L’été joue les prolongations dans les Marches

Photos: A Swiss With A Pulse

Les Marches, vous connaissez? Pour ma part, je pouvais à peine situer cette région italienne sur la carte jusqu’à il y a quelques mois. Je me représentais tout au plus un terrain montagneux au centre du pays, théâtre de ces étapes piégeuses qui rendent le Giro d’Italia tellement plus intéressant à suivre que le Tour de France.

Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir des collines dignes de la Toscane et des plages à perte de vue et quand nous avons débarqué au sud d’Ancona avec Luca, à l’invitation de Roadbike Holidays.

C’était la mi-septembre et l’été touchait à sa fin en Suisse. Nous nous réjouissions de jouer les prolongations sur la côte adriatique, et nous allions être servis. L’atmosphère était encore résolument estivale au Natural Village Resort, qui serait notre base pour cette escapade méridionale. Les vacanciers déambulaient en maillot de bain entre les bungalows et c’est sur la terrasse que nous avons dîné le premier soir, après une journée de voyage sur l’autostrada. Un buffet bien garni nous attendait, avec un plat de pâtes maison préparées devant nous. Les vacances, euh… le travail pouvait commencer!

Un dernier café avant de partir à la découverte de la région

Le lendemain matin, nous sommes partis en direction du Parco Regionale del Conero, situé au nord de notre lieu de villégiature. Après 13 km rigoureusement plats en bord de mer (chose extraordinaire pour nous qui vivons en montagne), nous sommes entrés dans le parc. A la clé, une vingtaine de kilomètres dans les collines, souvent à l’ombre de la forêt, avec de magnifiques vues sur les falaises qui surplombent la mer. Une belle découverte!

Une fois sortis du parc, nous avons pris la direction de l’ouest où nous attendaient d’autres collines. Le soleil tapait fort et nous avons été soulagés d’arriver dans le charmant village d’Ofagna. Là, sur la terrasse ombragée d’un bar, nous avons dévoré une crescia, version locale de la focaccia. Un délice que nous avons arrosé d’un Lemonsoda, boisson symbole de l’été italien.

La crescia, quelques secondes avant d’être dévorée par un cycliste affamé

Nous avions alors fait le plus dur et, au retour, nous avons pris notre temps pour admirer le paysage magnifique des collines qui s’étendent à perte de vue dans cette partie des Marches. Cette boucle, que j’avais dessinée en me basant sur des recherches sur le web, s’est avérée très sympathique malgré quelques courts secteurs avec du trafic.

Pourtant, c’est une expérience encore meilleure qui nous attendait le lendemain. Nous avions rendez-vous avec Andrea Tonti, ex coureur professionnel basé dans la région. Après une carrière qui l’a vu courir pour des équipes aussi prestigieuses que Saeco, Lampre et Quick Step, il s’est lancé dans l’organisation de séjour à vélo avec sa société Bike Division.

Il organise également une cyclosportive dans sa région, le Granfondo 5MILA Marche. Avec lui, nous allions parcourir le parcours moyen, long de 85 kilomètres. Une superbe boucle, qui nous a fait visiter les principales localités de la région: Potenza Picena, Macerata, Recanati, Porto Recanati. Entre celles-ci, de belles routes à l’écart du trafic, encore une fois au milieu des collines.

Luca et Andrea dans les rues de Potenza Picena

Une sortie avec un ex pro italien ne serait rien sans une pause café. Andrea nous a emmené à Montelupone, où nous avons pris notre cappuccino sur la terrasse située au centre de ce bourg médiéval. Un beau moment de convivialité, et une excellente opportunité de ressortir mon italien de cuisine pour évoquer les grands moments de la carrière d’Andrea. Equipier très apprécié, il fut notamment dans la squadra nazionale qui épaula Paolo Bettini et Alessandro Ballan lors de leurs titres mondiaux en 2007 et 2008.

Juste avant de revenir au Natural Village Resort, nous nous sommes encore arrêtés à Porto Recanati, qui accueille le départ et l’arrivée du granfondo. L’occasion de manger une glace à la gelateria du coin, une autre tradition italienne à laquelle nous n’allions pas couper.

