Lorsque je roule, il m’arrive de penser à Alexandre Dumas qui, en son temps, avait énoncé : «L’immobilité c’est la mort !».
Nous, cyclistes, avons bien saisi le sens de la mobilité, le plaisir qu’elle procure. La mobilité anime, bouge, déplace, transmet, emmène… Rouler peut alors se ressentir comme une véritable thérapie. La vitesse à laquelle notre coup de pédale nous propulse semble justement être en parfaite harmonie avec nos cinq sens, permet de capter la singularité du moment. Que ce soient les couleurs des paysages, les odeurs qui effleurent les narines ou les effets sonores créant de surprenantes pensées dans la tête, voici donc simplement et sans fioriture le cocktail parfait pour le lâcher-prise… Tout se trouve dans la nature, on vous l’a déjà dit !
Ainsi, fin juin, Céline de Roule et Voyage et moi-même avons accompagné trois dames à travers une cyclo-escapade organisée entre Vevey et Leuk-Susten sur trois journées, avec pour thématique “La nature, mon corps et moi”. L’idée partagée, concoctée par nos soins, était de proposer un séjour à vélo de courte durée pour des participants désireux de s’essayer à un mode de voyage durable et, en bonus, de lier cette expérience à une approche thérapeutique en ponctuant les journées d’ateliers sur la nutrition, la performance et le bien-être. Céline est une inconditionnelle des cyclovoyages. Pour ma part, bien que baroudant en biclou depuis des années, j’avoue que je faisais mon baptême du “voyage-à-vélo-avec-sacoches-et-tente“ !
Le voyage sensoriel commence
Nous sommes parties de la gare de Vevey un vendredi matin. Après avoir rassemblé tout le monde, organisé les affaires sur nos montures et fait un peu connaissance, nous avons roulé à travers la ville afin de gagner le bord du lac. Pour des débutantes, ces premiers quelques kilomètres en plein trafic urbain était déjà un petit défi. Avant d’arpenter le chemin pour de bon, nous avons proposé un résumé des bases de la sécurité cyclable, à savoir vérifier l’état de sa monture de manière ludique. Pour se mettre en condition, physique et mentale, nous avons amené des interrogations telles que : quels muscles allons-nous utiliser, quelles articulations et quels organes vont être sollicités, de quoi avons-nous besoin pour avancer en toute quiétude, sommes-nous motivées et honnêtes avec nous-mêmes ?
Assez rapidement se pose la question du chargement et des éventuels choses inutiles. Le poids du vélo est un indéniable paramètre à considérer. Si l’on manque de pratique, on aura vite des surprises lorsqu’il faudra rattraper le déséquilibre de sa “monture-avec-sacoches-surchargées“. Il est judicieux de répartir le poids, non seulement entre la gauche et la droite du vélo mais aussi entre l’avant et l’arrière (mono-sacoche blindées sur un côté à bannir !). Une fois en route, on évitera absolument toutes pentes en dévers sur les chaussées entraînant une chute inévitable… cela peut paraître idiot mais ça fait surtout mal !
Pour le dîner du premier jour, les instructions avaient été envoyées à l’avance, invitant chacune à aller faire ses propres courses en toute conscience. Le but de l’atelier du midi était de comprendre pourquoi privilégier certains aliments pendant la journée d’un voyage à vélo. J’ai proposé un pique-nique composé d’un sandwich de pain (de maïs, d’épeautre ou aux céréales) avec trois tranches de jambon de dinde/poulet (ou tofu pour les veggies), tartiné de fromage blanc et avec des rondelles de tomate ou courgette. Un œuf dur et un mélange de fruits secs complétaient le repas en cas de grosse faim. Comme boisson, l’eau reste impérative mais de l’eau de coco peut aider à la réhydratation ou de la tisane préparée en avance. La journée fut bien ensoleillée, les pauses pour remplir les gourdes ont d’ailleurs rythmé la cadence.
Arrivées au camping, après Saint-Maurice, nous avons prié pour que la pluie nous laisse tranquille mais elle a ne nous a accordé que le temps de monter les tentes au sec (déjà un bon point !), puis de se réfugier sous le couvert pour préparer le souper. Cela nous a mis directement au pied du mur question contrainte : gérer les caprices du temps, organiser ses affaires pour qu’elles restent sèches et confortables, trouver des combines… Pour l’atelier de soir, il fallait réfléchir à un repas équilibré en mode camping.
