L’événement remonte à 3 mois, soit avant le confinement. Cependant, le fond de l’article reste d’actualité.

C’était la journée de la femme ce dimanche 8 mars 2020 au CMC d’Aigle. Emma Pooley, médaillée olympique aux JO de Pékin 2008 et cheffe de projet #fastandfemaleSUI à Swiss Cycling, avait organisé une sortie femmes. Le week-end juste avant le confinement ! Motivée par un engagement féministe, Mamy est allée s’y faire des sensations : rouler en peloton sur 43.09 km, 1h37, 26.7 K/H de moyenne ! ça, sur une aussi longue durée, elle n’avait pas encore connu !

Son homme était à ses côtés, bien sûr. Elle l’admet d’autant plus qu’elle sait que, dans quelque contexte que ce soit, sans le soutien des hommes les femmes ne parviendront pas à l’égalité. Avec ses 59 ans sonnés, Mamy s’est retrouvée ce dimanche de mars au milieu de jeunes femmes tout en tonus, qui auraient pu être ses filles ou même ses petites-filles !

Elle est partie avec une peur au ventre, en mode « je ne veux pas me frotter dans le peloton ». Eh ben ! elle s’est trouvée larguée dès le 1 er km. Et dans sa tête, là, elle aurait décroché et fait demi-tour à la voiture tant elle a pris conscience de la réalité de la course immédiatement. Mais son homme, subtil stratège et compétiteur, lui a sorti les pouces et – oui – l’a poussée dans tous les sens du terme pour qu’elle croche et se retrouve au milieu du peloton !

Et grâce à l’aspiration du peloton, elle a réussi à se maintenir à une vitesse moyenne de 26 km/h, à connaître d’abord une nouvelle sensation, puis une certaine fierté, pour finir un certain plaisir à se retrouver dans ce contexte, dans un esprit de solidarité féminine. En outre, puisqu’une bonne partie de la course se joue dans la tête et qu’elle connaissait le parcours – c’est sa région – et elle savait à chaque kilomètre l’effort qui lui restait à fournir.

Ce 8 mars, elle a observé que bon nombre d’hommes accompagnaient leur femme. Elle estime qu’ils représentaient bien le tiers du peloton. Leur présence a-t-elle induit un biais ? ont-ils fait monté la cadence ou se sont-ils adaptés au rythme de leur conjointe ? car encore une fois, pour qu’une minorité sorte de cet état, il faut qu’elle soit supérieure à 30%. En l’occurrence, la minorité était, lors de cet événement, masculine. Mais la force physique des hommes étant indéniablement supérieure, ladite minorité a-t-elle influencé le résultat de la sortie de la majorité ?

Et disons que oui : quelle conclusion en tire la majorité ? qu’il vaut mieux être stimulée pour être à son max durant une sortie de plus d’une heure à considérer comme un entrainement que de rester dans sa zone de confort. Ceci n’est-il pas représentatif des carrières féminines, où les femmes cadres doivent être deux fois plus performantes que les hommes pour se maintenir à un niveau professionnel stratégique et décisionnel ? Que de questions et de réflexions à l’issue d’une sortie visant la promotion du cyclisme féminin ! Par contre, elle l’a dit : elle n’y serait pas arrivée sans son coach à ses côtés en permanence. Et elle a bien mis la semaine à récupérer…

Merci Emma d’avoir permis à Mamy de réaliser sa performance. Allez vas-y Mamy, roule !

Photos: Isabella Burczak

VALÉRIE B. – LA QUINQUA À VÉLO