A la gelateria

Merci Andrea pour cette belle journée sur les routes magnifiques des Marches. Une boucle que je peux recommander sans réserve.

Pour notre troisième et dernière journée, nous avons choisi de quitter le bord de mer et de nous diriger vers les montagnes toutes proches. J’avais repéré une boucle sur le site de Roadbike Holidays et j’étais curieux de découvrir une autre facette des Marches.

Au terme d’un court trajet en voiture, nous sommes arrivés à Caccamo, situé au nord du Parco Nazionale dei Monti Sibillini. Nous avons tout d’abord longé le pied des montagnes sur 20 kilomètres, par une très jolie route bien casse-patte, où nous avons dû croiser en tout en tout et pour tout 10 voitures.

Au pied des Monti Sibillini

Au moment de nous enfoncer dans la montagne, à Morichella, nous avons découvert de gros nuages noirs à l’horizon. Rassurés par une habitante du village occupée à faire son jardin, nous avons poursuivi notre route. Avant de courageusement battre en retraite après moins d’un kilomètre: la pluie commençait à tomber. Un coup d’oeil sur le radar de Meteo Aeronautica (la meilleure app météo en Italie, celle de l’armée de l’air) nous a appris que cette averse ne serait que passagère et que nous devrions pouvoir terminer la boucle que nous voulions faire au sec si nous attendions un moment.

Comme nous étions en Italie, il y avait évidemment un bar dans ce village minuscule. Nous nous y sommes engouffrés et en avons profité pour savourer un panino: du pain, une tranche de jambon local et un morceau de fromage. Simple et savoureux, à l’image de la cuisine italienne.

Panino et Lemonsoda

L’averse une fois passée, nous nous sommes remis en route. Les 40 kilomètres qui ont suivis furent, à mon avis, les meilleurs de notre séjour. Les Monti Sibillini, qui font partie de la chaîne des Apennins, sont des montagnes sauvages et splendides. La partie que nous avons traversée est caractérisée par des sommets arrondis, mais des pics plus acérés se profilent à l’horizon, plus au sud.

Au coeur des montagnes

Alors que nous nous trouvions à notre point culminant situé juste en dessous de 1000 mètres d’altitude, nous sommes passés à côté d’une ferme qui faisait de la vente directe de fromage. Nous nous sommes arrêtés et j’en ai profité pour acheter une belle pièce de pecorino marchigiano: c’est ma femme, grande amatrice de cette spécialité, qui allait être contente! Et le poids de ce cadeau inattendu allait s’avérer être un avantage, puisque les 35 derniers kilomètres de notre boucle étaient en descente.

De retour à la voiture, la satisfaction était de mise: quelle belle journée dans les montagnes. Et, au Natural Village Resort, un dernier apéritif sur la plage nous attendait. Une belle manière de conclure cette escapade dans une région qui se prête parfaitement pour des vacances à vélo, de préférence en début ou en fin de saison.

Quand est-ce qu’on y retourne?

Merci à Roadbike Holidays pour l’organisation de notre séjour et au Natural Village Resort pour son accueil au top.

En 2024, le Granfondo 5MILA Marche se déroulera le 22 septembre. Un joli objectif de fin de saison pour profiter de la forme accumulée durant l’été.

Alain Rumpf

Alain Rumpf

Cycliste passionné depuis plus de 35 ans, Alain Rumpf est bien connu sur les réseaux sociaux grâce à son compte « A Swiss with a Pulse » qui compte plus de 13’000 followers.

Dans une précédente vie, il a été coureur cycliste Elite et a travaillé 20 ans pour l’Union Cycliste Internationale. En 2014, il décide de quitter le confort d’un bureau pour devenir guide, photographe, rédacteur et consultant. Il collabore avec Suisse Tourisme, Haute Route, Scott, Apidura, Alpes Vaudoises, komoot, Vélo Magazine, le Tour des Stations et bien d’autres. Il dirige le site Switchback, un guide du vélo de route et du gravel dans les Alpes et au-delà. Découvrez ses projets sur son site www.aswisswithapulse.com et tous ses articles sur cycliste.ch.