The Gauchos Expedition : l’Argentine sur un plateau d’argent

Cette histoire commence par une belle matinée portugaise de février. Fesse gauche à l’air pour laisser sécher la vilaine pizza que je me suis faite quelques jours plus tôt, je termine de planifier un itinéraire d’environ quatre mille kilomètres au Maroc. Les prochaines semaines s’annoncent épiques ! Je ne crois pas si bien dire…

Alors que je regarde les options pour le ferry, je reçois un message de Gus, mon pote australien chargé des expéditions pour Curve, la marque de vélos pour laquelle je suis ambassadeur. “Mon co-guide ne peut finalement pas faire le voyage en Argentine, est-ce que tu veux venir le remplacer? On démarre dans une semaine…”

Quelques jours et péripéties organisationnelles plus tard, je me retrouve à Salta, dans le nord-ouest de l’Argentine, prêt à embarquer dans une aventure unique et inoubliable dont voici le récit.

Salta est une charmante petite ville, l’endroit parfait pour atterrir dans la culture argentine en douceur, faire connaissance avec les autres gauchos et s’occuper des derniers préparatifs avant de rentrer dans le vif du sujet et de mettre le cap sur Humahuaca.

Les deux premiers jours nous permettent de nous acclimater à l’altitude et de découvrir le patrimoine folklorique local mais surtout de commencer à prendre la pleine mesure des paysages grandioses qui nous entourent et la dimensions gargantuesque des espaces.

Après un transfert en pick-up le nez collé à la vitre et un premier ride de rodage permettant de tâter notre premier gravel argentin avec un ratio effort-vue imbattable, le troisième jour marque le véritable départ de l’expédition à travers une vallée disproportionnée aux couleurs ocres, oranges et rougeâtres avec lesquelles contrastent les nombreuses plantations verdoyantes le long de la rivière pour se terminer dans l’incroyable site des Colorados de Pumamarca, un feu d’artifice géologique haut en couleurs.

Pumamarca colorados, ca va etre dur de faire mieux...

La mise en jambe est terminée… Après une confortable nuit, nous nous lançons dans le premier gros morceau : la cuesta de Lipan, le Galibier sud américain, 35km d’ascension jusqu’à 4170m en partant de 2200m. Ça pique mais la vue en vaut largement la chandelle et la route asphaltée rend les choses un peu moins éreintantes. Après une descente à travers un canyon où garder les yeux sur la route est un défi de chaque instant, les “salinas grandes” s’ouvrent de toute leur ampleur devant nos regards ebahis et nos langues pendantes. Cette nuit, pas de lodge mais un logement rustique (et cosy) qui nous permet de goûter à la vie sur la “Puna”, l’alti plano argentin.

Les récentes pluies torrentielles ne nous permettent malheureusement pas de traverser les salines à vélo mais nous les longeons pendant de nombreuses dizaines de kilomètres, totalement hypnotisés par ces paysages lunaires qui nous entourent et la route “en tôle ondulée” fait effet de pincement pour nous rappeler que l’on ne rêve pas. Bien que plate, cette journée est probablement la plus dure. Traverser la Puna a son prix mais notre pick up de soutien n’est jamais bien loin pour nous ravitailler.

N’ayant rien préparé d’avance, la logistique du quotidien ainsi que l’étude de la trace pour calculer les resupply en nourriture et en eau prend parfois beaucoup de place, tant dans la tête que dans les journées les plus courtes de l’année. D’un autre côté, la chance de n’avoir nulle part de précis où aller c’est qu’on peut aller n’importe où, ouvrant la porte à des re-route spontanés suite à une discussion avec un cycliste local, parce la météo est trop capricieuse, l’itinéraire de base trop foireux ou parce que des amis sont dans le coin pour faire de l’escalade, à une petite centaine de kilomètres seulement. En plus, c’est la motivation parfaite pour lâcher le vélo quelques jours et montrer à ces grimpeurs de quels bois se chauffent mes gros bras de cycliste!

Le vélo est mis à rude épreuve, surtout la gomme. Je n’ose même pas imaginer ce que ce serait sans tubeless! Sur un itinéraire conçu à la base par un vététiste, mes pneus de 45mm me semblent bien étroits et minimalistes, surtout quand je me retrouve à devoir les recoudre au fil dentaire parce que les trous sont trop gros pour les mèches (quasi mille km avec la suture!).

Descente époustouflante vers las salinas grandes

Au briefing du soir, personne ne veut croire Gus lorsqu’il annonce que demain encore, on va surenchérir sur les vues et leur diversité. Chaque jour jusqu’au dernier, le même pari emporté haut la main avec cet itinéraire qui excelle en diversité, en progressivité et en savant dosage.

