue durée et avoir avalé des kilomètres de dénivelé ! Je pense qu’une dizaine d’heures d’entraînement par semaine durant les trois mois précédents la course est souhaitable afin de l’aborder dans de bonnes conditions.

Comment gères-tu l’alimentation sur ce genre de distance ?

Il faut manger et boire très régulièrement dès le début de la course. La clé est de ne pas oublier de le faire même lorsque l’on est pris dans l’effort. Une erreur d’alimentation ne pardonne pas sur ce genre de distance !

Tu sembles beaucoup apprécier le Valais comme terrain d’entraînement. Que penses-tu qu’il faudrait faire, en plus des différentes cyclosportives qui se mettent en place, pour promouvoir ce beau canton comme destination sportive ?

Du temps ! Cela ne se fait pas en quelques mois…beaucoup d’initiatives sont mises en place et les destinations développent de plus en plus une offre estivale liée au vélo de route et au VTT. La région a tout pour devenir, dans les 10 ans qui viennent, une destination prisée des mordus de la petite reine. Il faut encourager et pérenniser ces différentes initiatives et profiter des événements cyclistes de portée internationale qui ont lieu régulièrement en Valais. Dans ce sens les championnats du monde 2020 de Martigny seront un beau coup de projecteur sur les atouts du Valais en tant que destination cycliste de premier choix.

© Sportograf – Une destination qui a vraiment tout pour plaire

Quelle était pour toi la plus belle ascension ?

Les derniers kilomètres de la Croix de Cœur après la Tzoumaz offrent un paysage sauvage que je trouve magnifique. Cela aide en fin de course !

© Sportograf

Pourquoi penses-tu que de telles courses dites « ultra » se popularisent autant ?

Je me pose souvent la question…c’est peut-être lié au fonctionnement de notre société occidentale et au système socio-économique hyper compétitif dans lequel nous vivons et dont nous incorporons les schèmes de récompense. On demande de plus en plus aux individus en termes de performance et cela dans tous les domaines…à tel point que de nous-même nous nous lançons des défis afin de répondre à ce canon dicté par une doxa valorisant le dépassement de soi et dans laquelle nous baignons quotidiennement. Je ne sais pas si cela est une bonne chose. En tous les cas, ce type de challenge paraîtrait absurde dans bien des contextes temporels ou géographiques !

Interview de Kelly Grilo

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