Gravel alpin au Tessin : bikepacking d’Airolo à Bellinzone

Un tour de cabane en cabane à travers des sentiers sauvages et panoramiques, ponctué de belles ascensions

Le Tessin est l’un de mes endroits préférés pour rouler. Derrière les lacs baignés de soleil et les promenades bordées de palmiers de la Suisse italienne se cache une facette plus sauvage, que je n’ai découverte que récemment lors d’un événement de bikepacking appelé Dead Ends e Dolci : sommets dramatiques, montées sur des routes tranquilles et sentiers gravel cachés dans des vallées secrètes qui semblent faites pour l’exploration. À chaque coup de pédale, le contraste entre le charme méditerranéen et l’aventure alpine devient plus saisissant.

Avec Stefano Bergamaschi, expert local et guide chez BikePort, j’ai imaginé un itinéraire gravel de trois jours, de cabane en cabane, pour révéler la beauté brute du nord du Tessin. Je l’ai ensuite parcouru avec mon amie Kaddy, et oui : ce tour de gravel alpin a tenu toutes ses promesses. D’Airolo à Bellinzone, nous avons profité de la quintessence du gravel en Suisse : superbes sentiers, panoramas changeants et ascensions suffisamment corsées pour savourer pleinement les spécialités locales que nous avons pu déguster en route.

Le bikepacking de cabane en cabane a aussi quelque chose de vraiment unique. On laisse derrière soi le bruit et le chaos du quotidien pour retrouver un rythme simple : rouler sur de magnifiques sentiers, bien manger, dormir dans des lieux reculés. Une forme de simplicité qui vous accompagne longtemps après le voyage.

Faites défiler pour découvrir l’itinéraire complet avec gpx, cartes, conseils, descriptions et photos. Et si vous souhaitez comprendre plus en détail comment cette aventure gravel de trois jours en Suisse a vu le jour – et ce que cela fait de la vivre – vous pouvez lire l’article associé ici.

Alain

Pour qui ?

Cette expérience s’adresse aux cyclistes en bonne forme, disposant d’une bonne technique… et d’un vrai esprit d’aventure. Les distances peuvent sembler modestes, mais le terrain et le dénivelé en font un parcours exigeant – et incroyablement gratifiant – de gravel alpin en Suisse.

Les points forts

• La mythique route de la Tremola et ses lacets pavés – un incontournable pour les cyclistes gravel et route en Suisse.
• Le gâteau à la châtaigne sur la terrasse de la Capanna Cadagno.
• La montée gravel sauvage du Passo dell’Uomo, suivie de la descente cahoteuse vers le col du Lukmanier.
• La vue depuis la Capanna Adula.
• La longue descente de la Capanna Gesero jusqu’à Bellinzona.

Quand partir ? La meilleure saison

Les cabanes de montagne sont généralement ouvertes de fin mai à la mi–/fin octobre. Cependant, l’itinéraire dépasse plusieurs fois les 2’000 mètres, donc vérifiez toujours l’enneigement (surtout au printemps), l’ouverture des cabanes et les prévisions météo avant de partir.

Pour du gravel bikepacking alpin au Tessin, la fin de l’été et le début de l’automne offrent en général les conditions les plus stables. Mais cela reste relatif : nous avons fait ce parcours à la mi-septembre… et il a neigé la semaine suivante !

Accès et logistique

• Transports publics : Airolo et Bellinzona sont facilement accessibles en train. Le long de l’itinéraire, il est possible de prendre un bus ou un train à plusieurs endroits pour raccourcir l’étape. Consultez l’horaire ici ou téléchargez l’app CFF.
• GPX/KML : une trace GPX est indispensable pour naviguer sur cet itinéraire de bikepacking.
• Ravitaillement : vous trouverez des restaurants et des commerces dans la plupart des villages, mais pas sur les longues montées alpines typiques des parcours gravel dans les Alpes suisses. Donc… faites le plein avant d’attaquer les ascensions.
• Hébergement : pour vivre pleinement l’expérience de cabane en cabane, dormez dans les refuges mentionnés dans l’itinéraire. Pensez à réserver à l’avance.