Après s’être fait secouer sur les pistes de la Puna, rien de telle qu’une descente de plus de 100km sur route, nous permettant de faire la magnifique expérience du changement de climats et d’écosystèmes depuis la selle de nos vélos. La redescente en altitude est comme un retour à la vie, tout le corps se régale de cette soudaine profusion d’oxygène. L’ambiance est clairement à la fête ce soir là, surtout que nous sommes reçus comme des rois dans un petit vignoble niché au coeur de la jungle, où les plus chanceux verront un toucan passer sur leur chemin.

120km de descente, retour de la végétation !

Si on est descendu… c’est évidemment pour mieux remonter! Mais pas aussi haut. La cuesta del Obispo (rien à voir avec Pascal) culmine à 3360m, une balade de santé de 60km après ce que nous avons fait les jours précédents. Des hordes de perroquets nous accompagnent de leurs chants tandis que nous quittons à nouveau progressivement le monde végétal pour le monde minéral. Une pluie torrentielle nous rafraîchit en cours de route. Les nuages glissants sur les flancs de montagnes, la route se transformant en piste, et de haute falaises rouges nous donnent l’impression d’être en Afrique du Sud. Mais non, ça c’est une autre expédition!

Une fois le col passé, le paysage change drastiquement pour laisser la place à de très (très) vastes étendues couvertes de cactus de toutes les formes et dimensions, entourés de sommets vertigineux aux roches multicolores. L’humidité a laissé la place à l’aridité et le soleil est à nouveau écrasant. L’apéro et l’étape luxueuse dans le superbe village-oasis de Cachi fait du bien à tout le monde.

BIENVENUE SUR MARS!

Ça commence déjà à sentir la fin, surtout qu’à quelques petits raidards prêts, il ne nous reste plus que de la descente! Cependant, la mythique Ruta 40 que nous suivons maintenant a encore quelques surprises pour nous, comme un passage sur Mars ou Tatooine pour les fans de Star Wars, des sections de pistes rock’n’roll, quelques familles de vigognes broutant sur le bord de la route, nos derniers comedors aux empanadas tout droit sortis du four à bois pour le lunch et surtout cette hospitalité et cette gentillesse tout sourire, parfois édentés ou teintés de feuilles de coca machouillées.

Après une dernière matinée à traverser une quebrada (canyon) où chaque tournant offre une nouvelle vue panoramique ahurissante, nous chargeons les vélos sur les pick-up qui nous ramènent à Salta ou notre aventure unique dans une vie se termine comme chez les Gaulois, par un magnifique banquet avec quelques dernières surprises locales, gastronomiques et culturelles.

Parcourir des endroits aussi incroyables en pédalant n’a pas son égal. Cependant, mettre au point un tel périple n’est pas facile et surtout pas la tasse de thé de tout le monde. Des destinations telles que l’Amérique et l’Afrique du Sud ou la Mongolie peuvent impressionner pour qui n’a pas l’habitude. En tant que marque de vélos destinés à l’aventure, de quelque ampleur que ça soit, Curve veut offrir la possibilité à tout un chacun de vivre ce genre d’expérience hors normes, même à celles et ceux qui n’ont pas un vélo Curve mais qui ont le goût de l’aventure!

Et si vous avez envie de quelque chose de plus proche (et économique), faites un tour dans la machine à remonter le temps en Europe avec un trip totalement fou en Transylvanie! Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas à me contacter ou la team exped de chez Curve directement 😉

Toutes les infos sur les expéditions sont ici : https://www.curvecycling.com/collections/curve-expeditions

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Tom de Wilde

Ayant grandi en Belgique, le vélo à toujours fait partie de son quotidien. D’abord en single speed dans le trafic fou de Bruxelles ce n’est qu’en 2015 que Tom se met à proprement parler au vélo de route avec le triathlon. Après avoir vécu et voyagé en NZ et au Canada, Tom se lance en 2019 pour son premier trip gravel et bikepacking : une traversée nord-sud des amériques, off-road tant que possible et avec des sections de plusieurs centaines de kilomètres à pieds, pourquoi faire les choses à moitié ? Interrompu à mi-chemin au Guatemala par la pandémie, les surprises de la vie le mènent en Suisse où il partage son expérience et sa passion du vélo aventure/performance/utilitaire en travaillant chez Ciclissimo Chablais. Entre expéditions gravel, ironman de montagne, courses ultra distances bikepacking et vélotaf, son rêve est de trouver le graal du vélo qui fait tout parfaitement.