La Pink Rocket : La débutante qui a gagné la Time Megève Mont-Blanc

pink rocket

De la découverte des cyclosportives à une victoire sur la Time Megève Mont-Blanc, cette Genevoise raconte ses premieres années sur vélo.

Peux-tu te présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

Salut les riders ! Je m’appelle Emilie, tessinoise née à Genève en 1990. Après une jeunesse genevoise bercée de gymnastique et de sports divers, je me déplace à Lausanne, pour étudier à l’EHL. En parallèle, je joue quelques saisons de volleyball et engrange beaucoup d’heures de fitness, obtenant la certification de Group Fitness Instructor.

Après un passage dans une grande maison de maroquinerie de luxe, ma carrière s’oriente vers le milieu de l’Art. J’ai ainsi pu gérer les opérations et événements d’une galerie de renommée mondiale, basée à Genève et New York.

Début 2018, j’ai re-déménagé au bout du lac. L’économie réalisée en temps de déplacement m’a alors permis de commencer à me dédier à ce qui a toujours été une passion… le vélo !

Et qui est Pink Rocket ?

Pink Rocket est le surnom que m’ont donné très vite quelques amis cyclistes, en raison de mon addiction à la couleur rose et à ma vivacité.

J’ai d’ailleurs surnommé ainsi mon Bianchi Specialissima rose. Premier et fidèle compagnon d’aventures cyclistes, ce modèle m’a très judicieusement été recommandé alors que je n’avais jamais vraiment roulé. Depuis lors, nous ne faisons qu’un sur la route!

L’idée d’un Pink Rocket Team a germé, cela reste à développer. Nous sommes déjà sur Instagram @pinkrocketteam!

Comment es-tu arrivée à la pratique du cyclisme ?

C’est de famille! Mon père est passionné, il nous emmenait avec lui étant enfants. Très petits, nous faisions des «Tour du Canton». Je me souviens de la montée du barrage de Verbois comme étant si longue! Nous utilisions évidemment le vélo pour nous rendre à l’école, pratique que j’ai malheureusement dû abandonner pendant l’université. Je l’ai alors transposée au fitness, par manque de temps, en suivant chaque semaine divers cours de RPM.

En revenant à Genève en 2018, je m’y suis remise. L’acquisition de mon premier vrai vélo de course en mai 2018 marque le début de ma pratique cycliste.

L’année dernière, tu es passée de la découverte des cyclosportives à une victoire sur la Time Mégève Mont-Blanc dans des conditions météo très difficiles. Comment as-tu vécu cette progression et cette première victoire ?

Quel souvenir! La Time Megève Mont-Blanc 2019 était pratiquement ma première cyclo. Avant cela, j’avais juste participé à la MedioFondo San Gottardo 2018 et au Cyclotour du Léman 2019. Quelques jours plus tôt, j’ai appris qu’une cyclo se tiendrait autour de Megève; je me suis dit que j’y allais pour voir.

Le matin de la course, réveil à 4h et départ pour Megève. Le temps devait être couvert, mais sec. Je déchante vite. Il pleut entre le moment où je sors le vélo de la voiture et la remise des prix, 136km et 3825m D+ après.

Je ne me laisse pas démonter, j’enfile tout ce que j’ai et je me dirige au sas. Mon souvenir est que c’est parti fort et que j’ai appuyé tout le temps. Les conditions sont dantesques, nous atteignons les sommets sans nous en rendre compte. Aucune idée des routes parcourues ce jour-là. Au sommet du dernier col, il n’y a presque personne. Un garçon à côté d’une camionnette me tend un verre de thé brulant et me dit: «Fonce, tu es la première fille !». Je crois qu’il blague, je n’ai aucune idée de qui est devant ou derrière, car on ne voit rien! A la ligne d’arrivée, le speaker me félicite, je ne réalise pas trop, tellement j’ai froid et suis soulagée d’en avoir terminé.

Premier podium, aussi inattendu qu’épique !

Comment gères-tu cette saison sans cyclo pour le moment alors que ta forme est excellente ?

Alors que j’étais très excitée de participer à de nouvelles compétitions et que tout était déjà planifié, je prends cette situation comme une opportunité de m’améliorer. Cela ne fait que 2 ans que «je fais du vélo». J’ai donc tout à apprendre. On dit qu’il faut trois saisons pour se construire un fond de forme!

Comment as-tu vécu la période de confinement ? As-tu adapté ton entrainement ?

A la fois de manière très sereine au niveau personnel et sportif, et plus compliquée au niveau professionnel. J’ai parlé de la situation avec ma coach Virginie Perizzolo de SportQuest qui me suit avec professionnalisme depuis novembre 2019. Nous avons adapté les plannings en passant à du «indoor only». Le choc en termes d’heures d’entraînement était là et sans m’en rendre compte, je me suis retrouvée à faire 300km+ en une semaine sur Zwift… Il aurait été facile d’en faire trop si elle ne m’avait pas recadrée! J’ai ainsi appris que les entraînements indoor sont plus intenses et demandent d’aménager un temps de récupération adéquat pour qu’ils soient bénéfiques.

Dès que possible, j’ai recommencé à rouler dehors une fois par semaine, seule ou avec mon compagnon. Cette période a aussi coïncidé avec la fin de mon contrat avec la galerie, j’ai dès lors pu dédier toute l’énergie nécessaire à mes entraînements. Je retiens de cette situation particulière qu’elle m’a permis de réaliser le privilège inestimable de pouvoir sortir rouler à vélo dans la nature lorsque je le souhaite!

Tu es adepte de belles sorties montagneuses les week-ends. Quelle serait pour toi ta sortie de rêve?

Je rêve d’une sortie avec mon compagnon, mon frère et quelques amis, sur un parcours mythique mais sans voitures. Un long jour d’été, 150km et beaucoup de dénivelé. Découvrir la nature environnante et avoir le plaisir de la conquérir juste avec mes jambes. C’est ça pour moi atteindre un sommet. Découvrir, partager et respecter aussi. Parce que je suis consciente de l’effort demandé pour atteindre un col. Je rêve de rouler sur le plus long col du monde, en Colombie. Alto de Letras, 80.7m pour 3791m D+.

Y a-t-il un challenge cycliste que tu souhaites relever ces prochains mois/années ?

Le Tour du Mont-Blanc. Un ultra-fondo de 338km pour 8500m D+, c’est une autre discipline. Cela demande de mieux se connaître! Ce sera peut-être pour les années à venir…

A vous le relais

Plus que tout, Cycliste.ch est une communauté regroupant les cyclistes de Suisse Romande ayant une même passion : la petite reine. C’est pourquoi de temps à autres nous passons le relais à l’un d’entre vous pour qu’il s’exprime sur sa pratique, ses motivations et ses expériences. Ne soyez pas timides quand on viendra sonner à votre porte! Voir tous les articles