A vous le relais : Virginie Perizzolo

© valescandolara
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Avec ses yeux pleins d’innocence, ses 163 centimètres et ses 50 kilos, on ne s’en méfierait pas, pourtant, Virginie Perizzolo est la coureuse à garder à l’oeil en course et ce, peu importe la discipline.

A 29 ans, elle a déjà pu représenter la Suisse aux championnats d’Europe de VTT cross-country et du Monde en VTT Marathon, elle a remporté le Grand Raid Hérémence-Grimentz chez les femmes élites en 2015 et 2016, a été décernée championne romande sur route en 2014 et 2016 ainsi que championne romande du contre-la-montre en 2018. Avec des médailles de bronze aux championnats suisses 2016 et 2018 dans les disciplines d’omnium et scratch, une médaille d’argent au championnat suisse piste de la madison ainsi que des sélections aux championnats d’Europe Elites sur piste en 2015 et 2016, la pierre manquant à l’édifice était le passage dans le WorldTour Féminin, chose faite en 2019.

© Facebook Virginie Perizzolo

Ainsi, après avoir brillamment obtenu son doctorat en neurosciences à l’Université de Genève en 2018, ce sont deux autres challenges de grande envergure qu’elle s’est lancée cette année : faire ses premiers pas dans le cyclisme professionnel féminin et endosser le rôle de préparatrice physique et entraîneur cycliste chez SportQuest.

Il faut croire que la Cogeas Compressport Cycling Team est un véritable tremplin vers le WorldTour. Après Elise Chabbey, tu es la deuxième fille à rejoindre une équipe professionnelle. Au niveau de la charge d’entraînement, as-tu du procéder à beaucoup de changements ?

Après avoir terminé mon doctorat, j’ai eu plus de temps à disposition et pu augmenter ma charge d’entraînements. J’ai moins de stress, ce qui me permet aussi de mieux récupérer des entraînements. Cet hiver, j’ai changé d’entraineur (Loïc Hugentobler), fait moins de piste et effectué une bonne préparation hivernale, qui m’a aidée à passer un palier dès le début de saison. Je suis passée pro chez Cogeas Mettler Pro Cycling Team en avril mais n’ai pas vraiment changé ma manière de m’entrainer depuis. Loic me planifie régulièrement des sorties plus longues car la distance sur les épreuves UCI est plus conséquente que sur les courses nationales, mais en termes d’intensité, ça reste assez similaire.

© Instagram Virginie Perizzolo

Tu viens de rentrer de Californie. Quels ont été tes meilleurs moments ? Les plus difficiles ?

Parmi les meilleurs moments, j’ai beaucoup apprécié d’être plongée dans ce monde professionnel, où tout ce que l’on fait pendant les journées est calculé autour de la course (reconnaissance des parcours, briefing, repas, temps libre, massage, étude des parcours…). C’est un métier à part entière. J’ai également apprécié de rouler dans le peloton pro où tout est parfaitement ordonné, où bien sûr il faut faire sa place. On voit au rythme de course, à la manière de rouler et de se positionner que c’est professionnel, que rien n’est laissé au hasard à aucun moment.

Concernant les moments difficiles, il n’y a aucun cadeau dans le peloton pro et toutes les opportunités à prendre un avantage sont utilisées. Par exemple, une attaque juste avant la zone de ravito pour empêcher les équipes de se ravitailler et qui devront donc soit descendre à la voiture ou soit ne plus boire pendant un tour de circuit.

A titre personnel, je n’ai pas été très chanceuse avec un gros refroidissement au Tour de Californie puis une chute sur les épreuves UCI de Winston Salem, alors ce n’était pas facile à gérer à ce niveau. Mais ça fait partie du jeu et il y a toujours un apprentissage qui ressort des moments difficiles.

©snowymountainphotography

Tu exerces désormais en tant que préparatrice physique et entraîneur cycliste chez SportQuest à Genève. En tant qu’une des rares « coachs » féminines dans le milieu, penses-tu avoir plus de peine à t’imposer et à inspirer la confiance des clients ?

Non je n’ai pas ressenti de peine à m’imposer, même si le cyclisme est parfois un milieu assez macho. Je suis très reconnaissante de la confiance que les clients et mes collègues m’ont accordé dès mes débuts chez SportQuest. A mon avis, il faut considérer un entraîneur par le travail qu’il fournit et selon ses compétences et ce serait dommage de se limiter à son genre. La majorité des cyclistes savent faire la part des choses ;). Le fait que j’ai pas mal expérience dans le milieu du cyclisme (20 ans de compétitions dans trois disciplines différentes) et que je connaisse bien le fonctionnement et les besoins des cyclistes sont probablement aussi des avantages pour m’imposer dans ce métier.

© Loïc Hugentobler

Etant mariée à Loïc Perizzolo, le vélo fait partie de tes loisirs, de ton métier, de ton mariage et de ton cercle d’amis. T’arrive-t-il de pratiquer d’autres sports ? Notamment à l’inter-saison ?

Même si c’est vrai que le vélo prend une place très importante dans mon quotidien, j’ai quand même d’autres centres d’intérêt et des amis qui ne sont pas cyclistes ou sportifs. Je travaille toujours dans le milieu des neurosciences comme post-doctorante à un faible pourcentage et cela me permet de garder un équilibre.

Au niveau du sport, j’aime bien la course à pied, la marche, le ski de fond, les raquettes ou la natation mais rarement l’occasion d’en faire, surtout en saison. En période de compétitions, je fais seulement de la préparation physique en salle en parallèle du vélo. J’aurai le temps de varier les sports le jour où je ferai moins de vélo.

© Virginie Perizzolo

Propos recueillis par Kelly Grilo

 

A vous le relais

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