Roulons sous la pluie

« Mais non c’est que du bonheur » disait-il. En parlant de ce printemps 2021 à vélo. Vraiment ?

Ah oui, quel plaisir de porter 2kg d’habits plutôt que les 200g habituels (c’est pas comme si on faisait la chasse aux grammes). Qui deviennent 4kg à la fin de la sortie quand tu t’es bien fait rincer ; mais c’est toujours plus pratique que de mettre des haltères dans le sac à dos pour potentialiser l’entraînement, pas vrai ?

Oui, enfin, tout le monde ne cherche pas la difficulté à l’entraînement. La preuve : les suceurs de roues ! Eh bien grâce à la météo du moment on les repère vite fait, ceux qui se replacent à l’arrière à chaque stop (si si, j’en connais !). Avant ils passaient incognito s’ils étaient doués; maintenant il suffit de regarder leur face à la fin de la sortie pour se dire qu’ils n’ont eu que ce qu’ils méritent !

En bonus ils vont passer plus de temps à laver leur vélo dans la baignoire (très pratique, je vous assure !). A tenter d’en venir à bout des saletés incrustées dans la transmission, armés d’une brosse et de Bike Clean, sans pouvoir échapper aux inévitables écla-boue-ssures au passage. Bien fait !

Maintenant c’est à ton tour de goûter au « que du bonheur » de ce printemps 2021 : la descente sous la pluie (quand ça n’est pas sous la neige).

Si tu fais partie des rares spécimens à préférer les freins à patins (sur jante carbone bien évidemment) car ça donne un vélo plus joueur, le véritable jeu commence au sommet du col. Plus précisément au premier virage. Tu freines. Rien. Tiens le froid aurait-il engourdi ton vélo autant que toi ? Tu freines un peu plus fort. Rien. Tu commences à avoir des doutes sur ton mécano. Et soudain ça te revient et là tu te demandes pourquoi diable tu préfères les patins !

Pendant que tes potes, les inconditionnels des disques, mettent en pratique le « ne cherche pas à éviter les gouttes, apprends à danser sous la pluie », toi tu luttes pour ta survie et tu aurais préféré les éviter, ces satanées gouttes !

Mais tu es un « guerrier », un « warrior » (jamais compris ce besoin de toujours devoir faire des trucs de ouf : une belle sortie bien appuyée au soleil par 25 degrés, ça va aussi, non ?) ; et quand tes potes te demandent ce que tu as foutu pour qu’ils se les gèlent à t’attendre depuis 15 minutes qu’ils sont en bas, tu leur rétorques d’un air décontracté et assumé : « j’ai profité du paysage pardi, il n’y a pas que la moyenne qui compte ! »

Non, c’est bien connu, il n’y a pas que la performance qui compte : personne ne cherche à faire péter sa moyenne pour frimer sur Strava !

Non, l’important c’est la bière à l’arrivée ! Oui enfin en temps normal car là tu rêves plutôt d’un bon vin chaud (oups, il paraît que c’est plus la saison). Pas très cycliste comme boisson, m’enfin on ne va quand même pas boire un thé de menthe ou bien ?

Mais ne nous plaignons pas, ça aurait pu être pire ! Oui, on aurait pu se prendre de vilains coups de soleil, avec le bronzage cycliste tant redouté et se taper la honte en maillot de bain.

Heureusement à la place on aura un beau hâle uniforme blanc éclatant.

Ouf, on a eu chaud !

Pourtant, c’est grâce à ce drôle de printemps, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, qu’il m’a été donné de voir ce si beau portrait, touchant et dégoulinant de sincérité. Alors oui, c’est que du bonheur !

Anaëlle Racine

Anaëlle s’est découvert sa véritable passion pour le vélo de route à 32 ans, en relevant le défi de participer à la Gruyère Cycling Tour contre un abonnement de ski. N’ayant pas de vélo, c’est son frère qui lui a prêté le sien pour commencer à s’entraîner. 3 semaines plus tard, elle achetait son premier vélo, et la grande histoire d’amour a commencé.
Installée en Valais Central, c’est sur Fribourg, avec le club ACC Corminboeuf dont elle fait partie, qu’elle a appris à rouler. Elle aime quand chacun participe à la réussite du groupe, apportant son énergie, sa contribution et sa sueur à chaque relais, assurant la sécurité de ses coéquipiers. Sa devise sur le vélo : souffrir avec le sourire.
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