Équipement recommandé

Pour réussir un itinéraire de bikepacking gravel alpin en Suisse :

• Vélo gravel ou VTT avec pneus larges (40 mm+), petits développements pour les montées alpines (ratio <0.8).
• Sacoches de bikepacking légères et bien fixées, idéalement étanches.
• GPS / smartphone + cartes offline pour la navigation.
• Vêtements multicouches pour météo changeante en montagne.
• Kit de réparation minimum: démonte-pneus, chambres à air, pompe, multi-outil.
• Des chaussures de gravel ou de VTT avec une semelle adaptée, car vous devrez marcher sur les sections les plus raides et techniques.
• Des vêtements adaptés aux changements rapides de météo en montagne, ainsi que l’équipement de sécurité essentiel en cas de mauvaises conditions.
• Un éclairage avant et arrière pour les tunnels, les départs matinaux et d’éventuelles arrivées tardives selon votre rythme.

Jour 1: Airolo-Capanna Cadagno

Arrivés la veille en train à Airolo, Kaddy et moi avions passé une bonne nuit à l’Hotel Forni. Le lendemain matin, notre journée débutait par l’une des plus belles ascensions alpines : le col du Gothard par l’emblématique Via Tremola. Je l’ai montée et photographiée d’innombrables fois, mais c’était la première sur un vélo de gravel — parfait pour rouler sur les pavés qui couvrent les six derniers kilomètres et pour profiter des multiples lacets qui rendent cette route si mythique.

Au sommet, après avoir profité du joyeux chaos typique des grands cols alpins, nous avons tourné à droite sur une petite route au lieu de plonger comme d’habitude vers Andermatt. Notre objectif : le Passo Scimfuss, à 2’241 mètres, au cœur d’un splendide paysage de haute montagne. Mis à part quelques cyclistes et randonneurs profitant de cette journée d’automne dorée, nous nous sommes rapidement retrouvés complètement seuls.

La descente vers la Val Canaria était raide et parfois technique, mais nous avons réussi à tout passer sur le vélo. Une fois au fond de la vallée, au niveau de la rivière, nous avons choisi de remonter à gauche par une section raide en mode hike-a-bike pour rejoindre la route qui mène au Lago Ritóm. Si vous préférez rester sur votre vélo, vous pouvez suivre l’itinéraire VTT 65 de SuisseMobile : il descend jusqu’à Valle avant de remonter — prévoyez alors environ 200 mètres de dénivelé supplémentaire.

En arrivant au lac, dont les eaux bleu profond scintillaient sous la lumière de l’après-midi, quelques kilomètres encore nous ont conduits à notre destination du jour : la Capanna (cabane) Cadagno, un magnifique refuge moderne situé dans le Val Piora. Place à la vie en cabane : une part de gâteau et une bière sur la terrasse, à profiter des derniers rayons au pied de sommets majestueux, avant de s’installer au dortoir et de savourer une généreuse polenta préparée par le gardien et son équipe.

Points de ravitaillement principaux : Col du Gothard (km 13), Piora (km 34)

Hébergement la veille à Airolo : Hotel Forni

Cabane : Capanna Cadagno

Jour 2: Capanna Cadagno – Capanna Adula

La deuxième journée a commencé dans la lumière chaude du soleil levant, en direction du Passo dell’Uomo (2’210 mètres). La montée était presque entièrement roulable, avec seulement un court passage en hike-a-bike — mais dans un décor pareil, on oublie vite la pente.

La descente vers le col du Lukmanier suit une ancienne route militaire : irrégulière, parfois raide, mais totalement roulable avec un peu de technique, et surtout incroyablement panoramique. Au loin, les eaux du Lago di Sontga Maria scintillaient dans la lumière du matin. Après une pause café–gâteau à l’Hospice Santa Maria au sommet du col, nous avons poursuivi en direction d’Olivone.

