The Open Road

If there is an open road in front of you, go…go…go… telles sont les paroles d’une chanson du groupe bruxellois “The Hollywood Bedsheets”. Il y a des moments de grands changements dans la vie où cette route s’ouvre devant soi et il n’y a qu’une chose à faire, y aller. C’est à nouveau le cas pour moi et j’ai accepté l’appel de la route, en posant au préalable deux conditions : j’irai à vélo et ce sera une route non asphaltée !

Lors de ma dernière période de transition et donc lors de mon dernier grand voyage (Canada-Argentine, interrompu par le COVID à mi-parcours au Guatemala), je m’étais trop concentré sur la destination finale et tous les petits objectifs intermédiaires me faisaient perdre un peu trop de vue le périple lui-même. Soucieux de ne pas reproduire mes erreurs, ou en tout cas pas toutes (je craque toujours autant quand je croise une boulangerie ou pour la nourriture en général), j’ai décidé que cette fois ci je mettrai la totalité de mon attention sur le cheminement lui-même. Trouver la meilleure manière de faire cela était assez simple : ne pas fixer de destination!

Cela signifiait avant tout de ne pas me lancer dans un voyage sur un autre continent, pour commencer en tout cas. Pédaler depuis le pas de la porte a un charme unique mais la météo de ce mois de novembre n’étant pas tellement attirante pour faire du bikepacking, j’ai un peu triché en faisant un saut de puce en Provence. Avec un départ, pas d’objectif et pas de temps imparti, la route s’ouvrait parfaitement devant moi. Il n’y avait plus qu’à décider dans quel sens la suivre, fixer une direction. La météo m’a épargné cette prise de décision… j’irai donc vers le sud en quête de soleil pour commencer. En route, ou plutôt… en gravel pour l’Espagne!

J’ai commencé par aller plein ouest à travers les Baronnies et les plaines du Rhône jusqu’à Alès aux pieds des Cévennes où ma trace perso rejoignait le European Divide Trail, un itinéraire VTT/gravel qui relie le sud du Portugal au nord de la Norvège. En quelques jours de plus à travers l’arrière-pays occitan, je suis arrivé près des Pyrénées, prêt à franchir la frontière et continuer à suivre le EDT tant que la météo me le permet car il y a de nombreux passages en altitude qui pourraient s’avérer complexes à ce moment de l’année.

Ce fut une première semaine superbe, remplie de tout ce qui fait le charme du bikepacking : des moments de grâces en roulant sur une route forestière avec une vue panoramique illuminée des mille feux de l’automne ou en plantant la tente sur un col désert dans le feu d’artifice du couché de soleil. Mais aussi des moments à en chier à pousser le vélo chargé dans des montées caillouteuses super raides ou à galérer avec des mèches pour réparer le tubeless ou une patte de dérailleur cassée ; des pauses torses-nu au soleil avec un petit café fumant sur le réchaud et des matinées à se geler les miches malgré six couches; des chouettes rencontres et de beaux moments solitaires; de la route, de la piste, de la voie verte et du single ; des heures sur le vélo et des heures à flâner, lire, dessiner ; du vent de face et du vent de dos; des hauts et des bas. Le sud de la France a beaucoup à offrir et j’ai même réussi à pas me faire tirer dessus par un chasseur! La baguette toujours accrochée au sac de selle, c’est presque déjà fini!

Mais d’abord une pause s’impose, profiter d’avoir tout le temps pour rendre visite à des amis à Narbonne en offrant du repos à mon genou blessé depuis de longs mois et m’ayant forcé à renoncer à l’entièreté de ma saison (8 majorettes, 7 majeurs, TDS Ultimate 1000, SUCH). Cette blessure ainsi que les courtes journées de saison me forcent à y aller tranquille et à vraiment profiter du voyage lui-même. Cela dit, tranquille n’est peut être pas le terme le plus approprié vu l’itinéraire emprunté ! Le sud est connu pour ses caillouuux qui me secouent comme il se doit avec un vélo chargé et pas de suspensions. Et ne parlons pas de la Tramontane qui m’a cueillie en bord de mer avec des rafales à plus de 100km/h.

Prochaine étape, la Catalogne et Girona!

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Tom de Wilde

Ayant grandi en Belgique, le vélo à toujours fait partie de son quotidien. D’abord en single speed dans le trafic fou de Bruxelles ce n’est qu’en 2015 que Tom se met à proprement parler au vélo de route avec le triathlon. Après avoir vécu et voyagé en NZ et au Canada, Tom se lance en 2019 pour son premier trip gravel et bikepacking : une traversée nord-sud des amériques, off-road tant que possible et avec des sections de plusieurs centaines de kilomètres à pieds, pourquoi faire les choses à moitié ? Interrompu à mi-chemin au Guatemala par la pandémie, les surprises de la vie le mènent en Suisse où il partage son expérience et sa passion du vélo aventure/performance/utilitaire en travaillant chez Ciclissimo Chablais. Entre expéditions gravel, ironman de montagne, courses ultra distances bikepacking et vélotaf, son rêve est de trouver le graal du vélo qui fait tout parfaitement.