En plein effort physique, notre corps a besoin de matière non seulement pour avancer mais aussi pour récupérer. Nous avons cuisiné une salade de quinoa avec de l’avocat, des tomates, des oignons frais, du gingembre, de la pomme, assaisonnée de citron et huile d’olive, accompagnée de sardines en boîte. Nous disposions ainsi de plusieurs sortes de protéines végétales et animales ainsi que d’oméga 3 (acides gras essentiels), de vitamines C (anti-oxydant), d’apport anti-inflammatoire, de zinc, de glucides. Ce menu répondait à nos besoins par rapport à nos dépenses énergétiques de la journée et aux réactions métaboliques utilisées.
Dormir sous tente par une pluie diluvienne et en grelottant de froid n’est franchement pas merveilleux et peut mettre les nerfs à rude épreuve. Pour le repos, on repassera… Il est alors salvateur de compter sur la pensée positive et s’imaginer sur une plage au soleil afin d’espérer trouver le sommeil. La prochaine fois, je prévois une couche supplémentaire à mon pyjama et éventuellement mes Air Pods (sarcasme) pour me bercer vers Morphée…
Jour 2
Le samedi nous roulons sous un soleil de plomb entre Saint Maurice et Sion, bravant quelques aléas tel que le porte-bagages qui s’affaisse ou des vestes qui volent des sacoches en pleine vitesse : freinage d’urgence à maîtriser ! Ne jamais oublier son multitools en plus des traditionnelles chambres à air, puis surtout, garder son calme et réfléchir sans précipitation. Les fontaines ponctuent notre itinéraire nous accordant ainsi des petites pauses de rires et d’anecdotes…
Le dîner du deuxième jour s’organise finalement à Fully ou nous profitons de l’espace vert pour faire sécher les tentes. En cuisinant, nous prenons le temps de discuter de l’importance d’apprendre à élaborer soi-même son assiette-santé optimum. Les participantes posent pleines de questions pertinentes, par rapport à leur vécus, leurs croyances, leurs attentes. L’échange est vraiment riche et agréable. Mes conseils sont sincèrement les bienvenus et cela nous remplit de gratitude et de motivation. En route vers les profondeurs du Valais, les filles se régalent de la beauté des paysages et roulent la tête en l’air (parfois un peu trop !).
Vers 17 heures à Sion, l’orage se déchaîne et nous arrivons détrempées au camping. Le plaisir est une notion à entretenir. Le voyage à vélo ne doit pas devenir une punition. Même les moments les plus sauvages ou décourageants amènent une réflexion positive. Pas question donc de se priver de la petite bière de récupération que l’on mérite largement et de s’accorder une trêve, tant physique que psychique. Le souper se compose de graines de sarrasin avec divers accompagnements : du tsasiki, de la sauce tomate, du houmous à la betterave, du thon et du soja, ainsi qu’un fruit et du chocolat noir en dessert. Ainsi, nous mangeons un maximum de nutriments, minéraux et vitamines pour gâter la gourmandise de nos petites cellules productrices d’énergie, de force, d’équilibre, également de sommeil…
Dernier jour
Après une douce nuit, nous partons au sec défier la montée vers Flanthey entre Sion et Sierre. Lorsqu’il faut de la force dans les muscles, on opte pour l’indispensable banane (apport en magnésium) et des crackers offrant les glucides immédiatement disponibles pour la production d’ATP (l’énergie organique) mais dépourvus (presque) de toutes saloperies chimiques. A éviter ces inventions de “barres protéinées” achetées en supermarché, ne répondant aucunement aux besoins vitaux des humains, seulement à ceux financiers des super-puissances industrielles.