Nous avons choisi de suivre l’itinéraire VTT balisé, et ce n’était pas notre meilleure idée. Le terrain était bien trop cassant pour être agréable en gravel — et pourtant, nous sommes deux adeptes convaincus du underbiking. Sur notre trace GPX, nous n’avons conservé que les sections que nous jugeons roulables, mais il est tout à fait possible de descendre entièrement par la route asphaltée.

À Olivone, nous avons dégusté les excellents sandwiches préparés par le gardien de la Capanna Cadagno et fait le plein pour la longue ascension à venir — le dernier point de ravitaillement de la journée. Malheureusement, la belle route gravel quittant Olivone était barrée par un important éboulement, nous obligeant à prendre la route principale et le tunnel de Toïra pour rejoindre le pied de la montée vers le barrage de Luzzone.

Au sommet, un petit jeu de piste nous attendait pour trouver les bons tunnels — parmi sept (!) creusés dans la montagne dans toutes les directions — permettant d’entrer dans la Val Carrasin. La dernière portion, huit kilomètres de gravel dans cette vallée hors du temps, fut splendide mais exigeante, alors que la faim commençait sérieusement à se faire sentir.

Heureusement, la Capanna Adula nous attendait avec bière et gâteau sur la terrasse, face à la vallée de Blenio et aux sommets tout autour. Le dîner, un copieux plat de pizzoccheri, partagé avec quelques randonneurs surpris de croiser des cyclistes à une telle altitude, incarnait parfaitement l’esprit du gravel alpin.

Points de ravitaillement principaux : col du Lukmanier (km 10), Olivone (km 26)

Cabane : Capanna Adula CAS (à ne pas confondre avec la Capanna Adula UTOE, située dans le même secteur mais hors itinéraire)

Jour 3: Capanna Adula – Bellinzone

En quittant la Capanna Adula, nous avons choisi la descente directe : une longue section de 75 minutes en hike-a-bike sur un sentier étroit et raide plongeant directement dans la Valle di Blenio en direction de Dangio. Si ça ne vous semble pas très fun, vous pouvez revenir sur vos pas jusqu’à Olivone par la même route que la veille, puis suivre la route principale de la vallée de Blenio pour rejoindre l’itinéraire. Tout aussi beau… et pas plus lent.

Nous avons atteint Biasca par de petites routes tranquilles, en traversant une série de charmants villages loin du trafic. Le lunch était bien mérité : de délicieux gnocchi, suivis d’un espresso pour célébrer notre retour dans la plaine.

De là, l’itinéraire a suivi la Valle Leventina sur une vingtaine de kilomètres. Nous avons exploré de nombreux sentiers pour repérer des passages de gravel, pas tous dignes d’être recommandés. La trace GPX que nous partageons trouve, selon nous, le bon équilibre entre sections gravel fluides et rythme efficace dans la vallée.

Pourquoi maintenir le rythme ? Parce qu’une ascension sérieuse nous attendait : celle menant à la Capanna Gesero, 18 kilomètres et plus de 1’600 mètres de dénivelé positif. La pente était implacable, serpentant sur une route forestière sans trafic, avec, évidemment, une dernière surprise près du sommet : 1,5 km de hike-a-bike pour atteindre la cabane elle-même et, bien sûr, des vues à couper le souffle en récompense.

Après une bière (sans alcool) bien méritée, il fallait redescendre avant la tombée de la nuit et rentrer chez nous. Dommage : nous aurions aimé passer une troisième nuit en cabane pour justifier cette rude ascension.

Un bon repas, un sommeil paisible, et une descente joyeuse vers Bellinzone pour un cappuccino avant de prendre le train auraient été la manière parfaite de prolonger notre séjour dans le Tessin – ce que nous recommandons vivement.

Points de ravitaillement principaux : nombreuses options jusqu’à Roveredo (km 55), puis rien jusqu’à la Capanna Gesero

Cabane de montagne : Capanna Gesero.

Télécharger l’itinéraire