100% Women Gravel Challenge ou l’art du lâcher prise

Il y a quelques jours, un groupe de femmes cyclistes extraordinaires a franchi la ligne d’arrivée du 100% Women Gravel Challenge à Montreux, après un périple de 4 jours à travers la Suisse. Pour en savoir plus sur les participantes et leur itinéraire, cliquez ici.

La performance est admirable. Mais le récit qui suit, écrit par Linda, apporte un éclairage inattendu sur cette expérience et montre combien il est précieux de profiter de ces moments passés sur le vélo en bonne compagnie.

Ecrit en anglais par Linda, traduit par cycliste.ch.

Une opportunité exceptionnelle

Lorsque j’ai reçu l’invitation de Suisse Tourisme à participer au 100% Women Gravel Challenge, j’ai acepté sans hésiter. Dès le départ, j’ai eu l’impression d’avoir tiré le ticket gagnant pour cette incroyable aventure. Le concept était simple : quatre jours pour traverser la Suisse sur un vélo de gravel, accompagnée d’un groupe de huit femmes cyclistes, le tout dans le but de montrer ce que peuvent faire les femmes sur un vélo et de mettre en avant la Suisse en tant que destination cycliste diversifiée.

C’était une occasion à saisir sans hésiter. Outre le soutien fantastique apporté par l’équipe de Suisse Tourisme, qui a répondu à tous nos besoins, c’est le calibre et la diversité du groupe qui a rendu cette opportunité vraiment spéciale. Nous avions des cyclistes sur route, des vététistes cross-country, des compétitrices de descente et d’enduro, ainsi que des professionnelles de l’industrie du cyclisme. En tant que “spécialiste du gravel/ultra cycling” dans le groupe, j’étais ravi de rouler aux côtés de certaines de mes idoles cyclistes et curieuse de voir comment je m’intégrerais.

© Andre Meier

Une introvertie entourée d’extraverties

Dès le premier jour, je me suis rapidement rendu compte que l’approche était complètement différente de celle que j’adopte habituellement pour mes courses à vélo. Je n’avais jamais autant bavardé pendant une sortie de toute ma vie. Au début, je me suis sentie dépassée et j’ai souvent trouvé du réconfort en roulant vers l’arrière du groupe, à la recherche d’un bref répit dans les échanges sociaux constants. Étonnamment, il n’y a jamais eu de stress. Nous avions toujours le temps de nous arrêter pour un café supplémentaire, de prendre de belles photos, de faire des détours ou d’explorer des single-tracks palpitants.

Je dois admettre qu’il m’a fallu un certain temps pour m’adapter. J’étais la seule à vérifier le radar météo, à m’inquiéter des orages du soir ou à jeter un coup d’œil à l’écran de mon Garmin pour surveiller notre vitesse moyenne. Le reste du groupe a adopté une attitude de laisser-faire, ou comme elles aimaient le dire: “nous pouvons repousser les nuages avec notre esprit”! Étonnamment, cette approche a semblé fonctionner. Chaque jour, nous sommes arrivées à destination à temps, nous avons évité les gros orages et nous avons miraculeusement respecté les horaires.

Peu à peu, ce style détendu a commencé à me plaire. Au fur et à mesure que je m’engageais dans des conversations (bien qu’au début à contrecœur), j’ai découvert des liens plus profonds avec mes compagnes de route. De manière inattendue, j’ai noué des liens authentiques basés sur des passions partagées, des expériences similaires et des moments drôles.

À la fin du deuxième jour, j’ai vécu un véritable moment de “lâcher prise” lorsque nous sommes tombées sur une terrasse parfaite pendant notre balade, qui proposait une variété de Schnaps réputés dont mes cyclistes expérimentées m’ont assuré qu’il s’agissait d’une véritable affaire. Alors qu’il ne restait plus que la dernière descente de la journée, j’ai accepté de bon cœur l’idée de prendre un verre au soleil. J’ai laissé de côté les soucis liés à l’heure d’arrivée et à l’optimisation de la récupération pour le lendemain, choisissant plutôt de profiter de l’instant présent sur cette terrasse et de partager cette expérience avec tout le monde.

© Andre Meier

La fête finale

Alors que nous atteignions la ligne d’arrivée à Montreux, une pluie diluvienne s’est soudainement abattue quelques instants après notre arrivée. Il semble que nous ayons vraiment repoussé les nuages. En cherchant à nous abriter sous une place couverte, nous sommes tombées sur un cours de Zumba. Encore tout excitées par notre voyage, nous avons rejoint la classe avec enthousiasme, en nous débarassant de nos chaussures de vélo et de nos casques.

L’ambiance était contagieuse et nous n’avons pu nous empêcher d’éclater de rire. Ce moment a parfaitement résumé ce que cette expérience signifiait pour moi : oui, il s’agissait de vélo, mais aussi de bien d’autres choses. Nous avons tissé des liens autour de nos passions communes, mais aussi et surtout en tant qu’êtres humains. Nous avons appris à connaître les différentes régions de la Suisse, mais aussi à nous connaître les unes les autres. À la fin de ce voyage, je suis vraiment reconnaissantd de considérer chacune de mes compagnons de voyage comme une amie, et je suis sûr qu’il y aura beaucoup d’autres kilomètres partagés à l’avenir.

À cet égard, je pense que le 100% Women Gravel Challenge a atteint son objectif. Nous avons passé un moment incroyable ensemble, soutenues par une équipe formidable, et nous avons exploré la beauté de notre pays de résidence, tout en faisant ce que nous aimons : rouler à vélo. J’espère que notre voyage inspirera d’autres femmes cyclistes à découvrir la Suisse à vélo. Elles ne le regretteront pas.

Linda Farczadi

Linda explore la Suisse à vélo depuis qu’elle a quitté le Canada pour venir s’installer ici en 2015. Mathématicienne de formation, Linda est d’abord venue à Lausanne pour un poste de recherche à l’EPFL. Elle a fait ses débuts dans le cyclisme sur route avec le Lavaux Cycling Team et a participé à plusieurs courses sur route amateurs en remportant la Haute Route Alpes en 2019. Aujourd’hui, on la retrouve surtout sur son vélo de gravel pour explorer de nouveaux horizons aux côtés de son mari Philippe. Elle cherche à rencontrer d’autres passionnés de cyclisme et à entrer en contact avec la communauté du cyclisme d’aventure au sens large.
Suivez Linda sur Instagram: @lindafarczadi