Kelly Grilo Blog

Là d’où je viens

Hello tout le monde ! Alors, très honnêtement je dois vous avouer que je ne sais pas par quoi commencer. Me voilà devant mon ordinateur en train de réfléchir à la manière dont je devrais me présenter à vous ainsi qu’au monde. Cela va être un peu compliqué de vous dire qui je suis car moi-même je suis encore à la recherche de la réponse à cette question. Cela vous semble bizarre n’est-ce pas ? Comment cela peut-il être possible de ne pas savoir qui l’on est ? Eh bien je suppose que c’est en partie la raison pour laquelle j’ai décidé de commencer ce blog, pour que je puisse m’exprimer librement et partager mes idées et mes sentiments tout au long de ce voyage à la découverte de moi-même avec vous.

Bien que je puisse ne pas être capable de vous dire qui je suis, au du moins pas pour le moment, je peux en tout cas vous dire d’où je viens et ce qui m’a poussé à vouloir changer ma façon de vivre.  Eh bien… en fait, en y repensant, il n’y pas grand chose à raconter. Les vingt dernières années de ma vie ont plutôt été ennuyantes. J’ai toujours été première de la classe, un peu à la manière d’ Hermione Granger, les professeurs m’appréciaient, les autres élèves… pas vraiment. Je l’admets, je pouvais avoir une attitude agaçante du genre « je-sais-tout », mais bien que je prétendais ne pas me soucier du fait que mes camarades ne veuillent pas jouer avec moi, qu’ils ne me choisissent jamais dans leur équipe pendant les cours d’éducation physique, qu’ils se moquent de moi, « l’intello », ou même qu’ils m’insultent, au fond, cela me blessait. En contrepartie, mes parents étaient très fiers de moi. Ils ne cessaient de raconter à leurs connaissances à quel point j’étais studieuse, que j’avais toujours des bonnes notes, que je ne sortais pas le soir. Je sais qu’ils avaient de grands projets en tête pour moi : une carrière en tant qu’avocate de renom, une doctoresse brillante ou encore secrétaire générale de l’ONU. Eh bien, papa et maman, je m’excuse mais ce n’est pas ce que moi je souhaite.

J’ai commencé à en avoir marre de ma vie fastidieuse et monotone quand j’avais seize ans. J’ai passé une très mauvaise période à ce moment-là, une période dont je vous parlerais sûrement un jour dans un autre post, mais j’ai pu m’en sortir. J’ai commencé à faire quelque chose que mes parents ne m’avaient jamais poussé à faire : du sport. J’imagine que pour eux le fait que je puisse faire autre chose qu’étudier serait mauvais pour mes résultats scolaires. Bon sang ! Comment ont-ils pu commettre une erreur aussi grossière dans mon éducation ?

Je me suis donc inscrite dans une salle de fitness et bien que j’avoue ne pas avoir apprécié l’ambiance qui y régnait ni le type d’entraînement qui y était pratiqué, où tout semblait tourner autour d’un idéal de physique parfait, être quelque part d’autre qu’à la maison ou à l’école et me dépenser physiquement me procurait un sentiment merveilleux. Je me sentais bien et légère après chaque séance. Mais bien que cela m’ait aidé à gérer mes angoisses, à combattre la dépression et à me vider la tête, je ne considérais pas le fitness comme un vrai sport. J’ai donc essayé de me mettre à la course à pied avec pour objectif de courir des marathons, mais je me suis très rapidement blessée et ai du y mettre un terme.

Je me suis enfin acheté un vélo de course peu avant mes dix-huit ans. Il m’est très rapidement apparu évident qu’il s’agissait du sport qui me convenait et que j’adorais ça. C’était toujours un réel plaisir de partir rouler sous le soleil, de respirer de l’air frais et d’admirer les merveilleux paysages qui s’offraient à moi. Malheureusement mon entrée à l’Université est très vite arrivée. En faculté de droit pour être précise. J’y suis restée une année. Je n’étais pas heureuse et je me suis dit que finalement mes parents avaient peut-être raison, que la médecine me conviendrait mieux. Peut-être que j’étais bel et bien destinée à être médecin et non avocat. Ils m’ont donc soutenue quand j’ai décidé de mettre fin à mes études de droit. Je pense même qu’ils en étaient contents, après tout, pour eux, rien ne dépasse le statut social d’un médecin. L’automne est arrivé et je me suis de nouveau retrouvé à l’Université mais cette fois-ci, en faculté de médecine. J’ai fait la première année. Cela ne me plaisait pas non plus. Chaque matin je me demandais si c’était normal, je veux dire, personne n’aime cette première année, et si cela s’améliorerait avec les années, ou si je m’étais à nouveau planté dans mon choix. Néanmoins je ne m’imaginais pas annoncer à mes parents que je souhaitais à nouveau arrêter mes études. J’ai donc persévéré et ai passé les examens du premier coup avec d’excellents résultats. Inutile de préciser que pendant cette période je n’ai pas passé beaucoup de temps sur le vélo. Oui, je roulais encore, si ce n’était pas dehors, c’était sur le hometrainer, mais je ne peux pas prétendre que je m’entraînais comme il se doit. Je faisais des sorties d’une quarantaine de kilomètres le weekend, si je m’en accordais le temps, mais la plupart du temps je tournais simplement les jambes pendant une heure sur le hometrainer. Etudier et obtenir de bons résultats était de nouveau devenu une priorité. Je passais des heures d’affilé à réviser jusqu’à ce que je sois capable de réciter les textes par coeur. Mais encore une fois, je n’étais de loin pas heureuse. Je ne me sentais pas réalisée. Je sentais que je ne vivais pas.

