Le Valais voit la vie en rose

C’est parti! Le Giro s’est élancé du littoral des Abruzzes samedi et, à l’heure où nous écrivons ces lignes, Remco Evenepoel est solidement installé en tête du général. Le Valais, quant à lui, s’attelle aux derniers préparatifs pour accueillir la corsa rosa les 19 et 20 mai lors du week end de l’Ascension.

Le 19 mai, les coureurs arriveront de Borgofranco d’Ivrea pour se disputer la victoire d’étape à Crans-Montana. Il reste des incertitudes sur le passage du Col du Grand Saint-Bernard, toit du Giro 2023 avec ses 2469 mètres. Un territoire qui se prête davantage au ski de randonnée qu’au vélo à cette période de l’année… mais qui promet des images spectaculaires et qui sera la « Cima Coppi » si la météo joue le jeu. Mise à jour du 16 mai: on sait maintenant que le col restera fermé et que la course devra passer par le tunnel.

Les célèbres peluches du col resteront au chaud le 19 mai...

Les images en provenance de la Croix de Coeur, seconde difficulté de la journée avec ses 2174 mètres, sont spectaculaires mais rassurantes: les travaux de déneigement vont bon train et le show devrait être magnifique entre le Val de Bagnes et la Tzoumaz.

J’ai reconnu le parcours entre le Châble et Riddes juste avant l’arrivée de l’hiver dans le cadre d’un reportage pour Cyclist Magazine et j’ai pu me rendre compte de ce qui attend les coureurs. En bref: ce sera du Giro pur sucre! 

En 2009, le Tour de France s’était sagement arrêté à Verbier, où Alberto Contador avait remporté une magnifique victoire d’étape. Le 19 mai, ce ne sera que le début. Après les 8 premiers kilomètres de l’ascension sur la route large qui mène à Verbier, le peloton (où ce qu’il en reste) s’engagera sur l’étroite bande d’asphalte irrégulier qui mène au col situé 600 mètres plus haut. Le pourcentage sera plus sévère (un bon 9-10% par endroits) et la vue sera absolument magnifique sur les sommets environnants.

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Les coureurs n’auront pas le temps de l’admirer et je me réjouis de voir les stratégies qui se dessineront dans l’ascension. En effet, la bagarre se poursuivra au-delà du sommet: la descente vers la Tzoumaz s’annonce à mon sens presque plus difficile que la montée.

Pourquoi? Toutes celles et ceux qui ont emprunté ce secteur à la montée lors du Tour des Stations le confirmeront: la route est étroite, elle tourne beaucoup et surtout, le revêtement est piégeux. Comme je l’ai dit plus haut: un parcours digne du Giro, propre aux embuscades… Un favori isolé ou lâché sera en difficulté car après le retour sur une chaussée lisse et large à la Tzoumaz, il restera 35km jusqu’au pied de l’ascension finale. Les coéquipiers auront du mal à revenir de l’arrière.

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L’ascension finale, parlons-en. J’ai eu la chance de la faire à vélo lors d’une récente journée de presse avec Steve Morabito, qui pilote de main de maître la visite du Giro en Valais.  Nous étions accompagnés des skieurs Candide Pralong et Luca Aerni, ce qui a donné lieu à des échanges très sympathiques. Je n’étais jamais monté par Lens et j’ai été conquis par ces 14 kilomètres: les premiers lacets dans les vignes sont raides et promettent un beau spectacle. En effet, c’est là que les équipiers qui auront passé la Croix de Coeur avec les meilleurs imprimeront un train d’enfer pour réduire le groupe de tête. On pourrait même assister à une attaque d’un favori car c’est là que les écarts se feront… Après Lens, la pente s’adoucit et il sera en effet difficile de faire la différence. 

Dans la montée vers Lens avec Steve, Candide et Luca. Photo: Anthony Vuignier

Alors, Remco va-t-il asseoir sa domination? Primoz en profitera-t-il pour combler son retard au général et mettre la pression à l’orée de la dernière semaine du Giro, souvent décisive? Quoi qu’il en soit, le spectacle sera magnifique! Vous pourrez bien sûr le voir à la TV, mais quoi de mieux que d’aller au bord de la route pour voir passer les coureurs?

Dès midi, les animations se succéderont sur la zone d’arrivée à Crans-Montana. Et le comité d’organisation a tout fait pour faciliter l’accès des spectateurs: des parkings à vélo sécurisés et des transports publics entre Sierre et Montana renforcés et gratuits de 13h à minuit! De plus, des zones spectateurs seront aménagées à Verbier, à la Croix de Coeur, à Riddes (arrêt de la caravane publicitaire), à Flanthey, à Lens et à l’arrivée. 

Le lendemain, le Giro repartira de Sierre en direction de Cassano Magnago via le col du Simplon. Là aussi, des animations seront en place dès 11h avant le départ prévu à 12h05. Steve Morabito nous donne un tuyau: “Les bus des équipes devront partir tôt pour passer le Simplon avant la course. Les coureurs devront donc en descendre plus tôt que d’habitude et le public pourra ainsi les voir plus longtemps”. Il y aura aussi de la restauration, des animations (concerts, démonstrations) et un espace avec grand écran à l’Hôtel de Ville, pour suivre la fin de l’étape en direct.

Et une fois le peloton reparti vers l’Italie, les pratiquants ne seront pas en reste: un Ride the Alps spécial leur permettra de relier Sierre à Crans-Montana sur une route fermée à la circulation dès 12h30! De quoi terminer en beauté ces deux jours de fête à vivre en famille, entre amis, à vélo ou avec les transports en commun. 

Retrouvez le parcours des étapes, la tabelle horaire et toutes les infos pratiques sur la visite du Giro en Valais ici: www.girovalais.ch 

Et pour découvrir ce que la région de Crans-Montana offre aux cyclistes, c’est par ici: https://www.crans-montana.ch/fr/velo_de_route/ . On y trouve des parcours, ainsi que des infos sur les bike hotels, les magasins de vélos et tout ce qu’il faut pour organiser son séjour. Et n’oublions pas non plus l’offre vélo 100% féminine proposée par Nathalie!

Le mot de la fin appartient à Steve Morabito: “A l’Ascension, les Valaisans vont en Italie. Cette année, c’est l’Italie qui s’invite en Valais!”

Photo: Anthony Vuignier
Alain Rumpf

Alain Rumpf

Cycliste passionné depuis plus de 35 ans, Alain Rumpf est bien connu sur les réseaux sociaux grâce à son compte « A Swiss with a Pulse » qui compte plus de 13’000 followers.

Dans une précédente vie, il a été coureur cycliste Elite et a travaillé 20 ans pour l’Union Cycliste Internationale. En 2014, il décide de quitter le confort d’un bureau pour devenir guide, photographe, rédacteur et consultant. Il collabore avec Velocio, Cyclist Magazine, Scott, Alpes Vaudoises, Vélo Magazine, le Tour des Stations et bien d’autres. Il dirige le site Switchback, un guide du vélo de route et du gravel dans les Alpes et au-delà. Découvrez ses projets sur son site www.aswisswithapulse.com et tous ses articles sur cycliste.ch.