La santé d’abord… enfin

On associe souvent le coaching sportif à la performance, aux résultats, à l’idée de toujours faire plus et mieux. Pourtant, il peut aussi servir à autre chose : apprendre à connaître son corps, comprendre ses réactions, construire un entraînement adapté, sans pour autant être obsédé par les chiffres. L’histoire de Lillie s’inscrit dans cette réalité. En mettant systématiquement ses obligations avant ses besoins, elle a fini par dépasser, sans s’en rendre compte, ses limites physiques. Le diagnostic d’un trouble hormonal auto-immune a marqué un point de rupture, mais aussi le début d’un changement profond. Avec l’accompagnement d’Amélie, elle a appris à structurer son entraînement autrement, à écouter ses sensations autant que les données, et à replacer sa santé et son bien-être au centre. Ce récit parle autant de sport que d’équilibre, de priorités et d’un apprentissage progressif de soi.

Le 1er octobre 2024, mon mari Alain m’a conduite aux urgences de l’hôpital de Rennaz. Je souffrais d’insomnies depuis juillet ; même allongée, ma fréquence cardiaque montait souvent à 110 pulsations/minute. Je n’arrivais plus à gérer les tâches les plus simples. Tout ce que je voulais, c’était dormir… mais mon corps refusait.

Depuis août 2019, je fais face à de sérieux problèmes de santé (voir cet article). Au fil des années, j’avais retrouvé un certain bien-être physique et mental. Et comme je suis motivée et ambitieuse, je n’ai cessé de pousser, et parfois trop. 2024 m’a montré que je dépasse souvent mes limites sans m’en rendre compte.

Pourtant, l’année avait bien commencé : nouveaux traitements, moins de douleurs, du ski à nouveau, et de beaux objectifs vélo (Vollgummi, Dead Ends & Dolci, Alpenbrevet Gold). Physiquement, tout semblait aller dans la bonne direction.

Le sport comme récompense

Mais j’ai un mauvais réflexe : mettre mes obligations avant mes besoins. Je considérais l’entraînement comme une récompense, pas comme une nécessité. Donc quand le travail ou la famille prenaient le dessus, l’entraînement était le premier à disparaître. Mes séances devenaient improvisées, casées au dernier moment, souvent trop intenses.

Comme beaucoup, j’ai intégré l’idée que ma valeur dépend de ce que je produis. Le stress est devenu normal. Et le repos? Seulement un luxe. Et j’ai ignoré ce que mon corps essayait de me dire.

Ignorer les signaux d’alerte

Ce mode de vie m’a rattrapée. J’étais là, à l’hôpital, épuisée et terrorisée. J’avais déjà annulé Vollgummi, l’Alpenbrevet… et Dead Ends and Dolci allait y passer. Mes ambitions cyclistes étaient terminées et j’avais besoin d’aide.

Le diagnostic est tombé : maladie de Basedow. Une affection auto-immune qui fait surproduire des hormones thyroïdiennes : cœur qui s’emballe, perte de poids, anxiété, insomnie, impression permanente d’être « en surrégime ». Et comme tous mes problèmes médicaux, probablement déclenchée par le stress.

J’ai dû admettre ce que j’évitais : je ne reconnais pas mes limites. Je vois le monde avec des lunettes roses. J’imagine toujours une fin heureuse, au point d’ignorer les signaux d’alarme. Je suis tellement orientée vers les objectifs que j’en deviens autodestructrice.

Revoir mes priorités

J’ai commencé un traitement indispensable pour calmer la surproduction d’hormones thyroïdiennes. Mais surtout, j’ai enfin réorganisé mes priorités. J’ai appris à déléguer, à trier mes tâches, à mettre mes besoins en premier. Parmi eux : retrouver une forme physique raisonnable. Mais comment, alors que j’avais déjà essayé mille méthodes ?

Fin octobre, je suis allée à un événement Ride & Talk de PSWCC. Amélie de Test’N Perf parlait de coaching et du rôle de la fréquence cardiaque pour comprendre ses limites. Et là, la claque : tout l’été, j’ai vu que ma fréquence cardiaque n’a jamais cessé à monter sur ma montre Garmin. Ma HRV s’effondrait. J’avais ignoré ces signaux… jusqu’aux urgences.

Je suis allée voir Amélie : « Est-ce que tu peux aider une femme de 45 ans, avec des limitations de santé, qui veut juste rester en forme sans prendre de risques ? » Elle a dit oui.

Données provenant de ma montre Garmin

Avoir des comptes à rendre change tout

Nous avons construit un plan simple : une séance structurée par semaine. Pas trois. Pas quatre. Une.

C’est là que j’ai compris à quel point je manquais de discipline. Je n’arrivais jamais à suivre mes propres plans plus de deux semaines. Mais devoir rendre des comptes à quelqu’un d’autre ? Ça, par contre, je sais faire. Je préférerais me décevoir mille fois plutôt que de décevoir ma coach. En la mettant en priorité, je me mettais enfin en priorité.

Amélie m’a demandé deux heures d’intensité structurée par semaine. Après des années à croire que m’entraîner = longues sorties épuisantes, ça semblait presque trop facile. Mais j’ai fait confiance. Et ça a marché.