Puis le 23 juillet dernier j’ai participé à la sortie Rapha Women’s 100. Je n’avais jamais parcouru une aussi longue distance ni fait autant de dénivelé auparavant mais ce fut une merveilleuse expérience. Faire la rencontrer de toutes ces femmes qui étaient des mères, qui étaient professionnellement actives mais qui étaient également des cyclistes. Je me suis sentie inspirée. Et surtout, le fait de les entendre me dire que je n’avais pas du tout un mauvais niveau pour quelqu’un de relativement inexpérimenté, que le fait de recourir à un coach pourrait m’aider à aller loin, m’a vraiment fait réfléchir. Finalement, elles avaient sûrement raison : je pouvais réussir dans un autre domaine que les études. Que ces dernières n’étaient pas tout dans la vie et que surtout il était normal et sain d’apprécier d’autres choses et de profiter de la vie. Cet été-là j’ai roulé plus que ce que j’avais déjà pu rouler par le passé. Chaque jour je tombais un peu plus amoureuse du vélo. Puis… la reprise des cours est rapidement arrivée. Tous les matins je me réveillais la boule au ventre. Je savais que ma place n’était pas dans cet auditoire. Si c’était ça la vie, elle ne valait pas la peine d’être vécue. Je n’ai pas tenu le semestre entier. Je savais que j’avais besoin de plus dans ma vie. J’avais vingt ans et j’avais le sentiment d’avoir gâché toutes ces années de ma vie, sans jamais en profiter, pour plaire à mes parents, à professeurs et à mes futurs employeurs.

Quelques semaines après avoir tourné mon dos à la médecine, je me suis commandé un nouveau vélo. Un Cannondale SuperSix Evo. J’ai commencé à rouler avec d’autres personnes, à faire des sorties plus longues et à découvrir de nouveaux parcours. Ca m’a sauvé la vie. Je savais que pour moi, le vélo, c’était devenu plus qu’une simple passion. C’était devenu un mode de vie.

C’était il y a un peu moins de six mois. Mes parents ont finalement accepté ma décision d’arrêter mes études de médecine bien que je sache qu’ils ne comprennent pas mon besoin de liberté ni la manière dont je commence à envisager la vie. Bien sûr qu’il est important de faire des études afin de se trouver un emploi qui nous garantisse une certaine stabilité. Je ne suis pas cycliste professionnelle, je ne vais pas pouvoir vivre de vélo et d’eau fraîche ! Donc je reprendrais des études à la rentrée d’automne. Je ne suis pas encore sûre à cent pourcent de la formation que j’entreprendrais mais cela sera en rapport avec le sport. Si je dois me réveiller tous les matins pour me rendre sur mon lieu de travail alors il faudra que ce que je fasse me passionne. Le grand Confucius l’a lui-même dit « choisis un travail que tu aimes et tu n’auras pas à travailler un seul jour de ta vie ». Peu de choses aussi justes ont rarement été dites.

Pour le moment je me suis donc trouvé un travail administratif à temps partiel (les journées me semblent bien longues assise toute la journée devant un écran d’ordinateur) qui me permet d’acquérir une expérience professionnelle mais qui me permet également de gagner de l’argent pour que je puisse finalement me jeter corps et âme dans le monde du cyclisme. Car cette année, avec l’aide de mon coach Loïc Ruffaut (Haute Route Triple Crown winner, bon sang, je l’admire !) je participerais à mes premiers événements cyclosportifs. Je ne suis clairement pas la plus forte ni la plus rapide (pour l’instant) mais ce qui est sûr c’est que je me donnerais les moyens de monter sur un podium un jour. Pourquoi ? Simplement parce que je sais que chaque entraînement me procurera un plaisir immense, tout d’abord parce qu’il n’est pas possible d’être malheureux sur un vélo, mais aussi parce que je sais que même lorsque cela sera difficile, cela m’aidera à me surpasser et à être fière de moi.

Il me reste tellement de choses à apprendre. Non seulement sur le cyclisme mais aussi sur la vie. Néanmoins je sais d’ores et déjà une chose, c’est que mon voyage de découverte de soi, sera une longue sortie à vélo, avec des descentes et des montées sinueuses, mais à la fin, la vue en aura valu la peine.

Je vous remercie pour le temps passé à me lire et jusqu’à ma prochaine publication, comme dit mon coach, « Ride your dream. Ride for passion. ».

 – Kelly

Kelly Gilo - Breakawy

Kelly Grilo – Kelly’s Breakaway

Retrouvez chaque semaine les aventures de Kelly, une jeune cycliste romande qui s’est mise au vélo il y’a 3 ans et qui a décidé de passer à la vitesse supérieure cette saison en ne faisant pas les choses à moitié. Elle nous parlera de vélo bien entendu, mais également des choses de la vie. Suivez son échappée en exclusivité sur Cycliste.ch et sur son blog Kelly’s Breakaway. -> Voir tous ses articles