En pleine montée nous ne pouvons plus ignorer que nous roulons accompagnées de nos sacoches… C’est un peu comme être enceinte (pardon messieurs), impossible d’oublier que l’on est plusieurs à se trimballer à la force de la même paire de jambes ! Il est conseillé d’appréhender ce challenge comme personnel et de s’autoriser à le vivre à son rythme puis laisser passer ses pensées sans insistance. Au bout du compte, il ne s’agit pas uniquement de grimper la montagne, c’est peut-être aussi franchir une petite étape de sa vie. N’avez-vous pas, amis vélotistes, déjà rencontré la symbolique ? Qui ne rêve pas d’avoir la capacité de grimper l’immensité des montagnes ? En réalité, nous le faisons tous un peu chaque jour… Lorsque l’on revient d’un nouvel itinéraire à vélo accompli, n’a-t-on pas la sensation d’avoir aussi quelque peu avancer sur notre chemin ? Je crois que ce jour-là nous ne sommes pas arrivées seulement à Flanthey…
Comme il est essentiel de stimuler la découverte, sensation dynamisant la production d’adrénaline, nous avons choisi de traverser la forêt de Finges, au lieu de prendre la route. De plus, le fait de diversifier le terrain sur lequel nos roues se posent oblige les capacités d’adaptation, d’anticipation et de psychomotricité, une méthode simple offrant un véritable bonus à l’intégrité des fonctions cognitives, celles-là même que nous devons bichonner pour espérer ralentir le dégénérescence, ou l’usure normale de la vieillesse. Pendant cette bonne heure de chemins style gravel tout le monde avait 14 ans à nouveau dans la tête, et ça c’est bon !
Nous avions évité les produits laitiers tout le séjour, aliments relativement inadaptés avant l’effort musculaire et encore moins pendant l’endurance – en effet, plus l’on vieillit moins l’on dispose de l’enzyme lactase permettant de digérer le lactose (sucre du lait) engendrant des désordres intestinaux. Mais une fois arrivées à Susten et au vu de la chaleur ambiante, nous nous sommes accordées une belle coupe de glace artisanale ! En plus du plaisir procuré par cette chouette récompense, elle nous permet d’entamer la phase de récupération, un peu de calcium afin de nourrir tous ces petits muscles qui ont bien travaillés les derniers jours. Maintenant que le système digestif peut œuvrer en toute quiétude, permettons lui d’ingérer des aliments un peu plus « sucrés », il saura quoi en faire. Mais avec parcimonie toujours.
Au final, chacune d’entre nous, accompagnante ou accompagnée, étions en quête d’une réalisation personnelle à travers ce séjour à vélo. Consciemment ou non, nous avons trouvé sur cette route partagée un bout de réponse à quelque chose dont nous avions certainement besoin, nous permettant de continuer d’avancer, non seulement avec nos biclous mais aussi sur notre parcours que tant qu’individu. Lors d’un tel périple, les liens amicaux, même s’ils sont peut-être éphémères, nous rendent confiants sur les valeurs basiques de l’être humain et sur la sens de la vie. Nous en ressortons bien nourries, à tous les niveaux… Et bien, c’est cela la vélothérapie !
L’astuce du cycliste heureux
Avec la chaleur, il arrive que l’on soit gêné par une sensation de jambes lourdes avant, pendant ou après la balade à vélo. Une synergie en spray d’hydrolats de lentisque Pistachier, de poivre noir et de menthe poivrée soulagera la circulation (3 à 4 fois par jour, en application directe sur les zones sensibles). En plus, pour la motivation, elle est énergisante.
Apprendre à composer son assiette-santé à l’aide de thématiques. Par exemple, pour la confiance, on privilégie des aliments riches en fibres (entretien du microbiote et donc des hormones du bonheur), en magnésium (la détente), en Zinc (croissance et équilibre) et en vitamine E (anti-oxydant, réduit les possibles effets délétères du sport). Si l’on recherche la force, on opte pour les nutriments suivants : les protéines (plutôt végétales, éléments constitutifs), les glucides (énergie immédiate), du calcium végétal (force musculaire) et le vitamine C (anti-oxydant).
Julia Delattre – Fix Yourself
Julia aime pédaler depuis toute petite, surtout pour s’évader. Née en Bretagne et Villardou d’adoption, elle vit sur le plateau avec son fils depuis 2011 ou elle profite pleinement de ce terrain de jeu incroyable, pour la rando, la course à pied, le vélo ou simplement la méditation.
La vocation de Julia étant de transmettre les émotions ressentis grâce au mouvement (oui, elle ne tient pas en place !), elle a terminé en 2019 une formation complémentaire de conseillère en naturopathie spécialisée dans la nutrition et les performances. De nature altruiste, elle aime particulièrement décortiquer le fonctionnement holistique de l’humain et partager ses connaissances et savoir-faire.
Vous pouvez contacter Julia sur son site Fix Yourself et voir tous ses articles ici.