J’ai appris à connaître mes intensités, à respecter les zones. J’ai compris que la basse intensité construit une base, régule le système nerveux, améliore la récupération. Je n’ai pas de capteur de puissance : tout se faisait à la fréquence cardiaque et au ressenti. Ça m’a obligée à écouter mon corps.

Avec ces deux heures d’intensité par semaine (complétées, bien sûr, par des sorties non structurées), j’avais soudain plus d’énergie lors des longues journées de guiding avec mes clients. Mon corps récupérait mieux. Je savais quand pousser, quand ralentir. Et surtout : j’ai enfin appris à lire mes signaux d’alarme.

Nous ajustions le plan quand nécessaire. Amélie suivait mes progrès sur TrainingPeaks. Et avec une seule séance par semaine, mais chaque semaine, tout a changé.

En 2025, je n’ai annulé aucune sortie pour cause de maladie. Sans forcément retrouver mon niveau d’avant 2019, j’ai retrouvé une constance et une force que je n’avais plus ressenties depuis longtemps. Par exemple, j’ai terminé les 140 km et 3000 m de D+ de La Reine sans me sentir au bout de ma vie. Et j’ai bouclé le mediofondo de l’UCI Granfondo Suisse une heure plus vite que l’année précédente. Tout en passant moins d’heures sur le vélo pour m’entraîner.

 

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Pourquoi pas un coach plus tôt ?

Mes excuses étaient interminables :

  • trop cher
  • je ne fais pas de compétition
  • je ne suis pas une athlète
  • je n’ai pas besoin d’être plus forte
  • je roule depuis 25 ans… je sais ce que je fais

Mais mes problèmes de santé m’ont forcée à affronter la vérité : ma mauvaise gestion des priorités détruisait mon bien-être. Comme mère, épouse, travailleuse, bénévole, humaine active, je m’étais convaincue que mes besoins passaient toujours après ceux des autres.

Toutes ces excuses me mettaient en dernier. Aujourd’hui, ma santé passe en premier. Tout le reste attend. Parce que si je ne suis pas en bonne santé, plus rien ne fonctionne.

En m’engageant à m’entraîner sérieusement deux heures par semaine et en acceptant l’aide de quelqu’un qui comprenait mon corps mieux que moi, j’ai enfin vécu une saison cycliste stable et réussie.

Garder l’élan en hiver

Quand j’ai quitté San Diego pour la Suisse en 2009, l’hiver a été un choc. Oui, on peut rouler toute l’année… mais ce n’est pas agréable. Alors j’ai appris à skier, à courir, à faire du yoga ou du pilates quand le temps est trop mauvais. En hiver, je fais tout… sauf du vélo.

Je déteste le home trainer. J’ai besoin d’être dehors. Je ne pédale pas pour rester en forme : je reste en forme pour pédaler ! Pour vivre toutes les aventures que j’imagine chaque année. Et l’hiver, je peux rester en forme grâce à d’autres sports qui me permettent de profiter du plein air.

Au printemps, j’arrive généralement en bonne forme grâce au ski, à la course à pied et au renforcement. Mais dès que la saison vélo commence, j’oublie le reste. À la fin de l’été, je peux rouler dix heures sans problème… mais je me sens molle, sans stabilité.

La prochaine étape est donc de trouver un équilibre. Créer un plan d’hiver que je puisse maintenir aussi en été. Mon objectif : deux séances structurées par semaine : une à vélo (oui, même en hiver – dehors ou sur home trainer, Amélie m’a convaincu), et une pour renforcer tout le reste. Je ne sais pas exactement comment cela va se présenter, mais je fais confiance à Amélie.

Je vous dirai au printemps comment ça s’est passé.

Et si vous avez des questions pour créer un plan adapté à votre vie, parlez-en à Amélie. Un test d’effort est généralement conseillé : il permet de définir vos zones individuelles et de cibler le travail. Amélie analyse vos réponses à l’effort pour objectiver vos capacités et identifier ce qu’il faut entraîner.

Lillie Rumpf – Cycling Heidi

Lorsque Lillie est arrivée de la Californie du Sud en Suisse romande en 2008, elle a vécu un choc culturel. L’époque des sorties « fun » était révolue. Les Suisses prenaient leur sport au sérieux. Bien trop au sérieux. Sentant que cette attitude n’était pas de nature à encourager les débutants dans le monde du vélo, elle a décidé d’apporter un peu de fun californien.

Elle a guidé pendant de nombreuses saisons la sortie « sociale » de The Bike à Lausanne et maintenant, comme guide Swiss Cycling, elle continue à organiser des aventures et ateliers techniques pour les femmes et les débutants dans la romandie. Ses balades comprennent toujours des activités d’aventure, de formation et, bien sûr, des « burgers and beer ».

Elle s’occupe également du contenu sur cycliste.ch. Contactez-la à lillie@cycliste.ch ou sur son site cyclingheidi.ch si vous souhaitez participer à ses aventures à vélo! Vous pouvez retrouvez tous ses articles ici.